Vos pratiques sont fantastiques ! Régulièrement, ATC donne la parole à des enseignants pour qu’ils nous fassent découvrir une activité menée en cours de langues anciennes.
Aujourd’hui, nous allons à la rencontre de Guillaume Diana, professeur de lettres classiques au Collège Auguste Renoir à Asnières-sur-Seine (Académie de Versailles), que vous connaissez peut-être sous le pseudonyme @le_prof_de_latin_grec. Il va nous expliquer comment il met en oeuvre un rituel autour de l’étymologie.
En Bref
Bonjour, pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’activité “Affiche ton étymologie !” ?
Cette activité d’étymologie est fondée sur la curiosité des élèves de Sixième pour l’histoire des mots. J’écris au tableau un mot aux allures compliquées mais qui peut être décomposé grâce à l’étymologie. La chose est déclinée sur Instagram en fiches étymologiques où un mot est décortiqué chaque jour, généralement les lundi, mercredi et vendredi.
Avec quelle classe l’avez-vous menée ?
Je réalise cette activité avec tous les élèves de Sixième que j’ai : soit en classe entière en français, soit les élèves de l’option “Français et culture antique”. La participation orale, l’écoute et la capacité de reproduire les lettres grecques au besoin sont primordiales !
Aux origines du projet
Quelle est la genèse de ce projet ?
Lors de mon année de stage, j’ai voulu mettre l’accent sur l’étymologie avec ma classe de Sixième en français : j’ai donc tenté la confection de petits “billets étymologiques” que l’on classe ensuite dans une enveloppe, grossièrement appelée “banque étymologique”. Ainsi, mes élèves deviennent riches… en savoir !
Quels objectifs vous étiez vous donnés ?
Du point de vue pédagogique, les élèves devaient ainsi savoir couper un mot en utilisant au quotidien les termes “radical”, “préfixe” et “suffixe”. J’ajoute aussi l’idée d’une “voyelle de liaison” qui m’est ensuite utile en français, et qui me semble intéressante pour expliquer l’apparition d’un “o” qui semble sortir de nulle part. Par exemple, je coupe l’adjectif morphologique en quatre “morceaux” : morph-o-log-ique. J’emploie parfois le terme de “morphème”, mais uniquement pour saupoudrer ces séances de termes linguistiques aux traits souvent grossis.
Ensuite, pour la culture personnelle et lexicale, l’approche de termes scientifiques ou du quotidien par ce biais-là rassure les élèves qui y voient un certain jeu. Je titille leur curiosité étymologique, et leur montre à quel point le latin et le grec sont utiles !
Faber fit fabricando
Qu’ont eu à faire les élèves avant l’activité ?
Le point de départ a été une reprise de l’ensemble du cours de septembre à novembre pour dénicher au moins un mot abordé en classe qui les intrigue. Ils ont consigné ce mot sur une fiche, en notant tous les éléments qui semblent utiles. Mes élèves travaillent par îlots de quatre : je leur ai demandé de trouver deux mots par groupe pour démarrer.
Qu’ont-eu à faire les élèves pendant l’activité ?
Les élèves ont fait des recherches dans des dictionnaires et sur internet (CNRTL et Wiktionnaire) afin de déterminer les étymons auxquels remonter, les noter sur leur feuille en s’assurant bien de l’orthographe et du sens. Ensuite, il fallait qu’ils créent une affiche présentant le mot et ses différents étymons. La réalisation de l’affiche était assez libre : simple carte mentale ou mise en scène des termes… Les groupes les plus avancés ont même pu réaliser plusieurs affiches.
Quel a été le rôle du professeur pendant l’activité ?
J’ai guidé les élèves sur les différents sites, et en utilisant même les merveilleux sites du Bailly en ligne (https://bailly.app/) et du Gaffiot en ligne (https://gaffiot.org/). Je voulais surtout m’assurer que tous les élèves du groupe participent aux recherches.
Les élèves ont-ils gardé une trace écrite ?
Les élèves complètent petit à petit leurs billets étymologiques en notant la langue d’origine, le type de morphème (radical, suffixe, préfixe, voyelle de liaison), le morphème écrit en majuscules et avec les tirets nécessaires avant et/ou après, puis le mot ou le morphème d’origine, écrit en latin ou en grec, et suivi de sa définition.
Quelle implication des élèves ?
Bien sûr, le travail de groupe a tendance à lisser la motivation sur chaque table : si un groupe est très impliqué, on trouvera facilement un groupe qui traîne la patte. Cela dit, tous ont produit au moins une affiche par groupe : nous afficherons les réalisations dans les couloirs du collège en janvier.
On fait le bilan
Quel est le ressenti du professeur ? des élèves ?
Plusieurs élèves ont été enthousiastes dans la réalisation de ce projet : la liberté totale laissée sur le choix des termes, des recherches menées en classe, de la réalisation finale et, dans l’ensemble, du travail en groupe… tous ces éléments ont souvent un effet positif, notamment chez ces 6e très énergiques !
De mon côté, il a fallu jongler entre différents niveaux de motivation, de concentration, de maîtrise de l’outil informatique, de l’autonomie du groupe, etc. Finalement, je suis assez heureux de voir leurs productions bientôt affichées dans le collège !
[photos à venir]
Pensez-vous mener cette activité à nouveau ? Changeriez-vous quelque chose ?
Je pense en effet mener à nouveau cette activité sur le cours de Français et culture antique en 6e puisque la création d’affiches pousse les élèves à soigner le travail, et l’affichage crée une publicité passive pour les langues anciennes (ici tant en latin qu’en grec !).
Il faudra tout de même que je cadre davantage l’activité en donnant dès le début les étymons de chaque mot proposé aux élèves. Cela nous permettra de gagner un temps de classe assez conséquent, et évitera les soucis informatiques. Ainsi, surtout, chaque élève pourra produire sa propre affiche.
Si vous souhaitez poser des questions à Guillaume DIANA n’hésitez pas à le faire en commentaire de cet article, nous les lui ferons suivre, ou contactez-le sur directement sur Instagram https://linktr.ee/leprofdelatingrec.
Si vous souhaitez vous aussi raconter un de vos cours, n’hésitez pas à prendre contact avec nous.