On a testé pour vous : le dernier Petit Latin Psyché et l’Amour

Dernier paru chez les Petits Latins, dans la collection Vie des classiques (collection pédagogique des Belles Lettres), Psyché et l’Amour a été écrit à plusieurs mains, affairées lors d’un atelier d’écriture en ligne, Scribamus

Enseignants dans le supérieur, Adrien Bresson et Florence Garambois-Vasquez ont coécrit l’ouvrage avec Dorian Flores, Armand Naudin et Clara Marquet, étudiants en master, et ils ont supervisé leurs propositions. 

 Pour feuilleter le début : https://www.calameo.com/read/0052959625dcd49821b09?page=17

 

Mais qui est Psyché ? 

Psyché fait partie de ces mythes fondateurs qui seront repris par les auteurs classiques et contemporains, de ces contes qui relatent un amour impossible faisant la part belle aux dieux, à la magie, à la rêverie, au mystère, aux épreuves… 

On peut citer Madame Leprince de Beaumont dans La Belle et la Bête qui reprend sans nul doute de nombreux passages, comme la description merveilleuse du palais, les allers-retours entre deux mondes, la présence supposée de la bête qui se révèlera charmante. 

On aime : l’histoire d’un amour a priori impossible, couronnée d’un happy end. 

 

C’est Apulée, dans L’Âne d’or ou Les Métamorphoses (L. IV à VI) qui nous livre, dans un récit enchâssé, une version détaillée du mythe de la belle Psyché, source qui sera très régulièrement reprise dans des citations latines indiquées en italique dans l’ouvrage. 

Pour en savoir plus sur les sources utilisées, notamment la tragédie-ballet de Molière, je vous invite à lire l’entretien que les auteurs nous ont accordés : https://www.arretetonchar.fr/entretien-avec-scribamus-ecrivons-dans-les-coulisses-dun-atelier-decriture-en-latin/

Cette version du mythe a été remaniée pour la parution chez la Vie des classiques, notamment en introduisant le personnage de la servante, qui va, tout au long de l’histoire, nous dévoiler les aventures de Psyché de songe en songe. 

Le récit en lui-même est tellement puissant que la prise en charge de celui-ci par une servante n’apporte pas tant de sel, à part quelques interventions qui commentent le sort de la jeune fille et qui tentent de mettre le lecteur en haleine. Il aurait été possible de pousser plus avant le personnage. 

 

Le mythe est riche en références qui vont être mises en valeur dans les nombreux enrichissements : nous croiserons Ganymède, Pandore, Pan, Jason et Argonautes. 

On aime : la présence d’éléments merveilleux qui contribuent à aider la jeune fille dans ses épreuves. On retrouve en effet les éléments classiques du conte avec des personnages bien marqués comme des adjuvants ou des opposants. 

 

Vénus montre un visage intraitable dans ce récit où sa beauté est à nouveau mise à l’épreuve. Elle l’avait déjà été dans l’épisode de la pomme de la discorde, dans lequel elle était en concurrence avec Athéna et Héra. Parjure ultime ici : c’est une mortelle qui la défie à ses dépens. Vénus apprend en effet l’existence de Psyché quand elle voit les hommes se détourner de ces autels pour vénérer une simple mortelle dont la beauté est censée la surpasser. 

La vengeance de la déesse est parasitée par son propre fils qui, au lieu d’accomplir sa mission et d’offrir Psyché au monstre qui lui est destiné, tombe amoureux de cette jeune fille, mais il doit absolument en garder le secret. C’est bien évidemment l’enjeu de ce récit : toute la première partie consiste par exemple à préserver son identité auprès de Psyché.

On aime : l’enchaînement des rebondissements grâce à l’intervention des personnages secondaires œuvrant dans le dos d’une Psyché qui subit de nombreuses mésaventures, et bénéficie de la pitié du lecteur. 

 

Le personnage de l’Amour est peut-être le plus surprenant pour le lecteur non initié, puisque les représentations du fils de Vénus ont souvent les traits d’un petit bonhomme joufflu qui décoche ses flèches d’amour ou de l’incarnation du désir lui-même _ rappelons que Cupidon vient du verbe latin cupio qui signifier “désirer”. C’est ce qui a dû guider le choix de le traduire par la personnification de l’amour.

 

Nous connaissons le parti-pris des Petits Latins de composer l’ouvrage en deux parties : une partie bilingue latin-français agrémentée d’enrichissements d’ordre civilisationnel ou mythologique, et une partie unilingue qui est appareillée de vocabulaire et d’étymologie ainsi que de points de grammaire. 

 

La langue, adaptée au niveau “avancé” de la collection, fait de nombreuses mises au point sur la phrase complexe comme les complétives en ut, la relative au subjonctif qui a une nuance circonstancielle, l’interrogative indirecte, l’expression du but…

 

L’entrée dans la lecture est facilitée, car même s’il s’agit peut-être d’un hasard au moment de l’écriture qui s’est complexifiée par un apport mutuel des co-auteurs, le prologue contient des phrases assez courtes. 

Le pari des auteurs est que le lecteur puisse acquérir une aisance avec le texte qui lui permettra peut-être d’aborder le texte source avec plus de facilité.  

On aime : un panorama de la syntaxe latine et de ses spécificités. On voit que l’ouvrage a été l’occasion d’un atelier d’écriture dans lequel des structures grammaticales variées ont été explorées. 

 

Julie Wojciechowski

A propos ju wo

Professeur de français et des options FCA et LCA dans l'académie de Lille. Passionnée de cultures antiques et de langues anciennes et attachée à leur rayonnement et à leur promotion dès l'école primaire. Co-responsable du concours ABECEDARIVM pour l’association ATC.
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