Esclave de ses désirs et hérétique, ou modèle de moralité et ascète radical… qui était vraiment Épicure ? En retraçant l’histoire des représentations de l’épicurisme, Aurélien Robert, philosophe au CNRS, démontre l’importance du Moyen Âge dans la réhabilitation du philosophe grec, décrié et caricaturé depuis l’Antiquité.
Du philosophe grec Épicure (341-270 av. J.-C.), l’image qui nous est parvenue est celle d’un bon vivant qui poursuivait sans fin la quête de tous les plaisirs terrestres. Ce portrait correspond-il au « véritable » Épicure ?
Aurélien Robert1. Non. C’est une caricature dont j’essaie de retracer l’histoire. L’éthique que défendait Épicure tendait vers une forme d’ascétisme assez radical. Le plaisir, pour ce penseur antique, est certes un guide fiable pour s’orienter dans la vie, mais tous les plaisirs ne doivent pas être poursuivis aveuglément. Le sage doit apprendre à se contenter des plaisirs naturels et nécessaires à la satisfaction de besoins vitaux (boire, manger, dormir…).La morale épicurienne n’est donc en rien une injonction à la débauche et à la luxure. Elle définit le bonheur comme un état rendu possible par l’absence de troubles pour l’âme et de douleurs pour le corps. Par ailleurs, Épicure ne…
Lire l’article : Le Journal CNRS, 19.03.2021, par Philippe Testard-Vaillant