Arrête Ton Char ! a décidé de donner la parole à des personnalités du monde de la culture, des médias, de l’entreprise et de la politique qui souhaitent témoigner de l’importance des Langues et Cultures de l’Antiquité au XXIème siècle.
La culture classique, un avantage concurrentiel à l’embauche ?
Pourquoi, quand je recrute, j’exige ou je privilégie à l’embauche, selon les postes à pourvoir, les candidats ayant une culture classique.
Par Marcel Botton, employeur, Président de NOMEN
Les candidats se présentant à l’embauche dans mon entreprise doivent subir, parmi d’autres, une épreuve de culture générale. Il s’agit d’un quiz conçu par moi-même, et amélioré au fil du temps. Il ne comporte pas à proprement parler de questions spécifiques sur les langues classiques, mais certaines questions avantagent incontestablement les helléno-latinistes. Exemple : je demande la signification de « tachycardie », ou d’ « Eureka ». Du point de vue de mon entreprise, cet avantage aux helléno-latinistes est-il pertinent ?
La première justification est liée à l’activité même de mon entreprise, la création de noms de marque ou de sociétés. Il est clair que les créatifs chargés d’ « inventer » les nouveaux noms ne peuvent en aucun cas se dispenser de maitriser les racines de notre langue et d’une grande partie des langues « occidentales ». D’ailleurs de très nombreuses marques commerciales sont issues directement de mots latins ou grecs, comme l’ont illustré brillamment M. Delord et ses élèves.
Mais alors, pourquoi étendre cette exigence aux autres fonctions de l’entreprise ? En quoi un commercial, par exemple, serait-il plus performant avec une culture classique ? Parce que la culture classique, et c’est là la deuxième justification, est un gage d’une meilleure maitrise de notre propre langue et donc d’une communication plus efficace. Nos interlocuteurs sont souvent de haut niveau et ont généralement une maitrise élevée de la langue française. Nous nous devons d’assurer au minimum un niveau équivalent à nos consultants.
Aujourd’hui, qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, le niveau de maitrise de la langue constitue en France, un facteur déterminant d’accès à la réussite professionnelle. Dit autrement, des défaillances dans la maitrise de la langue parlée et/ou écrite créent un « plafond de verre » empêchant de monter dans l’échelle sociale. Il y a une ségrégation par la langue. Les classes sociales au pouvoir échangent entre elles continuellement des signaux faibles mais bien réels de connivence permettant, au travers de la langue, d’adouber ou non les impétrants. Exactement comme je viens de le faire dans la phrase précédente ! Et cela passe, entre autres, par une extension et un approfondissement du vocabulaire, pour lesquels l’étymologie sera d’une aide précieuse. L’étymologie, et donc les langues anciennes.
Marcel Botton, employeur, Président de NOMEN