L´ART
ETRUSQUE : SES 5 PHASES
Jean-Claude Daumas, Historien – pour Latine Loquere
L´ évolution de l´art étrusque
sur 7 à 8 siècles concerne les trois arts majeurs classiques
(sculpture, peinture, architecture), mais aussi la céramique.
VUE D´ENSEMBLE
Les Etrusques ont montré une grande
aptitude à importer puis à s´inspirer de l´art grec et
oriental, mais en sélectionnant les éléments qui correspondaient
le mieux à leur génie propre. Ils se sont inspirés de la plastique
grecque tout en gardant leur vision naturaliste, indifférents aux
canons de la beauté idéale classique.
C´est un art plein de vie, de verve,
de spontanéité et de fantaisie : un art sensuel, attaché à
sa terre et à ses croyances : un clou s´épanouit en fleur,
une poignée de vase naît de la gueule d´un lion pour se
transformer en deux serpents, …
Un art anecdotique, narratif, qui
illustre une vie quotidienne parfaitement observée dans les fresques
et les bas-reliefs. Face à l´idéalisme grec, les portraits sont
fidèles, réalistes, expressionistes même : une science du
portrait que les Etrusques lègueront aux Romains.
Un art populaire,
à caractère artisanal et ornemental, parfois violent et passionné
mais d´une valeur esthétique incontestable, mélange de
raffinement et de puissance, d´élégantes stylisations et de
réalisme caricatural.
LA PERIODE GEOMETRIQUE :
IXème-VIIIème siècles
Plus que les
formes, ce sont les décors de vases qui font l´unité de la phase
villanovienne : traits rectilignes, brisés (et triangles) ou à
angles droits (méandres, svastikas) ; cercles seuls ou
concentriques. Un répertoire bien connu en Grèce mais qui se
retrouve aussi dans la protohistoire d´Europe occidentale, entre
autre à l´âge du Bronze final en France.
LA PERIODE
ORIENTALISANTE : 730 “ 600
Afflux d´objets de luxe grecs et
proche-orientaux (Egypte, Phénicie, Chypre) importés par
l´aristocratie étrusque. Tradition villanovienne et griffe
orientale se mêlent pour aboutir à des productions originales comme
les vases canopes de Chiusi.
Art qui passe du style purement
décoratif villanovien au style narratif : peinture figurative
dès la fin VIIème (tombes de Véies)
A partir de 630 : style
étrusco-corinthien = nouvelles formes, nouveaux décors pour
des vases fabriqués en Etrurie par des céramistes grecs immigrés
et leurs élèves étrusques.
LA PERIODE ARCHAàQUE :
600 “ 470
Apogée de l´importation de vases
grecs : à la fin du VIème siècle, l´influence attique
remplace celle de Corinthe. Importance aussi des artistes ioniens
réfugiés en Etrurie devant la menace perse.
Grande période de l´art étrusque :
développement extraordinaire de la peinture : d´abord sur
terres cuites et vases à figures noires, puis sur les fresques des
tombes (image de la grande peinture grecque disparue ?) ,
bronzes de Vulci (Louve du capitole), terres cuites de Véies
(Apollon), …
Liberté des formes = réticence face
au classicisme grec
LA PERIODE CLASSIQUE :
470 “ 350
Déclin dans un premier temps :
céramique, fresques (de modestes décorateurs succèdent aux grands
maîtres).
Renouveau
« classique » à partir de la fin du Vème siècle :
peintres et graveurs de miroirs et de cistes maîtrisent la
construction d´un espace à trois dimensions = cœur de
l´expérience grecque. Vases à figures rouges, sarcophages de
luxe, peinture funéraire à Vulci, Tarquinia et Orvieto, sculpture
architecturale. C´est l´époque des grands bronzes comme le Mars
de Todi ou la Chimère d´Arezzo.
LA PERIODE HELLENISTIQUE :
depuis 350
La caractéristique
principale de cette phase finale de l´art étrusque réside dans le
réalisme des portraits peints, sculptés (statue de Brutus en
bronze) ou modelés en terre cuite.
C´est aussi la grande époque des
urnes cinéraires et sarcophages en argile, pierre et – à Volterra
en albâtre. Ils juxtaposent représentation naturaliste du défunt
(spécificité étrusque) et scènes mythologiques des parois de la
cuve = influence hellénistique.