LA
VIA APPIA ANTICA
Jean-Claude Daumas pour Latine Loquere
Qualifiée familièrement de Regina
viarum – « reine des voies » – la Via Appia Antica
est la plus ancienne des grandes voies pavées partant de Rome.
Constuite à l´initiative du censeur
Appius Claudius Caecus à partir de 312 avant J.-C., elle relie Rome
à Capoue (195 km) en Campanie ; elle sera ensuite prolongée
jusqu´à Bénévent et enfin jusqu´à Brindisi à 500 km de Rome,
port d´embarquement pour la Grèce et l´Orient.
Sur les premiers kilomètres, à
partir de la porte Saint Sébastien dans la muraille aurélienne,
elle est jalonnée par des tombeaux de tous types, des villae et
autres constructions, sans oublier les principales catacombes de
Rome, en particulier celles de Saint Sébastien et de Saint Calixte.
Large de 4,15 m “ pour que 2
chariots puissent se croiser “ elle est pavée en dalles de basalte
[412,414] ; la convexité de son
profil transversal permet l´écoulement latéral des eaux de pluie.
Deux trottoirs en terre battue pour piétons (et cavaliers ?)
l´encadrent.
En 70 avant J.-C., Crassus fit
crucifier 6 000 esclaves tout au long de la Via Appia entre Capoue et
Rome, marquant ainsi la fin de la révolte de Spartacus. [Du même
type – deux millénaires plus tard – le massacre des Fosses
Ardéatines à proximité de la voie : le 24 mars 1944, les
Nazis fusillèrent 335 otages civils en représailles aux 33 soldats
de la Wehrmacht tués la veille à Rome.]
LA VILLA DE MAXENCE
C´était en
réalité un véritable palais (600 x 350 m) que l´empereur Maxence
(306-312) avait fait construire le long de la Via Appia, muni d´un
cirque pour les courses de chevaux. Il ne reste que les écuries et
les deux tours [404] qui, aux
extrémités, flanquaient les loges des magistrats chargés de donner
le départ des courses.
LE TOMBEAU DE ROMULUS
A proximité de ce palais, s´élevait
la tombe de Valérius Romulus, fils de Maxence, mort très jeune ( à
14 ou 17 ans) en 309. C´est un véritable mausolée dynastique au
centre d´une enceinte délimitée par un quadriportique.
LE TOMBEAU DE CAECILIA METELLA
Situé à 3 km de Rome, datant de
l´époque augustéenne (30-20 avant J.-C.), il est le mieux
conservé de tous les tombeaux qui furent bâtis le long de la Via
Appia. Il s´agit d´un mausolée cylindrique [404]
en grand appareil de blocs de travertin [409]
sur socle carré, décoré sous la corniche d´une frise en
marbre [411] avec bucranes (crânes
décharnés de bœufs) ; guirlandes de fleurs et de fruits
surmontés de coupes à libations ; trophées. Il était coiffé
d´une coupole proéminente recouverte à l´origine d´un cône
de terre haut de 7 m = inspiration étrusco-toscane et
hellénistique. Diamètre du cylindre et longueur des côtés de
la base carrée : environ 29,5 m, soit 100 pieds romains.
Hauteur totale : 20 m (partie cylindrique : 11 m).
Le sarcophage se
trouvait au centre du monument dans une chambre mortuaire de 6,50 m
de diamètre et couverte d´un toit conique.
La dédicace [405]
se lit : « CECILIAE Q(UINTI) CRETICI
F(ILIAE) METELLAE CRASSI » et se traduit par : « à
Cécilia Metella, fille de Quintus Creticus et femme de Crassus ».
Elle était donc apparentée à deux grandes familles romaines :
son père, consul en 69 avant J.-C., avait conquis la Crète (d´où
son surnom) et lutté victorieusement contre les pirates
méditerranéens entre 68 et 65 avant J.-C. ; son mari, Licinius
Crassus, était le fils du célèbre Crassus, membre avec César et
Pompée du premier triumvirat en 60 avant J.-C.
à proximité de la dédicace et
inclus dans la frise, un bas-relief montre un prisonnier « barbare »
entre deux boucliers gaulois [415],
rappel de la participation du mari de Cécilia Metella à la Guerre
des Gaules.
Début XIVème siècle, le mausolée
fut englobé dans une forteresse et doté de créneaux en tant que
donjon. Des éléments provenants des tombeaux voisins sont conservé
dans la forteresse médiévale ou encastrés dans son mur [408]
donnant sur la Via Appia.