Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche était l’invitée de Bruno Duvic à 8h20 le 12 mai :
Retranscription rapide (et pas mot pour mot donc) :
Q : La contestation est vive : vous n’avez pas de doute ?
NVB : Je suis modeste, on ne peut rester sur le “statut quo”.
Q : Ceux qui contestent sont des conservateurs ?
NVB : Certains sont légitimes (les syndicats qui refusent l’autonomie) ; et puis il y a d’autres sujets qui ont été instrumentalités, comme le latin & le grec.
Q : Qu’est ce qui est ouvert, modifiable ?
NVB : Il faut distinguer la réforme, déjà adoptée par le conseil supérieur de l’éducation. C’est un décret, comme prévu par la loi de refondation de 2013.
Q : Cette réforme ne bougera plus, donc ?
NVB : Le décret va sortir et derrière, il y aura un texte d’application avec des précisions. La circulaire d’application précisera comment se mettra en place l’interdisciplinaire. Pour les programmes, ce sont des projets, la discussion est ouverte. D’ailleurs les professeurs sont consultés.
(…) discussion sur les programmes
Q : Les classes bilingues, pourquoi supprimer un programme qui marche ?
NVB : Sachez que ceux qui ont commencé en primaire pourront continuer… C’est garanti, et ça concernera donc PLUS de monde puisque c’est garanti. On a réfléchi, c’est réfléchi tout ça !
Q : Un rapport dit que ceux qui sont répartis constituent une tête de classe au bénéfice de tous.
NVB : Pourquoi conserver des dispositifs dérogatoires pour 15 % ?
Q : ce n’est pas rien 15 % !
NVB : Il faut comprendre que pour 15 % d’élèves, il y a un nombre d’heures importants. C’est pour ça qu’il y a un collège à 2 vitesses. 650 h d’h. en plus pour les élèves dans les dispositifs. Pour démocratiser la réussite, on doit dès lors qu’on a les moyens, offrir à chaque élève le MIEUX
Q : Le MIEUX est le même pour tous ?
NVB : Pas le même ! Par le biais de l’Accompagnement Personnalisé, la réforme s’adapte à chaque élève. Chacun sera traité, dans des classes entières, de manière adaptée. Les classes de niveau séparent les enfants. A 16 ans, on peut sélectionner, mais à 11 ans… c’est trop jeune !
(revue de presse)
Q (Mathias) : Ma fille est en ZEP, elle a un bon niveau. Elle est rentrée en classe bilingue, elle a été sélectionnée. Elle est dans une 1/2 classe avec des élèves qui ne sont pas en bilingue. Demain, elle se retrouverait en dehors de ce système. Demain, moi j’ai la possibilité de déménager d’aller dans un collège de meilleur niveau. Demain, ma fille ne tirera plus cette classe vers le haut. Je ne comprends pas la réforme. Vous ne tenez pas compte de la mobilité scolaire de parents qui peuvent quitter les ZEP…
NVB : Si j’étais parent, je réagirais comme vous. Je comprends qu’on puisse rechercher le meilleur pour son enfant, y compris en contournant le système. C’est normal. Mais je suis ministre et oeuvre pour l’intérêt général. En regardant ce que cet “entre-soi “produit collectivement… C’est préjudiciable.
Je rappelle que les collèges privés appliqueront la réforme. Au niveau individuel, on peut avoir un comportement, mais au niveau collectif, la mixité scolaire garantit une réussite de tous. L’élite avec une base étroite ne donne pas le meilleur.
Q : vous aviez dit d’une précédent réforme, celle des rythmes scolaires, qu’elle était bénéfique à tous. Avez-vous un bilan ?
NVB : Certaines villes ont revu leur projet. Le bilan national arrivera en juin. Ce que je peux vous dire des remontées que nous avons : en CP, l’apprentissage de la lecture est + précoce sur l’année. 3 semaines d’avance grâce à la réforme. 2ème effet : les enseignants ont + de temps pour travailler en équipe.
Q : (Marie-Paule) : Votre réforme ne tient pas compte du privé. La vraie discrimination est là. On renonce à ce que certains enfants aient plus.
NVB : Je rappelle que dans le privé, il y a un contrôle dès lors qu’un établissement est sous contrat. Pas de différence essentielle. Pas de différence dae niveau, regardez les enquêtes. Nous avons d’excellents professeurs dans le public.
Q : sur l’interdisciplinaire. Le temps n’étant pas extensible, le temps est pris sur le disciplinaire. Par exemple, des heures de français (orthographe en moins).
NVB : il faut comprendre que les EPI sont des moments où plusieurs disciplines traitent d’un sujet avec une pratique différente. Les expériences ont montré que ça marche.Le français n’en souffrira pas. En faisant lire des textes du théâtre en EPI, on fait travailler le français, mais différemment.