CREPIS et PODIUM
Jean-Claude Daumas pour Latine Loquere
Non ! Ce n´est pas un des multiples couples sulfureux de la mythologie mais beaucoup plus prosaïquement des soubassements d´édifices antiques, en particulier pour les temples grecs et romains.
I. ASSURER LA STABILITE DE CONSTRUCTIONS VASTES ET LOURDES
Lorsque le monument n´est pas assis sur une roche très cohérente, il faut créer une plateforme qui égalisera par sa masse les pressions subies. Elles sont :
– maximales sous la colonne qui n´occupe qu´une très faible surface au sol tout en canalisant un grand poids (le sien + une portion de l´entablement et du toit)
– importantes sous les murs du bâtiment intérieur et la statue de la divinité
– nulles partout ailleurs, soit sur 80% au moins de la surface totale
Ce sont donc des pressions ponctuelles et linéaires qu´il faut « noyer » dans la masse du soubassement. La solution grecque est un peu différente de celle des Romains, du moins pour la forme du piédestal qui reste aussi massif dans les 2 cas.
A ces raisons mécaniques, on peut ajouter que la surélévation d´un temple accroît sa majesté : une fonction ostentatoire qui n´est pas secondaire.
II. LA CREPIS GRECQUE
Du mot grec krepis “idos qui veut dire 1) chaussure 2) fondement [sens très voisins].
C´est un soubassement à degrés (marches d´escalier) qui repose sur le sol rocheux ou sur des fondations plus ou moins épaisses.
L´assise de réglage [euthynteria] = sommet des fondations, affleure au niveau du sol et supporte donc les degrés de la crépis véritable. Elle n´est pas très épaisse (3 ou 4 assises en général) mais elle déborde la colonnade (péristyle) entourant le temple, apportant ainsi une meilleure stabilité.
Ce soubassement, tout comme “ au-dessus des colonnes – l´architrave et la frise, est légèrement bombé pour éviter « l´effet de fléchissement » produit par les lignes strictement horizontales.
Illustrations
114 “ Crépis à 3 marches : temple de Ségeste.
145 “ Crépis à 4 marches : temple de la Concorde à Agrigente.
216 “ Crépis à 4 marches : temple d´Apollon à Syracuse.
III. LE PODIUM ROMAIN
Podium en latin = « mur très épais formant une plateforme ».
Imité des Etrusques, il s´agit d´un soubassement vertical d´une hauteur beaucoup plus grande que celle de la crépis grecque, puisque l´escalier d´accès à cette plateforme est de 10 marches à Vienne (temple d´Auguste et de Livie) et de 15 marches à Nîmes (Maison Carrée).
Illustrations
346 – Temple d´Antonin et Faustine : vue de frontale ; l´escalier d´accès en brique est plus récent.
345 “ Temple d´Antonin et de Faustine : vue latérale ; hauteur du podium de l´ordre de 4 m.
374 “ piédestal de la colonne trajane : environ 6 m de hauteur.
FICHE – Crepis et Podium – Jean-Claude Daumas pour Latine Loquere