LA
POTERIE ETRUSQUE
par Jean-Claude Daumas, Historien – pour Latine Loquere
Trois types de céramiques se
succèdent tout en se chevauchant partiellement.
L´ IMPASTO
C´est la
céramique des Villanoviens, en particulier celle des urnes
funéraires biconiques du IXème siècle. Ce sont des vases modelés
à la main, à pâte grossière (argile non épurée, abondance de
dégraissant). Leur couleur varie en effet du rouge au brun et même
au noir à cause d´une cuisson mal maîtrisée et à température
peu élevée. Leur décoration, incisée ou en relief, est faite de
lignes ou méandres, parfois de figures animales ou humaines
stylisées : c´est l´inluence du géométrisme grec.
A partir du
VIIIème siècle, développement d´un « impasto bucchéroïde »
poterie tournée à parois plus fines “ qui précède de peu le
Bucchero vrai.
LE BUCCHERO
NERO
Aspect du
« Mystère étrusque », cette « céramique
nationale » des Etrusques, excellent marqueur culturel et
chronologique, correspond à une « poterie tournée, noire ou
grise à cœur, finement lustrée, sans vernis ni peinture, de
fabrication étrusque ou produite dans des régions fortement
étruscisées, comme le Latium ou le pays falisque » – d´après
J. GRAN-AYMERICH (thèse).
Ce sont des vases à pâte très
fine(argile soigneusement épurée), aux parois minces, réalisés
grâce à une excellente maîtrise de la cuisson pour réduire les
oxydes de fer contenus dans l´argile par l´oxyde de carbone
dégagé dans le four.
Cette poterie, apparue vers 670 dans
les tombes princières de Cerveteri, puis très vite à Tarquinia et
Véies, durera jusque vers 300. Elle sera diffusée dans tout le
monde méditerranéen, annonçant le futur succès de la Campanienne
à figures rouges puis de la Sigillée.
VIIème siècle :
production très soignée (vases de prestige) du bucchero sottile
d´un noir brillant à aspect métallique. Il s´agit d´imiter
par la couleur et le poli la prestigieuse et très coûteuse
vaisselle de bronze. Les formes et les décors se complexifient peu à
peu pour atteindre parfois le baroque.
VIème siècle :
apparition d´un bucchero pesante, plus gris et aux parois
moins fines, pour la vaisselle commune, spécialité de Chiusi et
d´Orvieto,
IVème siècle :
l´aventure du bucchero se termine avec une poterie grisâtre
non décorée.
Au total, le bucchero nero aura
duré 3,5 siècles avec une vaste gamme de récipients destinés aux
pratiques funéraires tout comme à la vie quotidienne, entre autre
en tant que « services à vin » comprenant amphores,
oenochoé (cruches à deux anses) pour servir et canthares (coupes)
pour boire.
LA POTERIE ETRUSCO-GRECQUE
Elle est beaucoup plus difficile
identifier : il n´est pas simple de faire la part entre
céramique grecque importée “ qui atteint son maximum au VIème
siècle, céramique fabriquée par des artisans grecs implantés en
Etrurie et céramique imitée des modèles grecs mais réalisée par
les artisans étrusques.
Dès 625 débute l´imitation
des coûteux vases corinthiens importés (teinte claire et décor à
sujet unique) à Tarquinia où viennent d´arriver Démarate et des
artisans comme Eucheir, Eugrammos et Diopos (d´après Pline
l´Ancien).
Milieu VIème siècle :
importation et imitation des vases attiques à figures noires sur
fond rouge (peintre Micali).
 partir de 450 : idem
pour les vases attiques à figures rouges sur fond noir..
Au total, les
artisans étrusques n´ont pas copié servilement les modèles et
décors grecs mais les ont adapté à leur vision pour aboutir à une
synthèse originale.