« Je suis surbooké ». L’expression, fort employée, et souvent teintée d’une satisfaction à peine dissimulée, est une des plus significatives de notre société. Naguère, on se reconnaissait plutôt débordé – terme qui suscite volontiers l’image d’un flot d’affaires venant vous submerger de l’extérieur. Le franglicisme à la mode implique un rapport au temps un peu différent : le mot vient, comme on le sait, de cette pratique commerciale qui consiste à réserver plus de places qu’on en a de réellement disponibles. Si l’on peut être « débordé » par un concours de circonstances indépendant de sa volonté, nul n’est surbooké, en revanche, sans que sa responsabilité individuelle ne soit impliquée : cette situation est donc le résultat d’engagements personnels consentis, à défaut d’être assumés… On notera par ailleurs que l’expression se retrouve souvent dans la bouche de personnes exemptes d’obligations professionnelles, en particulier ces retraités alertes qui forment désormais une classe importante de la société…
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