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Latin et grec, allemand, histoire, interdisciplinarité… Les projets de refonte des programmes et de réforme du collège portés par la ministre Najat Vallaud-Belkacem n’en finissent pas de susciter des mécontentements. Jour après jour depuis un mois, les rangs des opposants ne cessent de se garnir, et la ministre est devenue la cible de critiques d’à peu près tout le monde : la droite, la plupart des syndicats qui appellent à la grève le 19 mai, des élus de gauche et de nombreux intellectuels.
Dans l’opposition, Bruno Le Maire et plus de 150 parlementaires de l’UMP et de l’UDI demandent à François Hollande, dans une lettre publique, le retrait de la réforme du collège, la qualifiant de “naufrage pour notre Nation”. L’ancien ministre François Bayrou dénonce “une démolition” “des piliers de la maison que nous avons construit ensemble”. L’académicien Jean d’Ormesson fustige, dans les colonnes du Figaro, les “rêveries meurtrières” de la ministre et la traite de “dédaigneuse ingénue”. Dans Marianne, le sociologue Jean-Pierre Le Goff juge que la réforme du collège signe “la mise à mort de l’école républicaine”. Et l’historien Pierre Nora ne cache pas dans le JDD son atterrement : “Faire de l’humanisme et des Lumières un thème facultatif est très significatif” de “la crise identitaire que traverse la France. C’est l’expression d’une France fatiguée d’être elle-même, d’un pays qui ne sait pas trop où il va et ne sait donc pas dire d’où il vient”.
Pour tenter de contenir la fronde, François Hollande, juste avant de partir aux Antilles, a apporté à sa ministre Najat Vallaud-Belkacem son soutien, s’élevant contre “le concert des immobiles” et annonçant un investissement d’un milliard d’euros pour concrétiser le grand plan numérique pour l’école. Un soutien d’autant plus nécessaire qu’à gauche la réforme est loin également de faire l’unanimité : Jean-Marc Ayrault et Jack Lang en tête, mais aussi Ségolène Royal ou encore Julien Dray. Le député de l’Essonne a ainsi estimé que la réforme du collège devait être évidemment “reprise” : “le latin et le grec ne sont pas périmés” ; il faut en finir avec la “novlangue technocratique” au profit de “concepts simples”, l’enseignement chronologique de l’histoire doit être “maintenu”.
Devant l’ampleur et la diversité des critiques, Najat Vallaud-Belkacem a décidé de contre-attaquer. Dans les colonnes du JDD, elle a dénoncé les “pseudo-intellectuels qui relayaient des contre-vérités avec une légèreté ahurissante, cautionnant de leur statut d’intellectuels des mensonges éhontés qui brouillent la compréhension” de cette réforme qui doit entrer en vigueur à la rentrée 2016. D’autre part, concernant la refonte des programmes, la ministre a rappelé qu’ils sont encore au stade de la consultation, celle-ci débuttant auprès des 800.000 enseignants à partir de ce lundi. Enfin “comme l’enseignement de l’histoire doit être rassembleur”, elle a indiqué qu’”il est prévu de revenir à la chronologie” et a annoncé qu’elle allait réunir prochainement “des historiens de renom pour que le travail en cours bénéficie de leur regard et de leur expertise”.
Invités :
– Loys Bonod, professeur de lettres
– Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro
– Florence Robine, DGESCO
– Laurent Cayrol, directeur du Centre d’études et d’Analyses (CETAN)