Media : France Culture
Emission : Les nouveaux chemins de la connaissance
Présentation:
France Culture – Les nouveaux chemins de la connaissance : Les Ennéades de Plotin 1/4 : Au
commencement était l´Un – 10-09-2012 (58´)
Ce voyage intérieur de l´âme qui
sort de son corps pour atteindre le divin, c´est celui d´un
philosophe né en Egypte au début du troisième siècle, dont la
culture est essentiellement grecque et qui porte un nom latin,
Plotin. Plotin fait partie de ceux que l´on nomme les
néo-platoniciens, ceux qui, longtemps après la mort de Socrate, ont
donné un nouvel élan aux dialogues de Platon, en sachant, pour le
meilleur, prendre leur distance avec la pensée de leur maître. En
commentant Platon, Plotin insuffle du mouvement dans les formes, met
en branle les idées et estompe la séparation nette entre
l´intelligible et le sensible, entre l´âme et le corps, entre le
principe, et la matière.
D´un regard, Plotin dépasse le
dualisme et touche le point le plus difficile d´accès, le plus
éloigné de nous, le plus ardu à saisir par la pensée qui
pourtant le recherche tant. Ce point porte un nom : la simplicité.
Et comme elle est à l´origine de tout, Plotin la nomme, tout
simplement, l´Un. L´un est l´ineffable simplicité, ce dont on
ne peut rien dire, ce à quoi on ne peut rien attribuer sans le
dénaturer. Comment fonder une philosophie sur ce dont on ne peut
parler ? et comment l´Un, s´il est absolument simple, peut-il
engendre les âmes, le monde, la matière, le multiple, tout en
restant Un ?
Plotin et les mystères de l´Un,
c´est ce que nous allons explorer cette semaine.
Demain mardi Gwenaëlle Aubry viendra
nous conter le voyage des âmes, qui ne s´incarnent pas toujours
dans un moi, mercredi, Jean-Michel Charrue plongera dans l´eau de
Narcisse et s´interrogera sur la place de l´art dans une pensée
de l´Un, et jeudi, Laurent Lavaud nous révèlera les enjeux
passionnants du problème du mal au sein des Ennéades.
Mais aujourd´hui, c´est Luc
Brisson, à qui l´on doit la réédition de la totalité des
Ennéades de Plotin en Garnier-Flammarion, qui vient poser la
première touche sur le tableau de l´univers de Plotin.
Lectures :
-Porphyre, Sur la vie de Plotin
p.307-308 (GF 2010) traduit par Luc Brisson
– Plotin, Traité 9 p.80 (GF, 2003)
traduit par Francesco Fronterrota.
– Plotin, Traité 10 p.166 (GF, 2003)
traduit par Francesco Fronterrota
Invité : Luc Brisson, directeur de recherches au
CNRS, spécialiste de Platon et de Plotin
Lire Plotin, c´est comme regarder le
monde à l´aide d´un miroir, non pas pour s´y contempler, mais
pour observer ce qu´il reste du moi dans le reflet de l´univers.
Le reflet est une image, et en cela, il est un mode d´existence de
ce qui ne peut être vu directement, il est un indicateur de l´état
dans lequel se trouve ce que l´on ne peut regarder. Regarder le
monde et le moi à partir de leur reflet, c´est faire de l´image,
donc du sensible, un point d´accès nécessaire à ce qui le
dépasse, à ce qui n´est accessible à l´âme que lorsqu´elle
choisit de se tourner vers l´intellect. A l´inverse, si la
conscience est comme un miroir brisé, parce que l´harmonie du
corps est troublée, alors la raison et l´esprit échappent au
regard sans reflet. Sur le miroir, l´âme rebondit sur son propre
reflet en direction de l´esprit, mais si le miroir n´est pas là ,
ou s´il n´est pas dans l´état voulu pour réfléchir ces
images, alors, comment situer l´âme ? L´âme existe-t-elle
indépendamment du reflet dans lequel elle se mire ? En d´autres
termes, l´âme existe-t-elle en dehors du sensible, et donc du
corps ? Si oui, alors, pourquoi choisit-elle de s´incarner,
d´alourdir son élan dans la matière qui l´éloigne du principe
premier ? Et comment comprendre cette alliance indescriptible et sans
cesse mouvante entre l´âme et le corps qu´on appelle le moi ?
Après Luc Brisson venu hier nous
initier à la pensée de l´Un, nous accueillons aujourd´hui
Gwenaëlle Aubry pour le deuxième temps de cette semaine consacrée
à Plotin, et qui vient nous expliquer ce qu´il reste du moi quand
les âmes se meuvent entre matière et divinité.
Lectures :
– Plotin, Ennéades, traité 6 (IV,8)
Sur la descente de l´âme vers les corps, (traduction de Pierre
Hadot) p.28-29)
– Plotin, traité 22 (VI,4) Sur la
raison pour laquelle l´être, un et identique, est partout tout
entier (traduction de Pierre Hadot) p.33-34
– Plotin, Ennéades traité 53
traduction de Gwenaëlle Aubry (GF)
– Plotin, Ennéades traité 27,
traduction de Luc Brisson (GF)
Invité : Gwenaëlle Aubry, agrégée et docteur
en philosophie, enseignante à l´Université Paris-IV.
Mais qu´est-ce que la beauté ? Si
elle est harmonie, juste proportion entre des parties d´un visage
ou d´un tableau, si la beauté est un ensemble, alors rien de
simple ne sera beau. Or la beauté nous trouble d´autant plus
qu´elle ne se réduit pas à une proportion entre des éléments, à
une mise en rapport, mais qu´elle peut être expérience, rencontre
étourdissante lorsque le regard croise une certaine qualité de
lumière, le scintillement de l´or, une mélodie qui interpelle.
Mais si la beauté n´était qu´expérience, alors nous ne
pourrions rien en dire, l´expérience du beau se réduirait à la
description de l´état dans lequel nous sommes au contact du beau
et le sujet du discours, ce serait nous-mêmes, non la beauté.
Mais parler du beau sans s´en référer
aux expériences que nous en faisons implique l´existence d´un
beau en soi, d´une idée antérieure et indépendante du choc
sensible que nous nommons beauté. La beauté ne serait pas un
supplément d´être et de réalité, mais une idée qui affecte les
choses, qui fait, littéralement, les choses belles en les habitants.
Mais pourquoi alors certaines choses sont-elles belles et d´autres
laides ? Et pourquoi un même visage peut-il apparaître tantôt
sublime, tantôt insignifiant ? Comment la permanence d´une idée
peut-elle s´accommoder de l´instabilité du sensible ? et comme
l´homme peut-il lui-même, en tant qu´artiste, faire advenir de
la beauté dans les choses ?
Pour nous en parler aujourd´hui, nous
recevons Jean-Michel Charrue.
Références musicales :
– Fading maid, prélude d´Esbjorn
Svensson
– La plus belle fille du monde
d´Orlando
– L´âme des poètes d´Yves Montant
– Finish it de Mogwai (BO du film The
Fountain)
– Les formes des Voleurs de swing
Lectures :
– Plotin, Traités 7-21, Les Ennéades,
Traité 20 (I,3), p.476 (GF, 2003)
– Plotin, Traités 30-37, Les Ennéades,
Traité 31 (V,8) p.90 (GF, 2006)
– Plotin, Traité (I,6), p 72 (GF,
2003)
Invité :Jean-Michel Charrue, philosophe ,
traducteur, spécialiste de Plotin
Dernier temps aujourd´hui de notre
semaine consacrée à Plotin. Après la surabondance de l´UN
au-delà de l´être et la philosophie comme pratique de vie, lundi,
après la question du moi entre âme et corps, mardi, et le récit
des amoureux de la beauté, hier mercredi, c´est aujourd´hui en
nous attelant au problème de la mise en œuvre de la liberté dans
un univers qui se génère lui-même de manière nécessaire que nous
allons prolonger notre discussion autour des Ennéades de Plotin.
Car y a-t-il un sens à parler de
liberté dès lors que l´homme est le résultat d´un processus
nécessaire de génération du vivant ? De même, si le principe
premier à partir duquel tout se crée, l´Un, est synonyme de Bien,
on peut certes considérer ce qui émane de lui comme étant le fruit
d´une générosité initiale, mais alors comment rendre compte de
l´existence du mal dans la vie humaine ? En clair, comment l´homme,
s´il est crée nécessairement et à partir du Bien, peut-il être
libre, et faire le mal ?Pour nous en parler aujourd´hui, nous
recevons Laurent Lavaud.
Lectures :
– Plotin, Les Ennéades traité 51
(I,8), Que sont les maux et d´où viennent-ils ? (GF)- chapitre 5,
p.46 (traduction Laurent Lavaud)
-Plotin, Les Ennéades traité 39
(VI,8), Sur le volontaire et la volonté de l´Un, (GF)- chapitre 6,
p.212 (traduction Laurent Lavaud)
Plotin, Les Ennéades traité 6
Invité :Laurent Lavaud, maître de conférences
en philosophie à l´Université Paris I Panthéon Sorbonne
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