LES
ETRUSQUES : une introduction
par Jean-Claude Daumas, Historien – pour Latine Loquere
« La première grande
civilisation indigène d´Italie » (Jacques Heurgon), à
l´égal des Grecs et des Carthaginois contemporains : sa
culture raffinée impressionnait déjà le monde antique.
Une civilisation qui a plus tard
intrigué savants, public cultivé puis grand public par son
« étrangeté » – le « peuple de l´étrange »
(Dominique Briquel), à tel point qu´on a souvent parlé (à tort
…) de MIRACLE et de MYSTERES au sujet des Etrusques.
MIRACLE ?
Les Etrusques
semblaient sortir du néant au VIIIème siècle siècle avant J.-C.
En réalité, c´était une illusion liée à l´ignorance de la
civilisation villanovienne et de la continuité archéologique Bronze
“ Fer “ Etrusques. Liée aussi au fait que les Etrusques ne
pouvaient apparaître dans les textes et inscriptions avant l´arrivée
des Grecs en Campanie et la transmission de leur alphabet aux
Etrusques. Il était alors tentant, et dès l´Antiquité,
d´imaginer un peuple « tout fait » arrivant d´Orient
muni de surcroît d´une langue inconnue.
UN DOUBLE MYSTERE ?
C´est en réalité
un problème dont la résolution est à peine ébauchée et un second
qui était mal posé.
Une langue facilement lue mais
très peu comprise : un grand nombre d´inscriptions mais très
courtes et stéréotypées, ce qui a cependant permis d´établir un
vocabulaire limité à la famille, aux noms de divinités et des
chiffres de un à dix .
Une origine forcément exotique
ou prestigieuse à des époques où on faisait appel systématiquement
à des déplacements massifs de populations pour expliquer des
évolutions essentiellement matérielles.
LE VRAI PROBLEME
La difficulté réelle pour
appréhender la civilisation étrusque concerne les sources :
nos connaissances ont longtemps été liées à l´immense richesse
des nécropoles et aux écrits des Grecs et des Romains.
Les nécropoles nous parlent
avant tout de l´aristocratie étrusque et dans un contexte
funéraire.
Les textes antiques sont
souvent allusifs et hostiles. Si l´historien grec Diodore de Sicile
travaille sérieusement en s´appuyant l´enquête de Posidonius
d´Apamée (fin IIème siècle avant J.-C.), à l´opposé un autre
historien grec – Théopompe – fait dans la démesure (orgies
sexuelles, …) ; la plupart des auteurs véhiculent des
accusations de piraterie, de goût du luxe entraînant la
« mollesse » et parfois de débauche.
Heureusement, depuis quelques
décennies, des fouilles archéologiques ont permis d´aborder
la civilisation étrusque à partir de données « hors
nécropoles ». L´étruscologie en général a beaucoup
progressé à partir des années 1950-1960 sous l´impulsion
décisive en Italie de Massimo PALLOTTINO, bien relayé en France par
Jacques HEURGON ; ils ont formé une pléiade de chercheurs
comme en France Dominique BRIQUEL ou Jean-Paul THUILLIER
Principales sources consultées
Deux synthèses
BRIQUEL Dominique “ La
civilisation étrusque, Fayard, 1999, 353 p.
THUILLIER Jean-Paul “ Les
Etrusques “ Histoire d´un peuple, A. Colin, 2003, 240 p.
Deux dossiers
d´archéologie
N° 173 “ octobre 1992, 83 p.
N° 322 “ juillet-août 2007, 144 p.
Et aussi
Cahiers de Science et Vie, n°
85, février 2005, 112 p.
BRIQUEL Dominique “ chapitres I à
VII de Histoire romaine – tome 1 – Des origines à Auguste
(sld de François Hinard), 2000, 1 075 p.
ARCHEO “ tome IV, p. 80 à
174, 1987.
………….