Premier Prix Jacqueline de Romilly : quid novi ?

Prix Jacqueline de Romilly : quid novi?

 

La première édition du prix « Jacqueline de Romilly » s’est achevée le lundi 2 avril dernier à 11h30 par la remise des prix à 6 projets de collèges et lycées.
En décembre dernier, alors que les critiques fusaient de toutes parts contre cet événement et la récupération faite du nom de la grande Jacqueline de Romilly, nous avions pris le parti, dans notre mensuel n°128, d’attendre la proclamation des résultats et de juger sur pièces ce prix censé récompenser « la création d’outils pédagogiques faisant preuve d’inventivité pédagogique ou éducative pour favoriser le rayonnement des langues anciennes ».
Lire notre article sur le lancement du Prix Jacqueline de Romilly :
http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/lettres/languesanciennes/Pages/2011/128_1.aspx ;

 

Le temps est donc venu aujourd’hui de faire le point sur cette initiative ministérielle qui s’était donné pour objectif de « met(tre) en lumière le dynamisme des enseignants de langues et cultures de l’Antiquité ».
Le prix Jacqueline de Romilly a-t-il tenu les promesses qu’il avait faites et a-t-il honoré dignement la mémoire de celle dont il emprunte le nom et que tous s’accordaient à considérer comme la vigie grecque ?
Nous considérerons d’abord l’organisation du prix et son déroulement, puis nous dirons quelques mots des projets lauréats sur lesquels nous avons pu trouver quelques informations au prix de longues heures passées sur Internet.

 

I. Organisation
1° – quelques chiffres :

Commençons par quelques chiffres fournis par le site Eduscol. 108 projets ont été recensés pour cette première édition : 79 pour le collège et 29 pour le lycée. 20 projets ont été présélectionnés par le jury national, composé de professeurs, d’inspecteurs et d’une universitaire. Finalement 6 projets ont été désignés lauréats : 3 pour le collège, 3 pour le lycée.
108 projets donc, on peut trouver cela peu si on compare ce chiffre aux quelque 550.000 élèves qui étudient les langues anciennes dans le secondaire. En revanche le rapport entre le nombre de projets soumis au niveau lycée et au niveau collège est plutôt rassurant, puisqu’il est à peu près d’un pour deux alors que le ratio d’élèves antiquisants entre lycée et collège est plutôt d’un pour trois. En langues anciennes, on innoverait donc autant au lycée qu’au collège.
Deux remarques tout de même : d’une part, rien n’est dit des projets menés conjointement au collège et au lycée ; d’autre part, malgré des heures passées à la rechercher sur la toile, il est impossible de trouver nulle part la liste complète des 108 projets soumis. Dommage pour un prix qui « a valeur d’exemple et d’entraînement pour l’ensemble des enseignants et des élèves en langues anciennes et permet de valoriser des disciplines aux influences multiples. » et qui « entend stimuler l’innovation pédagogique afin de démontrer toute l’actualité du latin et du grec ».
Seule une liste sommaire des 6 lauréats au format pdf est disponible en bas d’une page du Ministère de l’EN accompagnée de quelques photos officielles de la cérémonie :
http://www.education.gouv.fr/cid59804/langues-et-cultures-de-l-antiquite-remise-des-prix-jacqueline-de-romilly.html ;

 

2°- Composition du jury et évaluation :
Alors que le cahier des charges du prix Jacqueline de Romilly publié sur Eduscol annonçait un « jury national présidé conjointement par le directeur général de l’enseignement scolaire ou son représentant et par un IGEN du groupe des lettres (et comprenant) également un autre IGEN du groupe des lettres ; deux IA-IPR de lettres ainsi que deux autres IA-IPR d’autres disciplines, deux CARDIE, un membre d’une association d’enseignants de langues anciennes du second degré et une personnalité reconnue dans l’enseignement des langues anciennes : professeur au collège de France / universitaire / … », la page du Ministère annonçant les résultats n’évoque plus qu’un « jury national, composé de professeurs, d’inspecteurs et d’une universitaire ».
Les lauréats ont donc été désignés par un jury anonyme dont on ne trouve même pas trace sur les photographies officielles de la cérémonie de remise des prix :
http://www.education.gouv.fr/cid59804/langues-et-cultures-de-l-antiquite-remise-des-prix-jacqueline-de-romilly.html

à peine reconnaît-on sur une photo, Jean-Michel Blanquer, directeur de la Dgesco, au premier rang tout à fait à droite.
http://www.lycee-kerichen.org/files/396/453_Prix_Romilly___Ministre.jpg

 

 

Concernant l’évaluation des projets, le cahier des charges du Prix Jacqueline de Romilly promettait une « analyse croisée par les membres du jury de chacun des dossiers de candidature (…) (prenant) en compte la cohérence du projet, sa pertinence au regard des besoins des élèves et des enjeux spécifiques, et le degré d’aboutissement de la démarche, (son) originalité (…) sa capacité à mobiliser fortement les élèves, (…) le cas échéant, le travail en équipe et le caractère fructueux de certains partenariat. (…) les possibilités offertes d’une éventuelle transposition de ce projet à d’autres établissements ou dans d’autres contextes. »
Là encore, ne nous sont fournis que l’ordre des lauréats pour le collège et pour le lycée du troisième au premier. Peut-être aurait-il été judicieux, comme cela se fait communément pour d’autres prix, de fournir la grille d’évaluation des projets mais aussi de créer des catégories pour la remise des distinctions : « partenariats », « liaison collège-lycée », « patrimoine », « projet TIC » ou autres.
Nul doute que ces points de détail seront améliorés dans les prochaines éditions du Prix JDR.

 

3°- Agenda et fuites :
Il nous faut également revenir sur le calendrier de l’événement et les quelques adaptations qu’il a connues. En effet, le cahier des charges prévoyait « entre le 14 mars et le 9 avril 2012 : réunion du jury et sélection du palmarès ; avril 2012 : remise des Prix ».
On pourrait presque féliciter le comité de désignation des lauréats pour la rapidité de son choix si la révélation du projet vainqueur au niveau lycée n’était due à une fuite sur le site Respire du Ministère repérée par l’administrateur d’un forum d’enseignants le 23 mars.
Le 23 mars tout était donc plié et peut-être même plus tôt encore puisque dès le 21, un des lycées lauréats félicitait ses élèves pour leur deuxième place (http://www.lycee-kerichen.org/Toute_l_actualite-460-1709-0-0.html). S’il s’en est tenu aux dates annoncées, le grand jury s’est donc réuni, a examiné les 20 projets finalistes et a tranché en cinq jours (en partant du principe qu’il n’a pas siégé le week-end).      Le colmatage de la fuite fut tout aussi rapide puisque le 26 mars, l’article de blog était déjà retiré par le site Respire.

Le message sur le forum annonçant la fuite :
http://www.neoprofs.org/t45549-le-lycee-jean-giraudoux-de-chateauroux-remporte-le-prix-jacqueline-de-romilly#1344576 ;
L’adresse de l’article de blog sur le site Respire :
http://www.respire-education.fr/pg/blog/read/21945/orleanstours-lyce-jean-giraudoux-chateauroux-remporte-le-prix-jacqueline-de-romilly ;
Le descriptif du projet au format .doc, seul document encore accessible sur le site Respire :
http://www.respire-education.fr/mod/file/download.php?file_guid=21942 

Les délibérations ayant été plus rapidement menées que prévu par le jury, il était normal que la cérémonie de remise des prix soit également avancée. C’est ainsi qu’initialement prévue après le 9 avril, elle a finalement été organisée le lundi 2 avril (dans la foulée des deuxièmes journées de l’Innovation du Ministère de l’EN, les 28-29 mars) mais annoncée au grand public seulement le jeudi 29 mars sur le site Eduscol, pour ainsi dire à la veille de la remise des prix le lundi suivant.
Les lauréats, ont donc été informés à l’avance puisque, le 21 mars, sur son site d’établissement, le lycée Kerichen félicitait ses élèves pour leur victoire et publiait à la même date les documents relatifs à son projet victorieux.
http://www.lycee-kerichen.org/Toute_l_actualite-460-1709-0-0.html ;
En revanche ce n’est pas le cas pour les 102 autres porteurs de projets qui n’ont été prévenus ni par le Ministère, ni par leur Cardie que leur candidature n’avait pas été retenue. Ce qui a valu à un certain nombre de professeurs quelques questions parfois virulentes des élèves : « Quand est-ce qu’on a les résultats pour le prix? », « C’est quand la remise des prix du concours auquel on a participé ? », « Qui c’est qui a remporté le Prix finalement ? », « Pourquoi on n’a pas gagné », « Pourquoi on sait rien ? », dernière question véridique (rapportée par une collègue) résumant à elle seule la situation. A l’heure du tout numérique, un simple courriel d’encouragement, avec l’en-tête du Ministère de l’EN, aurait pourtant suffi pour satisfaire ou du moins ne pas mécontenter une centaine de classes volontaires et impliquées.
Reste la question « des mentions académiques (…) attribuées aux candidatures les mieux placées après celles qui auront été reconnues au niveau national. » et « des cérémonies de remise des prix (qui) pourront être organisées au niveau académique. » Verront-elles vraiment le jour ? Nul ne peut le dire.

 

II. Le palmarès

Reste maintenant à aborder le palmarès de ce premier Prix Jacqueline de Romilly. La tâche est rendue ardue par l’absence, hormis le titre, de toute information sur le contenu et la démarche pédagogique de certains projets.

 

1°- Catégorie collège :
Le 3ème prix a été attribué au Collège Paul Langevin de Romilly sur Seine (académie de Reims) pour son projet : “L’Alphamaths, de l’étymologie aux polyèdres de Platon”
Difficile d’en dire beaucoup plus puisque l’établissement ne semble pas disposer d’un site Internet. Il faut donc se contenter des informations glanées dans la presse locale.
http://www.lest-eclair.fr/article/a-la-une/le-3e-prix-jacqueline-de-romilly-pour-paul-langevin ;
‘Le collège aubois a présenté un abécédaire des mathématiques, « Alphamath », livret confectionné l’an dernier par des 4èmes, sous la houlette de Clarisse Thomas, professeur de latin-grec et sa collègue de mathématiques, Isabelle Audra. Ils ont planché « sur l’étymologie des termes mathématiques et la naissance de la pensée scientifique dans la Grèce antique. Ils ont travaillé sur les savants grecs, l’étude des mosaïques et les architectes antiques. Ils ont réalisé des frises… ». Le groupe était composé de vingt-huit jeunes qui n’étaient pas tous latinistes-hellénistes. « Cela a permis à des élèves en difficulté de s’intéresser aux maths sous un autre angle et de les aider à mémoriser les termes. »’

 

Le 2ème prix a été décerné au Collège Les Petits Ponts de Clamart (académie de Versailles) pour son projet : “L’arbre à étymologie”. L’établissement dispose bien d’un site Internet, même deux d’ailleurs, mais qui ne sont plus actualisés depuis 2010.
http://lespetitsponts.free.fr/
http://www.clg-petitsponts-clamart.ac-versailles.fr/ ;
C’est finalement sur le site de l’académie de Versailles que l’on trouve la présentation du projet : un arbre étymologique de papier et de carton de 3 mètres décoré de mots français relatifs à la tragédie grecque et de leurs étymons grecs et réalisé par des élèves de troisième « au cours d’une séquence sur les diverses composantes de la tragédie ».
On pourra lire le dossier de candidature de 5 pages et le compte rendu de deux pages d’une rencontre avec le metteur en scène de deux pièces d’Euripide :
http://www.ac-versailles.fr/public/jcms/p1_151274/-larbre-a-etymologie ;

 

Le premier prix revient au Collège Pierre et Marie Curie de Chemillé (académie de Nantes) pour son projet : “Construire une culture humaniste en LCA dans un collège rural du Maine-et-Loire : Quand les mondes antiques jaillissent de l’univers numérique !”
Certes, le site de l’établissement comporte une rubrique « option latin » qui présente quelques travaux d’élèves menés pour la plupart entre 2007 et 2010, mais aucune trace du projet récompensé.
http://pierre-marie-curie.anjou.e-lyco.fr/college-p-m-curie/les-options/latin/ ;
http://pf-amon.clg-curie-49.ac-nantes.fr/latin/pages/inv/page.php ;
Le site académique de Nantes ne nous est pas non plus d’un grand secours puisqu’il se contente d’un bref message d’actualité nous informant que « le premier prix Jacqueline de Romilly – catégorie collège – a été décerné à Magali Le Senéchal, professeure agrégée de lettres classiques au collège Pierre et Marie Curie de Chemillé. »
http://www.ac-nantes.fr/1333373708976/0/fiche___actualite/&RH=ACTUALITE ;
La chose est d’autant plus gênante, quand il s’agit de la médaille d’or, que l’intitulé très large du projet est loin d’être explicite. Dommage, c’est le seul qui semblait comporter une dimension TIC étonnamment absente du Prix Jacqueline de Romilly.

 

2°- Catégorie lycée :
Le 3ème prix a été remis au Lycée privé de Nevers à Montpellier (académie de Montpellier) pour son projet : “Écologie, économie et spiritualité : Aux sources de l’Antiquité en terre d’Aveyron”.
On retrouvera le travail des élèves, mis en ligne entre le 25 janvier et le 8 février, sur un site wordpress ouvert pour l’occasion et fort opportunément intitulé http://projetlyceenevers.free.fr/romilly/  .
Un projet certainement récompensé pour son originalité puisqu’il fait le lien entre les Langues et Cultures de l’Antiquité et le patrimoine culturel Aveyronnais. Les élèves se sont livrés à des recherches documentaires variées sur Internet.

 

Le 2ème prix va au Lycée Kerichen de Brest (académie de Rennes) pour son projet “Initiation à la recherche en langue latine sur les textes latins de savants européens disponibles au Service historique de la Défense”.
Même si l’on est de prime abord un peu déçu de ne pas trouver sur le site de l’établissement de rubrique dédiée aux Langues et Cultures de l’Antiquité, plusieurs réalisations du projet sont cependant accessibles dans la rubrique « Actualité » du site, publiées en date du 21 mars !
http://www.lycee-kerichen.org/Toute_l_actualite-460-1709-0-0.html ;
Le rectorat de l’académie de Rennes y va bien sûr de son petit article élogieux que nous vous résumons ci-dessous.
http://www.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/site/academie2/cache/bypass/accueil/pid/17497;jsessionid=7278A32D2BA4904A9A2006E260A32DF8?entryId=68756 
‘Le projet du lycée brestois repose sur des traductions inédites réalisées par une vingtaine d’élèves latinistes ; un travail mené avec leur professeur de lettres Céline Le Gall dans le cadre d’un projet de culture antique. Les élèves sont partis à la découverte des trésors du service historique de la marine avec le soutien de Jean-Jacques Grall, conseiller relais aux Archives de la Marine à Brest. Ils ont du s’initier à l’étude paléographique latine avec Benoît Jeanjean, professeur de latin à l’Université de Bretagne OccidentaleIls et ont véritablement construit de la connaissance en traduisant des textes latins originaux en français.’
Le projet du lycée Kerichen est un projet riche destiné à contribuer à la liaison lycée – université. On regrettera toutefois de ne pouvoir en savoir plus sur la démarche pédagogique et la mise en oeuvre du projet, le lien vers la vidéo de présentation du projet ne fonctionnant malheureusement pas :
http://mediablog-brest.net/mdlkerichen/index.php?action=site%2Fdetail_media%2Fdetail_media_afficher&id_media=18&fromOut=1&cache=0.1511730 

 

Enfin, le premier prix consacre le Lycée Jean Giraudoux de Châteauroux (académie d’Orléans-Tours) pour son projet : “La dynamique de projet au service des LCA”
Inutile de chercher des informations sur la rubrique « Langues Anciennes » du site de l’établissement, on n’y trouve qu’une présentation rapide de l’option dans le lycée à la rentrée 2010.
http://lyc-jean-giraudoux-chateauroux.tice.ac-orleans-tours.fr/joomla/index.php?option=com_content&view=article&id=104&Itemid=108 
Pour pouvoir se faire une idée, il faut aller chercher la fiche de candidature du projet sur le site Respire. Encore faut-il connaître son existence et retrouver la fiche qui n’est recensée nulle part !
http://www.respire-education.fr/mod/file/download.php?file_guid=21942 
On peut également retrouver cette fiche dans une brochure recensant tous les projets innovants de l’académie d’Orléans-Tours réalisé par la décidément très performante Cardie, Annie Hugon, (quelques jours plus tôt, un des projets qu’elle soutenait, également présent dans la brochure, remportait le prix du partenariat des deuxièmes journées de l’innovation du Ministère).
Le projet vainqueur est d’ailleurs dans la brochure le premier des six projets présentés par l’académie d’Orélans-Tours pour le Prix Jacqueline de Romilly :
http://www.calameo.com/read/001217550ad97f8600ed4 ;
En revanche, impossible d’avoir accès à aucune des réalisations des élèves dans le cadre de ce projet. Difficile dans ces conditions pour les enseignants de langues anciennes d’utiliser ces ressources comme modèle comme le préconisait pourtant le cahier des charges.
Si nous avons bien lu et compris en quoi consiste le projet arrivé en tête de ce Prix national, il s’agit en fait d’un voyage d’étude annuel en Grèce qui fait l’objet d’une préparation interdisciplinaire et d’un guidage sur place par les élèves eux-mêmes qui ont préalablement effectué des recherches documentaires sur chaque site visité.
Le dossier de candidature fait également état de la création d’une association de parents d’élèves pour assurer le financement des sorties : belle mobilisation autour du projet de la section de langues anciennes de l’établissement qui est malheureusement encore une preuve de l’incapacité (du refus ?) de l’institution d’aider à la réalisation de voyages à l’étranger alors qu’elle prône dans le même temps une ouverture toujours plus grande sur le monde en Europe et à l’international. Les intendants des établissements du secondaire qui croulent sous une charge de travail toujours plus importante sont d’ailleurs de plus en plus tentés de proposer aux enseignants d’organiser leurs voyages d’études en créant une association qui se chargera de tout à leur place. Mais alors, posons-nous la question, les voyages d’étude que nous organisons pour nos élèves ne font-ils pas partie intégrante de notre progression ? Le travail auquel nous nous livrons en amont pour les préparer et en aval pour obtenir une production des élèves relève-t-il du cadre associatif ou pédagogique ?
Difficile d’avoir un aperçu plus précis du projet, les liens en annexe sont en effet inaccessibles car ils renvoient à un dossier local sur l’ordinateur du professeur.

 

3°- Le Prix Jacqueline de Romilly : un prix qui doit innover :
Pour mettre véritablement « en lumière le dynamisme des enseignants de langues et cultures de l’Antiquité » et « stimuler l’innovation pédagogique afin de démontrer toute l’actualité du latin et du grec » (phrases extraites du cahier des charges du Prix), ce Prix national a encore bien des progrès à faire que nous attribuerons à son jeune âge.
Il est à souhaiter que le Prix Jacqueline de Romilly devienne plus de rigoureux et transparent dans son organisation et le respect de son agenda.
Un premier élément, rencontré dans plusieurs dossiers de candidature nous a fait nous questionner, c’est l’importance accordée à la progression des effectifs attestée à grand renfort de graphiques en bâtons multicolores. Depuis quand le nombre d’élèves dans une discipline optionnelle est-il le gage de la qualité d’un enseignement ou d’un projet ? C’est une chose bien connue que l’implication ou la personnalité de l’enseignant ainsi que l’organisation de sorties et voyages réguliers dans une discipline suscitent l’attrait d’un plus grand nombre d’élèves en dehors de toutes autres considérations.
Ensuite, il serait nécessaire de ne pas tenir l’interdisciplinarité entre les Langues et Cultures de l’Antiquité et les autres matières pour innovante en soi, puisqu’elle est de toute façon inscrite dans toutes les Instructions Officielles du collège et du lycée, mais la considérer plus précisément en fonction de l’angle d’approche adopté dans la construction du projet. Ne va-t-il pas de soi qu’un professeur de langues anciennes qui organise un voyage à Pompéi, va mettre à contribution le professeur d’Histoire pour faire aborder aux élèves le Ier siècle après J.-C., le professeur de SVT pour travailler sur le volcanisme, le professeur de français, peut-être, pour faire lire Arria Marcella, la Gradiva ou Les derniers jours de Pompéi, ou encore le professeur d’arts plastiques pour étudier les fresques, l’architecture, la sculpture et la mosaïque romaines et ainsi préparer l’oral d’Histoire des arts ?
Il ne faudrait pas oublier non plus de prendre en compte l’apport des TIC, grandes absentes de cette première édition, dans l’enseignement et le rapport au savoir de nos matières. A l’aube du web 3.0, de l’explosion des réseaux sociaux, du web collaboratif et de la révolution du numérique mobile, il est peut-être temps d’abandonner les traditionnels exposés et recherches documentaires qui se soldent dans la plupart des cas par des copier-coller maladroits, sans aucune efficience qui viennent couvrir des panneaux d’exposés peinturlurés aux fluos qui ne seront lus par personne ou rempliront des pages Internet éparpillées de doublons qui finissent par pourrir le web.
Bien sûr, l’initiative la plus utile serait de mutualiser tous les projets recueillis afin que ceux qui peuvent être utiles soient accessibles au plus grand nombre. Sur les six projets lauréats, un seul dossier de candidature est disponible sur son site académique (« l’arbre à étymologie » de l’Académie de Versailles). Les intitulés des 20 projets retenus au niveau national ne sont pas même communiqués et les 88 autres projets qui n’ont pas été retenus sont également passés à la trappe. Quand on connaît la difficulté qu’il y a à faire fournir par des enseignants (d’autant plus de lettres) des ressources personnelles destinées à être diffusées largement (d’autant plus par l’Institution) et la frustration générée chez ces derniers par une implication qui apparaît vaine, on prend le risque de les détourner définitivement de ce genre d’efforts de mutualisation pourtant indispensables.

 

Enfin, Faut-il y voir un signe ? Contrairement au Colloque national « Langues Anciennes, Monde moderne » et à la plupart des déplacements ministériels, aucune équipe de tournage n’a couvert la cérémonie de remise des prix Jacqueline de Romilly pour alimenter la chaîne Daily Motion officielle du Ministre Luc Chatel. En outre, il est impossible de trouver le discours prononcé par le Ministre à cette occasion, discours qui sont habituellement retranscrits sur le site education.gouv.fr. Plus étonnant encore, aucun journaliste n’a été convié à la cérémonie de remise des prix.

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