autobiographie d’un mythe – Moi, Vénus

On connaît les mythes, on sait qu’ils sont les premières mises en récit de ce que nous sommes et de nos interrogations fondamentales : d’où vient le monde ? qu’est-ce que le pouvoir ? qu’est-ce que le désir, l’amour… Mais les personnages que ces mythes mettent en scène restent souvent pour nous de simples silhouettes, ou des clichés : Zeus brandissant ses éclairs, Vénus sortant de sa coquille, Prométhée flanqué de son aigle…

J’ai voulu interroger Vénus parce que tout être féminin est nécessairement confronté à cette image. Pas de femme qui n’ait été fascinée, écrasée ou transcendée par ce mythe de la beauté absolue suscitant le Désir majuscule, c’est-à-dire son renouvellement infini.
À travers les histoires qui sont les siennes, celle qui s’appelle Vénus s’est révélée à moi. Elle s’est mise à me parler, en quelque sorte. De ses amants, de ses enfants, de ses voyages. Un être authentique est apparu, complexe, étonnamment moderne. Déterminé et indécis, vulnérable et volontaire. Non pas ce corps voluptueux que l’on a peint si souvent, et qui ne tient que par le regard d’autrui, mais bien une personne à part entière aux prises avec ce qui est le combat de chacune, de chacun, celui du désir, de l’amour et de la liberté. Alors oui, Vénus m’a séduite. Parce qu’elle nous ressemble avec ses déboires, ses espoirs, ses succès. Vénus nous invite, et nous aide à lutter pour le pouvoir d’exister