On a testé pour vous : Mondes souterrains, exposition au Louvre-Lens

On a testé pour vous : « MONDES SOUTERRAINS », une exposition au Louvre-Lens jusqu’au 22 juillet 2024 !

 

Aujourd’hui Erwan Salmon, professeur missionné au Louvre-Lens, m’accompagne dans cette visite de l’exposition des “Mondes souterrains”, de laquelle je reviens avec une série de clichés. Et il en parle d’autant mieux qu’il est à l’origine, avec ses collègues Isabelle Brongniart et Cédric Mackowiak, du dossier pédagogique qui accompagne la visite et qui est disponible en téléchargement à la fin de cet d’article. En bonus, j’ai recueilli toutes les exclusivités et surprises que nous réserve le musée : des visites spécial été, une nouvelle Galerie du temps complètement revisitée, deux nouvelles expo dès septembre et dès janvier… Enfin, j’ai effectué une sélection des œuvres les plus emblématiques de la culture gréco-romaine présentes dans cette exposition.

Julie Wojciechowski

 

J. W. : Bonjour Erwan Salmon, nous vous suivons dans les coulisses de cette exposition. Chaque nouvelle exposition au Louvre-Lens est une véritable expérience : comment est scénarisée  « MONDES SOUTERRAINS » ?

E. S. : Conçue avec l’ambition de présenter un panorama aussi large que possible de la manière dont les espaces souterrains ont nourri la production artistique mondiale, les commissaires de l’exposition « Mondes souterrains » du Louvre-Lens ont pensé un parcours en deux temps à travers la galerie des expositions temporaires.

La première partie s’attache à présenter l’inframonde comme lieu associé à la mort, la seconde, à montrer la dimension positive des espaces souterrains, principalement liée aux notions de fertilité et de régénérescence.

 

J. W. : Même si l’exposition évoque la mine, le métro, nous nous arrêtons avec vous sur les références  gréco-latines. Quelles sont celles qui pourront intéresser les visiteurs dans la première partie ?

E. S. : Un remarquable paysage de Jacob van Swanenburgh met ainsi en scène la topographie infernale : passant par une gueule semblable à l’Orcus Romain, Énée embarque sur la barque de Charon accompagné de la Sibylle de Cumes.

Jacob VAN SWANENBURGH, Énée conduit par la Sibylle aux Enfers, 1600-1634,
huile sur toile, Ixelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique – Musée Wiertz

Les personnages peuplant ces lieux ne sont pas en reste : Pluton et Proserpine, Charon ou les Parques sont représentées dans plusieurs œuvres, tant en peinture qu’en sculpture.

François GIRARDON, Pluton enlevant Proserpine, 1700-1800, bronze, Paris,
musée du Louvre – Département des Objets d’art

Concluant cette première partie, le très bel Orphée aux Enfers du peintre liégeois Gérard de Lairesse figure de manière magistrale l’ultime séparation entre Orphée et Eurydice, épisode très peu représenté par les arts visuels.

Gérard de LAIRESSE, Orphée aux Enfers, 1662, huile sur toile, Liège, Musée des Beaux-arts/La Boverie

 

J. W. : Nous associons souvent les mondes souterrains aux Enfers, pourtant les espaces souterrains désignent des objets bien plus vastes.

E. S. : En effet, la seconde est l’occasion de présenter des œuvres qui évoquent la dimension positive des espaces souterrains, comme je vous l’ai dit, principalement liée aux notions de fertilité et de régénérescence. Le pivot de l’une à l’autre s’effectue via deux œuvres traitant du mythe de la caverne de Platon, rejouant à l’échelle de l’espace scénographique le passage de l’ombre à la lumière. Assez rarement abordé dans l’art, le récit philosophique de Platon est ainsi le sujet de La Grotte de Platon du peintre flamand Michiel Coxcie.

Michiel COXCIE, La Grotte de Platon, 1500-1600, huile sur bois, Douai, musée de la Chartreuse

Les enjeux de la fertilité, notamment agraire, dans les sociétés antiques de la Méditerranée donnent lieu à de nombreuses représentations artistiques comme le moulage de la très belle Diane d’Éphèse de la Villa Albani ou une plaque Campana traitant de la légende de Triptolème. Un relief illustrant une tauroctonie et une statue d’un Cronos mithriaque sont l’occasion d’aborder la conception cyclique de la vie telle qu’elle se propage à l’époque impériale par le culte de Mithra.

Cronos mithriaque, 389 ap. J.-C., marbre, Paris, musée du Louvre – Département des Antiquités orientales

Les nymphées, grottes naturelles ou artificielles, servant de demeures aux divinités naturelles sont le sujet de plusieurs œuvres, notamment Les noces de Bacchus et Ariane de Jan Brueghel ou la très impressionnante interprétation contemporaine d’Eva Jospin.

Eva JOSPIN, Nymphées, 2022, carton et bois, Collection Eva Jospin

La fertilité souterraine est enfin évoquée à travers les gemmes extraites du sol. Illustrant l’héritage toujours vivant de la culture latine au XVIIIe siècle, une série de bustes d’empereurs romains dont les têtes sont réalisées dans différentes pierres semi-précieuses s’inspire ainsi de la Vie des douze Césars de Suétone.

Auguste, 1750-1800, plasma antique, Paris, musée du Louvre – Département des Objets d’art

J. W. : L’année scolaire touche à sa fin et l’exposition « Mondes souterrains » ne sera plus visible par les élèves à la prochaine rentrée scolaire, comment pouvez-vous les consoler ?

E. S. : J’invite les professeurs qui ne l’ont pas encore visitée, à venir, jusqu’au 22 juillet 2024, trouver des références artistiques riches et variées qui serviront de documents à exploiter en classe. Le dossier pédagogique contenant un propos général et des notices d’œuvres détaillées est par ailleurs accessible au-delà du temps de l’exposition en suivant ce lien :

https://www.louvrelens.fr/wp-content/uploads/2024/04/Dossier-pedagogique_MS.pdf

 

J. W. : Je profite de notre rencontre pour vous demander ce qui se prépare du côté de la Galerie du temps. Ce panneau au-dessus de l’entrée nous interpelle ! 

E. S. : La collection sera quasiment entièrement renouvelée. Les collections du Louvre restent les plus représentées. Des oeuvres du musée du Quai Branly – Jacques Chirac, du Musée national des arts asiatiques – Guimet, ainsi que des objets d’art vont s’inviter. L’aspect chronologique sera conservé.  Il sera toujours possible d’avoir un regard synoptique sur les différentes oeuvres, mais la physionomie de la galerie va changer, elle sera un peu plus cloisonnée.

Le temps des travaux durera de septembre à décembre. Mais la nouvelle exposition temporaire “Exils accueillera pendant ce temps les visiteurs. C’est un thème universel : l’errance est ancrée culturellement dès l’Antiquité, regardez Enée, Ulysse, et même les personnages des récits bibliques.  Pour tisser des liens entre les époques, beaucoup d’oeuvres contemporaines seront de la partie dans une scénographie qui aura trait à l’errance : le public sera amené à déambuler à partir d’un axe central. Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse venir la découvrir à partir du 25 septembre.

 

J. W. : Vous tiendrez les enseignants informés de ces changements ?

E. S. : Bien sûr, les visites de préparation spécialement dédiées aux enseignants les mercredi matin et après-midi vont se concentrer autour de thèmes universels comme les gestes du pouvoir, mais aussi de nouveaux thèmes comme les matériaux (les métiers d’art seront mis à l’honneur), ou l’écriture. Les supports seront très variés : sarcophages, autels, portraits de Fayoum, mosaïques, sculptures, masques de théâtres, fresques, et même un bronze celte.

 

Pour consulter la rubrique dédiée aux enseignants sur le site du Louvre-Lens, suive ce lien :

https://education.louvrelens.fr/

 

Pour aller plus loin :

A propos ju wo

Professeur de français et des options FCA et LCA dans l'académie de Lille. Passionnée de cultures antiques et de langues anciennes et attachée à leur rayonnement et à leur promotion dès l'école primaire. Co-responsable du concours ABECEDARIVM pour l’association ATC.

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