Le dernier numéro des cahiers de Sciences & Vie est consacré aux barbares. Jean-François Mondot revient dans son édito sur la réputation qu’ils ont (injustement) acquise :
Les Barbares ont mauvaise réputation. On leur reproche la ruine de Rome et de son Empire, présenté comme le fondement de notre civilisation. L’expression d’« invasions barbares » témoigne de cette ténébreuse aura. Elle a été popularisée au XIXe siècle par les historiens français, dans un contexte nationaliste où les Barbares prenaient le visage de l’ennemi allemand. Mais aujourd’hui, voici que les chercheurs n’usent de ce vocable qu’avec réserve. Des envahisseurs ? Les historiens pointent pour leur part l’extrême variété des relations entre Rome et les Barbares durant cette longue période qui court du IIIe au Ve siècle. Des Barbares,vraiment ? Il faut se méfier des mots. Aujourd’hui, le vocable de « barbare » désigne les auteurs de meurtres et de massacres gratuits, et la barbarie le comble de la sauvagerie et de la cruauté (voir l’interview de Tzvetan Todorov p. 80). Il en allait tout autrement au temps de la Rome antique où il renvoyait avant tout à ceux qui parlaient une autre langue. Or, même sous cet angle-là, les Barbares recèlent bien des surprises. Attila, barbare entre les Barbares, connaissait le grec et le latin. Il n’était pas un buveur de sang, mais un chef de guerre avisé (voir l’article p. 38). Les autres peuples barbares (Francs, Alamans, Burgondes…) se révèlent pétris de romanité. Ils font de brillantes carrières dans l’armée romaine. Au IVe et au Ve siècle, certains deviennent généraux et même consuls.
Lire l’édito de Jean-François Mondot sur cahiers.science-et-vie.com