Memini #12: Le lemmatiseur Eulexis : un précieux outil d’analyse de texte et d’apprentissage en grec ancien
De quoi s’agit-il ?
Eulexis est un logiciel libre et ouvert de lemmatisation en grec ancien, développé par Philippe Verkerk et disponible depuis 2014 en deux versions avec des fonctionnalités en partie différentes : une version Eulexis-Web en ligne et une version résidente Eulexis V1.1. à installer sur ordinateur (PC Windows ou Mac) – Eulexis n’est pas forcément compatible avec un smartphone.
Eulexis a été conçu avec l’aide d’une équipe projet dans le cadre de Biblissima +, programme de recherche-développement d’équipements structurants « Observatoire des cultures écrites, de l’argile à l’imprimé ». Biblissima est porté par le Campus Condorcet et soutenu financièrement par l’Agence nationale de la recherche (ANR) dans le cadre des Investissements d’Avenir. Ce lemmatiseur en grec ancien s’inspire du lemmatiseur latin Collatinus, disponible lui aussi en version web et en version résidente et qu’Arrête ton char a présenté dans deux articles en 2014 et en 2017.
Quelle utilité et pour quels publics ?
Eulexis peut être utile aussi bien aux apprenants qu’aux professeurs de grec ancien :
- les apprenants peuvent aisément identifier un mot et la ou les forme(s) qu’il prend, en rechercher le sens dans plusieurs dictionnaires de référence et obtenir l’ensemble des formes fléchies d’un mot. Eulexis facilite l’analyse des termes et l’interprétation de leur sens. Eulexis peut aussi faciliter le thème grec ou l’écriture directe en grec ancien, en permettant de vérifier les mots employés ;
- les professeurs qui recourent à Eulexis peuvent gagner du temps pour l’appareillage d’un texte donné pour étude à leurs élèves, en exploitant les indications d’Eulexis pour établir les notes de vocabulaire et de grammaire.
Les résultats fournis par Eulexis peuvent être aisément copiés-collés vers un autre support numérique, ce qui permet des gains d’efficience.
I – Les fonctions d’Eulexis-Web
Examinons maintenant les caractéristiques générales d’Eulexis-Web, avant de présenter les spécificités de la version résidente d’Eulexis et enfin les principales différences entre les versions web et résidentes.
Les exemples ci-après sont testés sur la version Eulexis-Web, dont les trois zones de saisie de l’écran d’accueil se présentent ainsi :
Eulexis : un lemmatiseur
La fonction première d’Eulexis consiste à lemmatiser un texte de grec ancien. Commençons par définir ce qu’est un lemme, en linguistique : selon le dictionnaire Larousse, le lemme est « la forme canonique d’un mot variable » dans une langue. La forme canonique d’un mot est « la forme d’un mot la plus simple utilisée comme entrée dans les dictionnaires », selon la définition fournie par le site Wiktionary. C’est ce sens du mot lemme qui nous intéresse ici, sachant que le lemme peut désigner par ailleurs une « proposition dont la démonstration prépare souvent celle d’un théorème » ou d’un syllogisme.
Lemmatiser, c’est donner à un mot (variable) la ou les forme(s) neutre(s) canonique(s) qu’il a, par exemple, dans un dictionnaire. Cette opération est déterminante pour comprendre un texte écrit dans une langue flexionnelle comme le latin ou le grec ancien, où un même mot peut prendre des formes très différentes et une forme fléchie peut correspondre à plusieurs lemmes.
Un exemple simple de lemmatisation : le mot ἴσθι
L’utilisateur va taper ou copier un terme grec dans la zone de saisie « Lemmatiser un texte grec », puis cliquer sur « Lemmatiser ».
Exemple 1 : recherche du ou des lemmes de ἴσθι
Après un clic sur « Lemmatiser », Eulexis-Web affiche le résultat de la lemmatisation de ce mot sur la même page web, sous la zone de saisie « Lemmatiser un texte grec » et du bouton « Lemmatiser ».
Nous trouvons deux lemmes possibles pour ἴσθι :
- le verbe εἰμί (je suis), dont ἴσθι est la deuxième personne du singulier de l’impératif présent, avec le sens de « sois » ;
- le verbe οἶδα (je sais), dont ἴσθι est la deuxième personne du singulier de l’impératif présent actif, avec le sens de « sache ».
Comment fonctionne Eulexis ?
Eulexis cherche les formes du texte grec dans une liste de formes répertoriées et en fournit les lemmatisations possibles, les analyses correspondantes et une traduction succincte, en anglais. Cet outil est particulièrement précieux notamment pour inventorier les lemmes possibles et pour aider à différencier les homonymes, en complément des analyses grammaticale et sémantique.
Chaque lemme identifié par Eulexis s’affiche avec un lien hypertexte menant à l’entrée correspondante dans le(s) dictionnaire(s) de référence.
La recherche d’un lemme dans quatre dictionnaires de référence
La deuxième fonction remarquable d’Eulexis consiste à chercher le sens d’un lemme dans quatre dictionnaires de référence :
- le Liddell Scott Jones (LSJ) britannique (datant de 1940) ;
- le Pape allemand (de 1880) ;
- l’Abrégé du Bailly (de 1919) ;
- le Bailly (de 1935), entièrement numérisé en 2020, sous la direction de Gérard Gréco, et intégré à Eulexis la même année.
Au choix de l’utilisateur, Eulexis affiche les résultats dans le(s) dictionnaire(s) retenu(s) ; il les fournit, par défaut, dans les quatre. La consultation du Bailly, par exemple, peut ainsi être menée sans devoir chercher le sens d’un lemme sur https://bailly.app/. En intégrant ainsi la consultation simultanée des 4 dictionnaires, Eulexis enrichit la compréhension d’un texte grec grâce aux nombreuses occurrences ainsi mises à disposition.
Ainsi, Eulexis indique non seulement le(s) lemme(s) possible(s), en affichant les entrées correspondantes dans le(s) dictionnaire(s) de référence, mais il précise aussi quelle(s) flexion(s) se rencontre(nt) dans le texte, ce que ne font pas les dictionnaires. Il mentionne aussi, le cas échéant, de quel(s) dialecte(s) provient la forme fléchie (attique, ionien, dorien, éolien, épique, homérique).
Comment saisir le texte grec
L’utilisateur d’Eulexis n’est pas obligé de saisir le texte grec à lemmatiser en caractères grecs, a fortiori en saisissant les signes diacritiques (esprits, accents, iotas souscrits). Il peut en effet les taper sur le clavier latin, non accentués. Voici les touches du clavier latin à utiliser pour saisir des lettres grecques sans équivalent latin :
Lettre grecque | Touche du clavier latin | Lettre grecque | Touche du clavier latin | |
ζ | z | φ | f | |
η | h | ψ | y | |
θ | q | χ | x | |
ξ | c | ω | w |
Le résultat de la lemmatisation : l’exemple de « fobou » écrit en caractères latins
Exemple 2 : recherche du ou des lemmes de « fobou », saisi en caractères latins dans la zone de texte « Lemmatiser un texte grec »
Eulexis-Web affiche le résultat de lemmatisation ci-après :
Nous voyons trois lemmes possibles pour « fobou » et quatre formes fléchies au total :
- le nom commun φόϐος (fuite, crainte, effroi), dont φόϐου est le génitif singulier ;
- le nom propre homonyme Φόϐος (Phobos, dieu de l’effroi), dont φόϐου serait le génitif singulier s’il comportait une majuscule ;
- le verbe φοϐέ-ω (j’effraie, je mets en fuite, à l’actif ; je fuis, j’ai peur, je crains au moyen φοϐέ-ομαι), avec deux formes fléchies possibles : φοϐοῦ en est à la fois la 2ème personne du singulier de l’impératif présent moyen (« aie peur ») et la 2ème personne de l’indicatif présent (imperfectif) moyen (« tu as peur »).
La lemmatisation permet ainsi d’identifier que « fobou », saisi pour représenter φοϐου, n’est pas nécessairement le génitif singulier du nom commun (ou propre) φόϐος, mais peut être une forme du verbe φοϐέ-ομαι.
Voici deux occurrences possibles de « fobou » illustrant cette différence :
- ἀπὸ τοῦ φόϐου ἔκραξαν: « ils crièrent de frayeur » (φόϐου : génitif singulier de φόϐος) ; il s’agit des disciples de Jésus en le voyant marcher sur l’eau (Évangile selon Saint-Matthieu, 14 :26) ;
- μὴ φοϐοῦ, ἀλλὰ λάλει καὶ μὴ σιωπήσῃς: « n’aie pas peur, mais parle et ne te tais pas » (φοϐοῦ : deuxième personne du singulier de l’impératif présent moyen de φοϐέ-ομαι) ; il s’agit de l’exhortation de Jésus à Paul (Actes des Apôtres, 18 :9).
L’intérêt de saisir un terme grec dans son alphabet, avec ses signes diacritiques
Même si Eulexis peut être interrogé en saisissant des caractères latins, il est plus précis de copier-coller le texte grec d’origine, soit depuis une source numérisée, soit en saisissant les signes diacritiques sur le clavier (cf. les explications fournies par l’École normale supérieure), soit depuis un site d’écriture en ligne tel que Lexilogos. Ces signes, appelés diacritiques, sont ceux qui s’ajoutent, le cas échéant, aux lettres du mot et en modifient la prononciation et le sens. Il s’agit, en grec ancien, des esprits (doux ou rude), des accents (aigu, grave ou circonflexe), des iotas souscrits, des trémas et des coronis (esprits à l’intérieur d’un mot résultant d’une crase, c’est-à-dire d’une contraction de deux voyelles lors d’une fusion de mots).
Ajoutons deux précisions utiles relatives à la graphie du sigma et du bêta. S’agissant du sigma, Eulexis reconnaît aussi bien la graphie σ de début ou de milieu de mot que la graphie ς de fin de mot, par exemple dans σοφός, adjectif qui signifie sage.
En ce qui concerne la graphie du bêta : un usage français consiste à différencier la forme de cette lettre selon qu’elle est employée en début de mot (β) ou en milieu ou fin de mot (ϐ), comme dans βλάϐη, qui signifie le tort ou le dommage. La version résidente d’Eulexis prend en compte le ϐ comme le β. Or Eulexis-Web ne reconnaît pas la graphie ϐ lorsque l’on demande une lemmatisation ; ainsi, si l’on écrit un mot grec dans Lexilogos par exemple pour le copier dans Eulexis-Web, il convient de saisir tous les bêtas sous la forme β (donc βλάβη, dans l’exemple précité)..
Exemple 3 : recherche du ou des lemmes de ἡμέρᾳ
Pour illustrer la lemmatisation par Eulexis d’un mot grec écrit dans son alphabet et avec ses signes diacritiques, testons le mot ἡμέρᾳ (le jour, au datif singulier), qui comporte un iota souscrit par lequel il se différencie de son lemme ἡμέρα (au nominatif singulier). Le résultat suivant s’affiche après passation de la commande de lemmatisation.
Le terme exact saisi ἡμέρᾳ renvoie à deux lemmes : le nom féminin ἡμέρα (le jour, ici au datif singulier) et l’adjectif ἥμερος (ici au datif féminin singulier), qui signifie doux, apprivoisé ou civilisé. Ce premier bloc de résultat s’affiche sous ἡμέρᾳ écrit en caractères rouges gras.
Eulexis donne d’autres formes des lemmes, en caractères noirs (non grassifiés) pour les différencier de la réponse exacte ἡμέρᾳ : il s’agit de ἡμέρα (quatre formes fléchies possibles) et de ἥμερα (une forme fléchie possible).
Afficher seulement les formes exactes de la lemmatisation
Si l’on souhaite afficher les seules formes exactes, il convient de cocher la case « Formes exactes seulement » à côté du bouton « Lemmatiser », avant de cliquer sur celui-ci. Cette fonction de tri est intéressante à utiliser pour bien cibler les résultats affichés. Sinon, Eulexis donne toutes les formes, indépendamment des signes diacritiques du mot saisi.
Dans l’exemple 3 (ἡμέρᾳ), avec cette variante de « Formes exactes uniquement » :
Seul le résultat correspondant exactement à ἡμέρᾳ s’affiche :
Lemmatiser plusieurs mots, une phrase, un paragraphe…
Nous avons vu l’exemple de la lemmatisation d’un mot isolé, mais avec Eulexis le texte à lemmatiser peut se composer de plusieurs mots et même être très long. Nous avons ainsi testé avec succès la lemmatisation par Eulexis-Web des 86 chapitres du Livre I de l’Histoire générale de Polybe sur le site Philippe Remacle, soit près de 357 000 caractères. Illustrons maintenant la lemmatisation de plusieurs mots.
Exemple 4 : la phrase μὴ φοβοῦ, ἀλλὰ λάλει καὶ μὴ σιωπήσῃς
Nous demandons à Eulexis de la lemmatiser avec les formes exactes seulement :
Eulexis va afficher le résultat de la lemmatisation, mot par mot dans leur ordre d’apparition dans le texte. Voici ce qu’il fournit pour le dernier, σιωπήσῃς, ce qui permet d’identifier un subjonctif aoriste, accompagné de la négation μή et exprimant donc la défense :
L’aide à la lecture d’Eulexis
Dans la version web d’Eulexis, une rubrique d’aide à la lecture apparaît juste en dessous du bouton « Lemmatiser » une fois que l’on a demandé une lemmatisation. Nous allons l’illustrer à l’aide d’un mot de la phrase précédente : φοβοῦ.
L’aide à la lecture d’Eulexis-Web prend la forme d’une bulle d’information qui apparaît lorsqu’on déplace le curseur sur le mot grec affiché dans cette rubrique. La bulle d’aide reprend les indications de la rubrique « Lemmatisation avec la forme du texte ». Lorsqu’on lemmatise plusieurs mots et que les résultats de la lemmatisation s’affichent sur de nombreuses lignes, cette fonction d’aide peut constituer une visualisation d’autant plus ergonomique. A noter que dans la version Eulexis résidente, l’aide à la lecture apparaît en déplaçant le curseur sur un mot dans la « fenêtre de texte ».
Fléchir un lemme
La troisième fonction d’Eulexis est de fléchir un lemme (verbe, nom, adjectif, pronom) saisi dans le champ correspondant. Le logiciel donne les formes du lemme qui sont attestées dans les textes dépouillés par le projet Perseus (bibliothèque numérique comportant un vaste corpus de textes grecs).
Nous avons testé le verbe γράφω pour lequel Eulexis donne près de 500 formes, indiquant le temps, le mode, la voix et la personne, ainsi que, pour les participes, le genre, le cas et le nombre. Parmi ces nombreuses formes fléchies, on trouve ainsi γεγραμμένα (les écrits), le participe parfait moyen-passif de γράφω, au nominatif, au vocatif ou à l’accusatif neutre pluriel.
Après avoir présenté les fonctions d’Eulexis-Web, décrivons désormais celles de la version résidente d’Eulexis.
II – Les fonctions d’Eulexis résident
Présentation de la version résidente d’Eulexis
La version résidente d’Eulexis est à installer sur son propre ordinateur pour qu’elle fonctionne en mode local, sans besoin d’une connexion à internet. La fonction de flexion, présente dans la version web (plus ancienne) n’a pas été reprise, car le tableau de flexion obtenu n’est, a priori, pas complet. En effet, il repose sur l’ensemble des formes rencontrées dans le corpus de Perseus, corpus certes très vaste, mais pas exhaustif. Si le lemme demandé est quelque peu rare, le tableau de flexion sera presque vide. Les autres fonctions (consultation des dictionnaires, aide à la lecture et lemmatisation d’une forme ou d’un texte) ont été reprises et améliorées. Par rapport à Eulexis-Web, la présentation est résolument différente avec trois fenêtres indépendantes parmi lesquelles deux peuvent être masquées. L’ergonomie est également différente : si on se contente d’une seule tâche (la consultation des dictionnaires, par exemple), tout peut se faire au clavier avec un recours minimal au clic de la souris. Les fenêtres sont munies d’une barre d’outils qui regroupent des boutons pour effectuer les opérations les plus courantes. Certaines des opérations accessibles avec un bouton le sont aussi au travers des menus.
La fenêtre principale est la fenêtre de consultation des dictionnaires et reprend la fonction de la première partie du formulaire de la version web, ainsi que l’affichage du résultat correspondant. Les deux autres fenêtres, qui peuvent être masquées si on ne les utilise pas, sont la fenêtre de lemmatisation et la fenêtre de texte. Ces deux fenêtres se répartissent les rôles de la partie basse du formulaire de la version web (lemmatisation d’une forme ou d’un texte), avec l’aide à la lecture et l’affichage des résultats. Nous y reviendrons plus loin et expliquerons pourquoi les deux fenêtres ont été scindées.
Commençons par la fenêtre de consultation des dictionnaires. Comme beaucoup de fenêtres aujourd’hui (et depuis les années 1990), la fenêtre est déplaçable et redimensionnable à souhait. Elle présente, dans sa partie supérieure, une série de boutons avec, à gauche, deux flèches pour parcourir l’historique et une zone de saisie et, à droite, un bouton d’aide et le bouton pour quitter l’application (nous reviendrons plus loin sur les six boutons du centre).
La zone de saisie est l’équivalent de celle de « Rechercher un lemme » de la version web, sauf qu’elle est validée par la touche « Entrée » (on peut aussi la valider en cliquant sur le bouton représentant un dictionnaire) :
- Le bouton à droite de la zone de saisie transcrit les caractères latins de la saisie en caractères grecs (sans accent, ni diacritique) et permet de vérifier qu’on ne se trompe pas dans les équivalences (en particulier c et x respectivement pour ξ et χ). Si on clique sur ce bouton, on lemmatise la forme, ce qui est normalement inutile sauf si la forme saisie s’avère ne pas être le lemme mais une forme fléchie (non trouvée dans le dictionnaire). C’est en quelque sorte un raccourci vers la fenêtre de lemmatisation.
- La zone de saisie peut évidemment aussi recevoir une forme écrite en caractères grecs, soit directement au clavier, soit copiée ailleurs et collée ici. Toutefois, les signes diacritiques ne sont pas pris en compte pour la consultation des dictionnaires. La saisie en caractères latins permet aussi l’emploi de caractères de substitution (le point d’interrogation « ? » pour remplacer n’importe quel caractère et l’astérisque « * » pour n’importe quelle chaîne de caractères — à utiliser avec prudence et parcimonie) ou de quelques expressions rationnelles.
- Contrairement à la version web où le choix des dictionnaires à afficher est immédiatement visible, ici le choix se fait en cochant (ou décochant) les dictionnaires dans le menu « Dicos ». Ce(s) choix n’affecte(nt) pas une éventuelle consultation déjà effectuée, mais seulement celles faites ensuite. Dans le LSJ, les abréviations des auteurs et des œuvres sont explicitées dans une bulle d’aide si on clique sur l’abréviation (alors que dans la version web, l’explicitation apparaît quand le curseur s’arrête sur l’abréviation). Cette possibilité de clarifier les abréviations est à l’étude pour le Bailly, mais n’a pas encore été implémentée.
- Quand on a consulté les dictionnaires pour plusieurs entrées, on peut revenir en arrière avec la flèche de gauche (vers la gauche), puis revenir vers l’avant avec la deuxième flèche (qui pointe vers la droite), comme dans un navigateur. Si on est revenu dans le passé et que l’on consulte un nouveau mot, les recherches antérieures (faites après celle à laquelle on est remonté) sont oubliées : on a créé un nouveau présent qui est le futur du passé. Les flèches sont pâles et inactives s’il n’y a pas eu de consultation avant ou après celle affichée.
Pour faciliter la navigation dans l’affichage des dictionnaires, une ligne de liens propose de sauter directement à l’article tel qu’il est dans un des dictionnaires. Cette ligne de liens est présente, au moins, au début et à la fin de la page mais, si les articles sont longs, elle peut aussi être répétée entre deux articles. Parmi les liens, sont aussi proposés le mot précédent et le mot suivant dans chaque dictionnaire, qui peuvent être différents (tous les dictionnaires ne donnent pas les mêmes mots et, de plus, il peut y avoir des accrocs à l’ordre alphabétique). Les deux boutons du centre de la barre d’outils (à droite du bouton représentant un dictionnaire) reprennent les mots précédent et suivant les plus proches du mot consulté (avec un taux de réussite mitigé). À leur droite, le bouton représentant des yeux et celui avec des lunettes servent à afficher ou masquer les fenêtres de texte et de lemmatisation.
Les fenêtres de texte et de lemmatisation
Les deux fenêtres de texte et de lemmatisation reprennent la dernière partie du formulaire de la version web avec l’intitulé « Lemmatiser un texte grec ». Si on a un texte à étudier, on le chargera à partir d’un fichier (soit avec le raccourci-clavier habituel Ctrl-O, soit dans le menu « Fichier/Ouvrir », soit avec le bouton représentant un dossier que l’on ouvre) ou le collera dans la fenêtre de texte (on peut aussi le saisir dans cette fenêtre, mais ce n’est pas conçu pour ça : mieux vaut utiliser un traitement de texte pour cela). En revanche, si le texte que l’on étudie est dans un livre et que l’on ne souhaite lemmatiser que certains mots, on utilisera plutôt la fenêtre de lemmatisation. Ces deux fenêtres restent très proches et certaines opérations faites dans la fenêtre de texte affichent leur résultat dans la fenêtre de lemmatisation.
La fenêtre de texte reprend la fonction de la zone de saisie et celle de la zone « Aide à la lecture » de la version web. Sous une barre d’outils, la page blanche va recevoir le texte. Si on arrête le curseur sur un mot de ce texte, il apparaît une bulle d’aide avec la lemmatisation du mot. Si on clique sur un mot, sa lemmatisation est reproduite dans la fenêtre de lemmatisation. Cela peut permettre au professeur de construire une liste de vocabulaire choisi à partir d’un texte. Si on veut construire la liste de tout le vocabulaire plutôt que de donner la lemmatisation de quelques mots choisis (les mots difficiles), on peut utiliser les boutons de la barre d’outils :
- Si on clique sur le bouton avec des engrenages (pour traitement mécanique), on obtient la liste de tout le vocabulaire, comme avec le bouton « Lemmatiser » de la version web. Le vocabulaire apparaît avec la forme du texte, dans l’ordre du texte, avec autant de doublons qu’il y a de mots qui se répètent.
- Si on souhaite le vocabulaire sans doublon et en ordre alphabétique, on utilisera le bouton représentant la lettre alpha (pour alphabétique).
Le bouton avec le signe égal correspond à la case à cocher « Formes exactes seulement » et élimine des lemmatisations les formes dont les diacritiques ne correspondent pas à la forme du texte (sauf s’il n’y a aucun résultat exact). Comme dans la version web, les formes exactes sont en rouge dans les résultats de la lemmatisation alors que les formes qui diffèrent par un signe diacritique seront en noir (si elles sont affichées).
Dans la barre d’outils de la fenêtre de texte, on a d’abord les trois boutons correspondant aux habituels « Nouveau », « Ouvrir » et « Sauver », doublés des raccourcis-clavier habituels. Les trois boutons suivants (« égal », « alpha » et « engrenages ») viennent d’être décrits. On retrouve ensuite les « yeux » et les « lunettes » pour afficher ou masquer les fenêtres de texte et de lemmatisation, respectivement. Le balai sert à faire le ménage, donc à effacer le contenu de la fenêtre de lemmatisation. Le dernier bouton permet de quitter le programme.
Comme nous l’avons vu, si le texte à étudier est imprimé et que l’on va chercher à lemmatiser que certains mots difficiles, la fenêtre de texte est inutile. On va donc saisir le mot à lemmatiser dans la zone de saisie à gauche de la barre d’outils de la fenêtre de lemmatisation. La recherche est déclenchée avec la touche « Entrée ». Comme toujours, le mot peut être saisi en caractères latins ou grecs (il faut éviter les mélanges). Le bouton à droite de la zone de saisie transcrit en caractères grecs, comme dans la fenêtre de consultation, le mot saisi. Si ce mot est un lemme, ce bouton peut aussi servir à consulter les dictionnaires (tout comme le bouton représentant une page de dictionnaire), mais ce n’est qu’un raccourci. Le bouton avec un bêta intérieur ϐ permet de choisir si on souhaite adhérer à la tradition française (distinction entre deux bêtas, β et ϐ) ou se conformer à l’usage international (un seul bêta β). Les autres boutons sont déjà décrits plus haut.
Le résultat de la lemmatisation se présente comme dans la version web. Les lemmes associés à une forme peuvent être cliqués, ce qui ouvre automatiquement les dictionnaires à la bonne page. Si on dispose d’un écran assez grand, on peut s’arranger pour que les deux fenêtres de lemmatisation et de consultation ne se superposent pas. On peut alors lire l’article détaillé dans le(s) dictionnaire(s) sans quitter la fenêtre active. Contrairement à la version web, la version résidente propose les traductions courtes des lemmes en trois langues (anglais, français et allemand). Le choix se fait dans le menu « Dicos » en cochant la langue choisie (les autres se décochent automatiquement). Le choix de la langue n’a pas d’effet rétroactif, c’est à dire que les traductions déjà écrites dans la fenêtre de lemmatisation ne sont pas modifiées après coup par le choix de la langue : seules les nouvelles lemmatisations seront dans la langue nouvellement choisie. Les traductions en français ont été obtenues automatiquement à partir des traductions anglaises, puis beaucoup ont été corrigées. Ces traductions ont aussi été complétées par certaines traductions tirées automatiquement du Bailly. En bref, il y aurait encore du travail pour améliorer et vérifier ces traductions courtes.
III – Comparaison d’Eulexis résident et d’Eulexis-Web
Venons-en maintenant aux différences entre Eulexis-Web, en ligne et Eulexis, logiciel résident (à installer sur son propre ordinateur pour qu’il fonctionne en mode local, sans besoin d’une connexion à internet). Rappelons que la fonctionnalité de fléchir un lemme a été développée dans Eulexis-Web mais pas dans Eulexis résident. Pour le reste, l’ergonomie des fonctions et des affichages est assez différente mais pour des résultats globalement équivalents. Nous avons comparé ci-après les deux versions. Privilégier l’un ou l’autre mode de consultation dépend des préférences de chacun ; celle en ligne nous semble, à titre personnel, la plus ergonomique.
Les fonctionnalités transversales
Fonctionnalité transversale | Eulexis (version résidente V1.1) | Eulexis-Web (version en ligne) |
Accès au programme | Téléchargement depuis https://outils.biblissima.fr/fr/eulexis/ (147 Mo) et installation préalables de l’application sur l’ordinateur (860 Mo) | Disponibilité de la page https://outils.biblissima.fr/fr/eulexis-web/, sous réserve d’accès à internet |
Ergonomie d’utilisation | Navigation entre 3 fenêtres (de consultation, de texte, de lemmatisation) au sein du logiciel | Formulation de la commande et consultation des résultats sur la même page web |
Choix du/des dictionnaire(s) de référence | Aller dans Menu/Dicos et cocher/décocher sur les dictionnaires souhaités | Cases à cocher ou décocher sur les dictionnaires souhaités, dans la page web |
Choix de la langue pour la traduction brève | Aller dans le menu Dicos et choisir une des trois langues proposées : français, anglais, allemand | Non-disponible : traductions seulement en anglais |
Mode de saisie des termes grecs | Au choix, sur le clavier latin ou en copiant/collant des caractères grecs (ce qui est plus précis : esprit, accentuation…) | Au choix, sur le clavier latin ou en copiant/collant des caractères grecs (ce qui est plus précis : esprit, accentuation…) |
Sauvegarde du contenu des fenêtres | Aller dans Menu/Fichier/Sauver et générer un fichier .TXT
Ou copier-coller le contenu d’une fenêtre vers un traitement de texte (Ctrl-A puis Ctrl-C pour tout copier, sinon sélection avec le curseur) |
Copier-coller le résultat fourni par la page web vers un autre fichier |
Les fonctionnalités thématiques
Fonctionnalité thématique | Eulexis (version résidente V1.1) | Eulexis-Web (version en ligne) |
Chercher un lemme dans le(s) dictionnaire(s) de référence | Taper le lemme grec dans la zone de saisie blanche de fenêtre de consultation, puis appuyer sur « Entrée » et visualiser le résultat dans la même fenêtre (de consultation) | Taper le lemme grec dans la première zone de saisie, sélectionner éventuellement le(s) dictionnaire(s) de référence et cliquer sur le bouton « Rechercher » : les entrées du/des lemme(s) dans le(s) dictionnaire(s) de référence s’affichent en bas de la page web |
Fléchir un lemme | Fonctionnalité non implémentée | Taper le terme grec dans la 2ème zone de saisie puis cliquer sur le bouton « Fléchir » ; les formes fléchies s’affichent en bas de la page |
Lemmatiser un mot grec | Taper le terme grec dans la zone de saisie de la fenêtre de lemmatisation puis appuyer sur « Entrée » ; au préalable, activer éventuellement le bouton « = » pour afficher les seules formes exactes ; la/les solution(s) possible(s) s’affichent en dessous dans cette même fenêtre | Taper le terme grec dans la 3e zone de saisie puis cliquer sur le bouton « Lemmatiser » ; au préalable, cocher éventuellement la case « Formes exactes seulement » ; la/les solution(s) possible(s) s’affichent en bas de la page |
Lemmatiser un mot dans un texte grec | Insérer le texte grec dans la fenêtre de texte et cliquer sur le mot choisi ; le résultat apparaît dans la fenêtre de lemmatisation (ce qui peut nécessiter de changer de fenêtre pour l’examiner) | Non disponible dans la version web |
Lemmatiser un texte grec | Insérer le texte grec dans la fenêtre de texte et cliquer sur les engrenages (ou sur le bouton « alpha ») ; le résultat apparaît dans la fenêtre de lemmatisation (ce qui peut nécessiter de changer de fenêtre pour l’examiner) | Insérer le texte grec dans la 3ème zone de saisie puis cliquer sur le bouton « Lemmatiser » ; la/les solution(s) possible(s) s’affichent par lemme en bas de la page |
*
Pour un usage raisonné du lemmatiseur
Comme le lemmatiseur identifie la ou les formes fléchies d’un verbe, nom, pronom ou adjectif, voire d’un texte plus ou moins long, il peut être tentant de se reposer sur cet outil de prime abord. Or autant le recours à Eulexis est facilitant en complément d’un raisonnement personnel, pour fiabiliser une interprétation, autant l’usage systématique d’un lemmatiseur comporte le risque d’une facilité intellectuelle, celle d’éviter l’effort d’analyse des termes et de la syntaxe. L’apprenant helléniste a tout intérêt à connaître les déclinaisons et les conjugaisons et à faire l’effort de déchiffrer la phrase avant de s’appuyer sur Eulexis.
En conclusion
Sous la réserve qui précède, Eulexis s’avère être un précieux instrument pour l’étude du grec. Eulexis fiabilise la compréhension et la traduction d’un texte grec en identifiant le (ou les) lemme(s) associé(s) à une forme fléchie du texte. Pour affiner la compréhension du lemme indiqué, Eulexis peut être utilisé comme outil de consultation simultanée de dictionnaires de référence (jusqu’à quatre). De plus, il facilite grandement l’appareillage d’un texte grec. En complément, Eulexis-Web peut fléchir un lemme en fournissant toutes les formes qu’il peut prendre et qui sont attestées dans le corpus de Perseus. Un immense merci à ses concepteurs qui l’ont développé et qui en assurent la maintenance, l’aide en ligne et les évolutions !
Pour aller plus loin
Au sujet d’Eulexis :
- La page Eulexis-Web du portail Boîte à outils Biblissima
- Le logiciel résident Eulexis en téléchargement
- L’aide en ligne d’Eulexis
- La présentation du programme Biblissima+
- Le synopsis des outils développés par l’équipe Biblissima
Au sujet de Collatinus-Web (en ligne) et de Collatinus (résident) :
- Les articles publiés par Arrête ton char en 2014 et en 2017
- L’aide en ligne de Collatinus
Au sujet des deux lemmatiseurs : l’article d’Yves Ouvrard et de Philippe Verkerk « Collatinus & Eulexis : Latin & Greek Dictionaries in the Digital Ages (novembre 2019)
Article corédigé par Laurent Caillot (Arrête ton char) et Philippe Verkerk, concepteur d’Eulexis, avec le concours de Gérard Cordier, élève de latin et de grec ancien à l’Association Philotechnique (Paris 5ème)