Le théâtre de Gadès / Cadix (Andalousie > Espagne)

LE THEATRE DE CADIX

texte : R. Delord

I. Historique

– La construction du théâtre a été initiée parallèlement à celle de la Neapolis (la nouvelle cité) destinée à remplacer la très petite ville qu’était Gadès à l’origine.

– L’édifice est abandonné à la fin du IIIème siècle et pillé à partir du siècle suivant, puis réutilisé et recouvert aux époques post-romaine, arabe et chrétienne-médiévale (entrepôts, écuries, blocs pour la construction de maisons…)

– Le théâtre romain de Gadès a été découvert en 1980, lors de fouilles archéologiques destinées à localiser le Castillo de la Villa. Jusqu’alors seulement certaines de ses galeries intérieures avaient pu être repérées sans que l’on sache à quel édifice elles appartenaient.

– Sur ses ruines, les Arabes édifièrent une forteresse, jusqu’à ce qu’au XIIIème siècle, le roi Alphonse X de Castille la prenne, la détruise et trace sur ses ruines une partie de la cité médiévale.

– De nos jours, les édifices modernes et le reste des vestiges de la cité médiévale qui chevauchent le théâtre empêchent la fouille du monument dans son ensemble.

– C’est l’un des rares bâtiments publics de l’Hispanie romaine que des personnalités comme Cicéron ou comme l’historien grec Strabon mentionne dans leurs œuvres.

 

II. Description

 

– C’est le plus ancien et le 2ème plus grand théâtre romain d’Hispanie. Le diamètre de sa cavea est de plus de 120 mètres, et sa capacité est estimée à 20.000 spectateurs, sur une population d’environ 50.000 habitants à l’époque.

– Le théâtre est orienté au Nord, c’est-à-dire vers la mer, des caveas supérieures on pouvait d’ailleurs distinguer toute la Baie de Gadès.

– Il s’inspire du théâtre grec, mais avec des adaptations romaines. Le dénivellement du terrain fut utilisé pour trouver appui sur la roche et ainsi soutenir une grande partie des gradins, qui étaient en béton.

– Les techniques de construction sont caractéristiques de l’époque républicaine : l’appareil isodome (pierres placées en rangs égaux) prédomine avec l’utilisation du béton (opus caementicium), du mortier de chaux, de pierres et de sable, ce qui garantit une grande plasticité, une résistance importante, une moindre complexité et également un moindre coût de fabrication par rapport à un mur en pierres de taille traditionnel.

 

– Les gradins sont construits en forme de fer à cheval, les sièges distribués radialement dans quelques secteurs et avec un profil parabolique ce qui permettait d’obtenir l’acoustique désirée.

– Tous les gradins supérieurs et du milieu étaient recouverts d’un enduit de chaux et de céramique écrasée, la zone la plus proche de l’orchestre était quant à elle recouverte de pierres.

– Une disposition similaire apparaît dans quelques théâtres helléniques tardifs, qui se localisent pour la plupart au sud de la péninsule Italique et en Sicile.

 

Le mur extérieur, en plus de fermer le bâtiment, était utilisé pour afficher des annonces pour les spectacles qui seraient offerts au théâtre, par l’intermédiaire de messages peints sur le mur.

 

Aujourd’hui, le théâtre romain montre un certain nombre de rangées de gradins de la moyenne cavea, des éléments de la partie inférieure de la cavea et de l’orchestre.

– On peut encore admirer les traces du velarium, un grand store soutenu par des poteaux en bois qui permettait de protéger le public du soleil, et qui en plus renforçait l’acoustique du théâtre.

 

III) Théâtre et classes sociales

– Les théâtres romains donnent un bon aperçu de l’organisation de la société romaine et en particulier de ses classes sociales bien différenciées et séparées par des couloirs dénommés euripos.

– Le porticus était la zone la plus éloignée de la scène, on y plaçait les membres de la plèbe les plus humbles (c’est-à-dire sans toge), les femmes et les enfants qui n’avaient pas eu d’éducateurs privés. Puis les esclaves encore debout, car les sièges étaient réservés pour les gens de condition libre.

– La summa cavea était le lieu où s’asseyaient les affranchis.

– La media cavea était le lieu où se trouvait les citoyens, les clients, les fonctionnaires…

– L’ima cavea était la zone des gradins la plus proche de la scène, la plus privilégiée, et donc réservée aux autorités et aux personnes les plus importantes de la ville : l’aristocratie. Une loi existait, et elle obligeait à réserver les 14 premières rangs aux chevaliers romains, c’est-à-dire la classe qui avait le pouvoir économique entre ses mains. Il est mentionné que Gadès avait 500 chevaliers, ce qui donne une idée de l’importance économique de la cité à l’époque.

– L’orchestra était la zone semi-circulaire entre les gradins et la scène. Dans un théâtre grec cette zone était très utilisé mais dans un théâtre romain, la zone était réservée aux sénateurs. Ces sièges séparés du reste du peuple étaient pour ceux qui occupaient une charge importante au sein de la cité.

A propos Robert Delord

Enseignant Lettres Classiques (Acad. Grenoble) Auteur - Conférencier - Formateur : Antiquité et culture populaire - Président de l'association "Arrête ton char !" - Organisateur du Prix Littérature Jeunesse Antiquité

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