Rayon :
Texte : Massie, Allan
Editeur : Editions de Fallois
Présentation:
Caligula
Allan Massie
« Une étude passionnante sur le pouvoir et la politique, sur les hommes et les réputations… le Caligula d’Allan Massie est un merveilleux personnage tridimensionnel. »
Christopher Hart, Literary Review
Caius Caesar Germanicus Caligula est certainement, avec Néron, le plus décrié des empereurs romains. Il est généralement peint comme un fou meurtrier et débauché, porté à tous les excès, les caprices et les cruautés, ayant fait nommer son cheval consul, pratiqué l’inceste avec ses soeurs et multiplié les exécutions injustifiées au sein des élites de Rome.
Pourtant, même les historiens les plus hostiles se trouvent contraints de reconnaître que tout ne fut pas négatif dans les quatre courtes années de son règne, et que l’on doit relever d’étranges contradictions chez ce souverain haï de l’aristocratie, mais adoré de la plèbe, comme il l’avait été, enfant, des soldats de son illustre père Germanicus.
Ce sont ces contradictions qu’Allan Massie, alliant une fois de plus, comme dans son Tibère et son Roi David, la perspicacité psychologique et la compréhension humaine du romancier à l’érudition de l’historien, a entrepris de retrouver et d’analyser, détruisant au passage quelques mythes bien établis et reconstituant, à petites touches cruellement précises, le climat oppressant de toute une époque.
C’est plus qu’une suggestion. C’est un ordre, et un ordre auquel je n’ose point désobéir. Pourtant, avec quelle joie je le ferais ! Avec quelle béatitude je continuerais à jouir de ma retraite, à l’écart du tumulte, ici, où l’on n’entend d’autre bruit que celui des cigales sous les oliviers, où mon regard n’est attiré que par la mer, lointaine et indifférente, où je ne connais pour le moment qu’un calme nimbé d’azur qui semble tomber des cieux ! C’est avec un tel bonheur que je me repose sur ces collines odorantes, oubliant devoir, gloire militaire et politique, ne prêtant l’oreille qu’à ce chant des sirènes que le vieil Empereur lui-même aspirait à entendre dans l’espoir qu’il viendrait apaiser les tourments de son esprit.
Et soudain cette injonction, sèchement formulée, me commandant d’écrire la biographie du défunt et peu regretté empereur Caius. Pourquoi le veut-elle ? À quelles fins ? En quelle intention perverse ?
On pourrait estimer, bien sûr, comme l’a suggéré mon jeune esclave Agathon, que cette requête est un honneur, et que c’est par piété familiale qu’elle est formulée. C’est sans doute vrai, jusqu’à un certain point. La piété familiale ne fait pas défaut à celle qui donne cet ordre. Je l’ai appris à mes dépens. Et peut-être conserve-t-elle quelque affection pour moi, dans la mesure où elle est capable d’en ressentir pour un autre que son fils, si charmant à ce que l’on m’assure. Mais pourquoi Caius ? Pourquoi chercher à le réhabiliter – car tel doit être son propos ? Ne vaudrait-il pas mieux commander une autre – encore une autre -biographie de ce héros que fut son père, le sublime Germanicus ?
Je m’en ouvre à Agathon, non qu’il comprenne ou même s’en soucie, car il a un total et allègre manque de curiosité à l’égard du passé. Et pourquoi n’en serait-il pas ainsi ? Il vit totalement dans le présent et ne se préoccupe que de mon confort, dans la mesure où cela assure le sien. Quant à moi, je tire plaisir de lui, mais je ne l’aime pas. Je n’ai aimé personne depuis que Caesonia m’a été arrachée, et je me demande, en fait, si je l’ai vraiment aimée, ou si elle m’a simplement – simplement ! – grisé et captivé. Peut-être n’ai-je jamais été capable d’amour, au sens le plus fort et le plus complet du mot, mais seulement de désir, de passion luxurieuse. Cela je l’ai, à coup sûr, souvent éprouvé. Combien nous nous sommes étreints et déchirés, Agrippine et moi, durant l’année qu’a duré notre liaison ! Maintenant, même cela s’est effacé. Je ne fais rien de plus que de jouer avec Agathon, ce jeune Grec frisé de dix-huit ans au visage grave, aux yeux lumineux frangés de longs cils très féminins, aux membres lisses. Quand je l’ai vu pour la première fois, des vers d’Horace que j’avais longtemps aimés me sont revenus à l’esprit : « Si on le plaçait dans un groupe de filles, les plus perspicaces des étrangers ne pourraient guère voir la différence. » Je l’ai donc acheté. C’était il y a trois ans. Il m’est maintenant attaché à sa manière, je pense, et je me sens à l’aise avec lui.
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