Cette thèse se propose d’étudier l’expression du mouvement dans la peinture grecque ancienne, ici la peinture de vases, source très riche concernant l’univers visuel des Grecs de l’antiquité, et plus particulièrement le lien qui unit les émotions aux mouvements corporels. Les théories anciennes à propos de la représentation figurée sont unanimes : l’objet de la peinture est l’être humain et le peintre, dès les mythes qui relatent la création de la peinture et plus généralement des arts plastiques (sculpture et modelage), se doit de représenter le vivant sous tous ses aspects, extérieur comme intérieur; autrement dit, le corps humain apparaît comme le moyen le plus efficace pour exprimer et transmettre les émotions qui l’animent, par les mouvements ou les attitudes que le corps adopte ou encore les expressions faciales. Ce constat s’applique à l’expression des états émotionnels intenses ou altérés comme par exemple : les modifications qu’entraînent la consommation de vin, une action divine comme la possession par un dieu ou encore l’imminence de la mort. Il faut, pour mieux comprendre ces phénomènes, se tourner vers la conception ancienne de l’âme (θυμός et/ou ψυχή), qui dès l’époque homérique est conçue comme le siège des sentiments mais aussi comme un souffle qui entre et sort du corps. C’est une notion primordiale pour saisir la nature des mouvements qui animent les personnages figurés en proie à l’ivresse, sous le joug d’une possession divine ou sur le point de mourir : dans chacun de ces cas, l’âme est sollicitée d’une manière ou d’une autre, soit que ses liens avec le corps se trouvent relâchés ou qu’elle quitte temporairement ou définitivement le corps. Il apparaît que l’expression de ces états particuliers, dans l’imagerie grecque ancienne, n’ignore pas de tels concepts que ce soit à propos du but fixé à l’art ou sur la relation que l’âme entretient avec le corps : les mouvements corporels expriment clairement un état qui sort de l’ordinaire par l’orientation des corps, les gestes, les actions et les expressions faciales et ne semblent pas se borner à la figuration d’une simple réaction physiologique. Il s’agira également d’établir un lien entre les images anciennes et les théories modernes développées à propos de la figuration des mouvements dans l’art : le but étant de montrer que les peintres de vases privilégiaient bien plus l’expressivité, dans le but d’illustrer un concept, une idée, plutôt que de rendre compte d’une parfaite réalité
Lire la thèse de Valérie Toillon sur theses.fr