Pour Arrête ton char ! je suis allée à la rencontre de Thomas Frantz qui nous présente l’association les SOMATOPHYLAQUES. _ Julie Wojciechowski
Arrête Ton Char : Bonjour Thomas, d’abord dites-moi, pourquoi ce nom, les “SOMATOPHYLAQUES”?
Thomas Frantz : Le nom des “Somatophylaques”, les “gardes du corps” en grec, vient tout d’abord d’une réalité historique : dans les monarchies macédoniennes et épirotes, c’est ainsi qu’on appelait la garde rapprochée du roi. En réalité, le mot s’appliquait déjà à la période classique à tout type de garde du corps.
Ce nom a été retenu par nos membres fondateurs qui se voulaient alors en quelque sorte les “gardiens de l’Histoire grecque”. Le terme sôma (le corps), contenu dans le nom, était aussi important à leurs yeux car, dès la création de l’association, il était question d’axer nos recherches autour de l’expérimentation du geste martial, expérimentation dans laquelle le corps du reconstituteur est primordial.
Et aussi, il faut l’avouer, ils ont trouvé le mot classe. Bon, on a aussi entendu quelques déformations (les “stomatophylaques”, vous connaissez ? et j’en passe…), même de la part de connaisseurs, mais ça ne nous gêne pas. On en rit beaucoup, gentiment, et ça nous permet souvent de réexpliquer l’origine du nom.
A.T.C. : Vous reconstituez donc l’armée grecque ?
Thomas Frantz : Oui, mais pas seulement. L’association a, dès sa fondation en 2011, axé ses activités autour de l’étude et la recréation du geste martial hoplitique classique. C’est vraiment le pilier central de toutes nos activités, et notre spécialité. Puis peu à peu, nous avons commencé à développer nos activités dans d’autres domaines, toujours autour de l’Antiquité grecque. Il a fallu faire des recherches sur le vêtement, les repas, la citoyenneté… Nous pouvons ainsi présenter un campement grec, des démonstrations de phalange grecque classique, mais aussi de phalange macédonienne ou de manœuvres militaires thraces et divers ateliers autour des thèmes cités précédemment. On a quelques petites choses en projet pour les saisons à venir, certaines se sont même concrétisées tout récemment, mais je n’ai hélas pas le droit d’en dire plus pour le moment…
A.T.C. : Sur quoi vous appuyez-vous ?
Thomas Frantz : L’association a recours à des méthodes que nous voulons les plus proches des méthodes scientifiques. Il ne s’agit pas seulement de reconstituer l’histoire, mais nous voulons aussi nous inscrire dans une logique d’archéologie expérimentale : tout ce que nous présentons au public s’appuie sur des expérimentations et des recherches méticuleuses. Par exemple, les expérimentations d’un de nos membres sur l’armée thrace au sein de notre association ont nourri et ont été nourries par sa rédaction simultanée d’un mémoire de recherche sur la question. Il en est de même pour notre président Vincent Torres-Hugon, qui, après la fondation de l’association, a rédigé son mémoire sur le sujet « L’apport de l’expérimentation sur l’histoire du geste martial, cas d’étude appliquée : le déplacement au sein de la phalange dite hoplitique, approche expérimentale. », sous la direction de Philippe Jockey et en lien avec ses activités au sein de l’association.
A.T.C. : Il faut être nombreux pour composer une phalange.
Thomas Frantz : A ce jour, notre association compte une soixantaine de membres, nous arrivons généralement à en mobiliser une trentaine sur nos plus grandes prestations. Récemment, pour les besoins du tournage d’une vidéo, nous avons réussi à former une énomotie : c’est la plus petite unité de l’armée spartiate, composée de 4 x 8 hoplites. L’ensemble des membres a reçu un entraînement à la pratique de la phalange. La majeure partie a été recrutée au CSU d’Aix-en-Provence, au sein duquel nous donnons des cours de “combat à la lance grec”. Notre association a, à ce propos, une volonté de se rapprocher de la discipline sportive des AMHE (Arts Martiaux Historiques Européens). Mais chacun peut ensuite se spécialiser dans un domaine plus particulier : ainsi, nous avons des spécialistes des vêtements, du tissage de galons, de la nourriture et de la boisson (car c’est essentiel, la boisson), de la taille de pierre, de la médecine, de la musique… J’ai développé, de mon côté avec d’autres membres intéressés, un atelier sur l’écriture, en lien avec ma formation de lettres classiques. Un de nos membres est en ce moment-même en train de fabriquer un aulos, pour un atelier sur la musique que nous souhaitons développer depuis très longtemps. Ça, je crois que je peux le dire.
A.T.C. : Comment réussissez-vous à coordonner une équipe aussi vaste ?
Thomas Frantz : Une association de cette envergure, c’est aussi de la cohésion, ce sont des amitiés créées. Je le disais récemment à l’un de nos membres, mais nous sommes un peu une sorte de grande famille. Nous organisons des week-end “off”, dans lesquels nous ne nous retrouvons qu’entre membres, sans public, qui sont très importants pour cet aspect. Les tournages aussi, quand nous sommes appelés pour faire de la figuration dans des documentaires, sont l’occasion de créer de la cohésion. L’an dernier, une vingtaine de nos membres est partie en Grèce pour les 2500 ans de la bataille de Platées, avec d’autres associations venues du monde entier : rien de mieux pour renforcer nos liens entre membres et rencontrer d’autres personnes partageant notre passion !
A.T.C. : Quels univers se rencontrent ?
Parmi nos membres, il y a bien entendu des professeurs, des étudiants et des anciens étudiants en histoire, il y a des archéologues et des étudiants en archéologie, un professeur de lettres classiques… Mais ce n’est pas tout. Nous ne réservons pas la pratique de nos activités aux professionnels des domaines qu’elle concerne directement. Nous comptons parmi nous des artisans, des employés municipaux, des informaticiens, des danseurs, des infirmiers, des professeurs qui enseignent d’autres matières… Tous partagent avant tout la même passion pour l’Histoire et la même envie de la transmettre à travers la pratique de l’Histoire vivante.
De la même façon, alors que notre association est très axée sur la pratique du geste martial, et que la phalange grecque est, historiquement, exclusivement masculine, il n’est interdit à aucune de nos membres de participer à nos reconstitutions militaires. C’est un parti pris que nous assumons, et même lorsque le public nous le fait remarquer, il est toujours là l’occasion d’expliquer notre démarche. Comme je le disais plus haut, nous restons des individus du XXIe siècle et nous ne jugeons pas pertinent d’exclure de certaines de nos activités des membres de notre association.
A.T.C. : Et vous travaillez aussi en collaboration avec d’autres associations ?
Thomas Frantz : Oui, il y a d’autres associations avec lesquelles nous partageons nos méthodes. Cela a créé un véritable réseau d’associations avec lesquelles nous sommes devenus “amis”. Nous avons créé une fédération (la Fédération des Amoureux de l’Histoire Vivante) avec les Seigneurs d’Orient, une association de médiévistes spécialisée dans le royaume de Baudoin Ier, ce qui nous permet de nous prêter main forte sur nos différentes interventions. Nous entretenons également de très bons liens avec des associations comme la Legio VI Ferrata, la Legio VIII Augusta, les celtes des Randa Ardesca, des Ambianis ou encore des Viviskes, ou encore les révolutionnaires écossais jacobites des Saor Alba. Toutes ces rencontres se sont faites au fil des manifestations auxquelles nous avons participé, elles consistent à chaque fois en un véritable enrichissement pour nos pratiques.
A.T.C. : En quoi consistent vos interventions ?
Thomas Frantz : Nous proposons des interventions assez variées, en fonction des préférences des organisations qui nous contactent. Très souvent, il s’agit d’installer notre campement tout au long de la journée, voire du week-end, et de présenter, lors de grandes démonstrations à des horaires fixes, l’armée grecque et la formation de la phalange classique. Sur le campement, en accès libre au public, nous pouvons donner des précisions sur ces démonstrations, ou présenter des ateliers autour des spécialités de nos membres présents, selon ce qui a été prévu avec l’organisateur de la manifestation.
Nous pouvons aussi axer nos interventions sur d’autres thèmes. Il nous est arrivé, par exemple, de proposer des interventions autour du banquet. Pour l’année 2024, en lien avec les Jeux Olympiques de Paris, nous prévoyons de nombreuses prestations sur le sport antique.
A.T.C. : Quelle est l’importance, pour vous, de ce qu’on appelle l’ “Histoire vivante” ?
Thomas Frantz : Pour nous, il s’agit tout d’abord pour le reconstituteur d’une autre manière d’aborder l’Histoire et la recherche scientifique. Nous estimons que la recréation du geste est primordial pour mieux comprendre une période. La pratique de la phalange est pleine d’apprentissages, par exemple. On comprend notamment, par la recréation de ces gestes, qu’il ne pouvait que s’agir d’une formation très fermée et compacte. On comprend aussi les textes qui mentionnent la compression que subissent les hoplites en première ligne. Lorsque deux phalanges se rencontrent, elles se heurtent de front, un peu comme une mêlée de rugby : les premières lignes sont alors écrasées sous le poids des deux formations. C’est quelque chose que nous avons déjà vécu en expérimentation. Je ne cite là qu’un exemple, mais il nous arrive très souvent de comprendre des choses que nous avons repérées dans les textes à la lumière de notre pratique. Alors, bien entendu, cela a ses limites. Nous sommes des reconstitueurs du XXIe siècle, avec notre culture contemporaine, et aussi l’assurance qu’après nos expérimentations et démonstrations, nous devrions pouvoir rentrer chez nous et dormir sur nos deux oreilles. Il nous manquera toujours la culture d’un hoplite grec de l’époque classique, son mode de vie, ses pensées, très probablement très éloignés des nôtres.
A.T.C. : Et sans vouloir vous heurter, sa condition physique.
Thomas Frantz : En effet ! Cela ne nous heurte pas, on en est vraiment très conscients ! Et, enfin, sa peur de perdre sa cité ou, pire, la vie. Mais toutes les sciences qui s’intéressent à l’Homme ne rencontrent-elles pas les mêmes difficultés ?
A.T.C. : Quelle est la valeur ajoutée pour le public ?
Thomas Frantz : Pour le public, enfin, cela a de nombreux intérêts. Bien entendu, on ne peut pas nier la dimension “spectacle” de nos démonstrations, et nous sommes toujours très contents quand le public trouve beaux notre matériel et nos interventions, mais ce n’est pas tout et ce n’est surtout pas l’axe central de nos interventions. La reconstitution et l’archéologie expérimentale rendent, selon moi, l’Histoire matérielle, et la rendent plus concrète. Elles permettent, par exemple, d’appréhender matériellement et concrètement le poids, la taille, la forme d’un casque, et finalement de mieux comprendre l’objet. D’une certaine façon, c’est aussi l’occasion pour eux de se mettre à la place du reconstituteur le temps d’une manifestation culturelle. Par la rencontre également avec des passionnés, un visiteur peut se renseigner sur la période reconstituée, poser des questions sur les objets et les pratiques présentés, créer un véritable échange.
A.T.C. : Les clichés ont-ils la vie dure ?
Thomas Frantz : Oui, l’aspect debunking est assez important : il est fréquent que le public vienne avec des préjugés, influencé par le cinéma, la littérature, la peinture, les spectacles historiques, ou tout simplement l’imaginaire collectif. C’est bien normal, nous avons tous autant que nous sommes des idées préconçues sur certaines périodes de l’Histoire. Parfois, les visiteurs confondent chevalier, soldat romain, gaulois et hoplite : on ne peut pas leur en vouloir, tout le monde n’a pas un regard de spécialiste et c’est justement toujours l’occasion de belles discussions sur le sujet. Souvent on nous demande si les boucliers sont tous en bois, et pourquoi les casques ne ressemblent pas aux casques de 300, ou aux casques corinthiens qui sont les casques iconiques de notre période. Alors on explique que les boucliers en métal sont bien trop lourds à porter, que, quand on en trouve en bronze dans les fouilles archéologiques, ce n’est souvent qu’un revêtement, et, pour les casques, que les corinthiens empêchent la bonne vue et la bonne ouïe de l’hoplite et qu’on les a abandonnés à la période que nous représentons. Tout cela est en partie permis par la pratique de l’Histoire vivante, discipline qui n’est donc plus seulement esthétique mais qui devient essentielle à la compréhension de notre passé.
A.T.C. : Quelles sources utilisez-vous ?
Thomas Frantz : C’est important que vous posiez la question car les sources sont réellement au cœur de toutes nos activités. Nous utilisons toutes les sortes de sources possibles, qu’elles soient issues de l’iconographie (de la céramique, de la mosaïque, de la peinture…), de l’écrit (bien entendu des textes littéraires, mais aussi de l’épigraphie), de l’archéologie (de divers objets trouvées lors de fouilles, de l’architecture…) ou de la recherche scientifique contemporaine… L’exemple le plus simple est sûrement les épisèmes (= symbole peint) de nos boucliers, que nous avons tous repris il y a quelques années de cela afin de les rendre plus fidèles aux sources dont nous disposons, en choisissant parmi les sources lesquelles étaient les plus fiables. Il faut savoir que les hoplites, tout comme les soldats romains, n’ont pas d’uniforme : ils choisissent eux-mêmes le symbole qu’ils peignent sur leur bouclier. Le mien, notamment, figurait anciennement un lambda spartiate, symbole qui est en fait très peu attesté et seulement dans des textes trop tardifs pour notre période : j’ai alors décidé, il y a quelques années, de troquer le lambda contre un ophtalmos (oeil que l’on peignait aussi sur la proue des trières), qui est un symbole qui me plaisait et que l’on trouve sur cette céramique datée au 5e siècle av. J.-C. : https://urlz.fr/n2AS. Oui, c’est un peu un comble pour un prof de langues anciennes d’avoir préféré une source iconographique à une source textuelle, mais dans ce cas, la source iconographique était beaucoup plus sûre, d’autant plus que cette céramique n’était pas la seule à figurer un ophtalmos sur un bouclier. Il reste bien entendu la couleur, qui là est plus une question de choix personnel, puisque la céramique ne peut pas nous renseigner sur cette donnée. De même, pour créer un atelier sur l’écriture, il m’a fallu chercher des papyroi du Ve siècle av. J.-C. sur des sites spécialisés, aller consulter en bibliothèque universitaire des ouvrages sur le sujet, en consulter d’autres accessibles sur Internet… ressortir aussi mes vieux cours de papyrologie de fac, et me replonger en même temps dans de vieux souvenirs _ pas si vieux en fait ! _ pour établir une chronologie de l’écriture en Grèce, des tablettes mycéniennes à la démocratisation du papyros au Ve siècle av. J.-C.
A.T.C. : Le travail sur les sources est donc essentiel à la recréation d’objets, et à d’autres aspects ?
Thomas Frantz : Essentiel aussi à la pratique centrale de nos activités : celle du geste martial hoplitique ! Dans l’association, il a été mené, et il est toujours mené, car c’est un sujet sur lequel il reste encore de nombreuses parts d’ombre, un véritable travail de recherche, à partir des sources à notre disposition, pour retrouver comment, par exemple, sur tel ou tel vase, tel hoplite en arrive à cette position, ou pourquoi, dans tel ou tel texte, l’auteur fait référence à cette position, ou encore pourquoi ce casque est élaboré de cette façon, et pourquoi il a été retrouvé dans cet état. La pratique ensuite du geste reconnu et reconstruit par le reconstituteur vient étayer ou contredire les hypothèses que nous formulons. Bien entendu, cela ne se résume pas qu’à cela et je caricature beaucoup, mais cette recherche et cette étude de la source est réellement au centre de notre pratique. Nous tâchons, dans la mesure du possible, d’être les plus fidèles aux sources qui sont à notre disposition, et il s’agit ensuite, aussi, de mener une vraie remise en question de nos pratiques quand une source vient les contredire.
A.T.C. : Y a-t-il des questions qui restent en suspens ?
Thomas Frantz : Bien sûr, et surtout pour des périodes anciennes comme la nôtre, la précision “dans la mesure du possible” reste importante. L’exemple le plus probant est sûrement la question des tentes grecques, fréquemment débattue dans l’association. Les Grecs, ayant comme toute société humaine besoin de s’abriter, avaient des tentes (les hellénistes connaissent bien l’étymologie du mot scène), mais aucune source iconographique ne nous permet de savoir à quoi elles ressemblaient et nous ne devrions, normalement, pas en avoir. Or, la tente, pour des raisons assez évidentes, est un élément essentiel en reconstitution historique : nous faisons alors ici une entorse à la règle en autorisant des tentes romaines, par exemple.
A.T.C. : Vous-même professeur de langues anciennes, utilisez-vous la reconstitution dans vos pratiques pédagogiques ?
Thomas Frantz : Tout à fait, j’ai très vite compris l’intérêt de la reconstitution dans nos pratiques pédagogiques. Pour l’anecdote, un chef d’établissement m’avait demandé de lancer un atelier hebdomadaire de reconstitution. J’avais dû lui expliquer que l’idée me paraissait délicate non seulement pour des questions de matériel, mais aussi de sécurité… Mais il m’est arrivé de montrer à mes helléno-latinistes des objets de reconstitution pour illustrer un cours sur le vêtement, l’armée, le banquet ou sur l’alphabet grec. L’intérêt est clair : on donne ainsi plus de vie, plus de consistance à nos cours théoriques. Je reprends (dans la bienveillance et toujours sur le ton de l’humour) souvent les élèves quand ils me parlent de langues “mortes” : leur faire découvrir le milieu de la reconstitution historique m’apporte très clairement un bel argument !
A.T.C. : A quoi ressemblent vos interventions en milieu scolaire ?
Thomas Frantz : Compte tenu de cet intérêt de nos activités dans les pratiques pédagogiques, il arrive en effet que des enseignants de langues anciennes mais aussi d’histoire fassent appel à nous. Nous essayons vraiment de proposer un programme adapté aux préférences des enseignants qui nous contactent. Bien sûr, nous proposons très souvent des démonstrations militaires, mais à peu près l’ensemble de nos ateliers peuvent s’adapter à un public de collégiens ou de lycéens. Nous pouvons permettre aux élèves de revêtir des vêtements grecs, de s’essayer à la marche en phalange, à quelques disciplines olympiques, à l’écriture au calame… En lycée, il nous est arrivé de proposer des conférences plus poussées sur le monde grec ou sur la reconstitution historique. Souvent, il s’agit d’offrir au professeur une activité sur un thème qu’il a étudié en classe, afin d’y apporter justement cet aspect “matériel” ou “vivant” dont je parlais précédemment.
Il y a aussi un intérêt, sûrement plus prosaïque, à faire intervenir la reconstitution historique dans nos cours de latin et de grec : cela donne de la visibilité à notre option. Je le constate dans mon établissement où la Journée de l’Antiquité que nous organisons avec une intervention des Somatophylaques dans nos classes d’ECLA est un argument fort pour notre recrutement en 5e.
En classe de 3e, la découverte de l’Histoire vivante peut trouver encore d’autres intérêts, puisqu’il est question pour eux, à l’oral de brevet, de présenter un sujet en lien avec l’un des 5 parcours éducatifs, et, tout au long de l’année, de poser les fondations de son futur projet professionnel. La reconstitution historique rentre tout d’abord totalement dans le parcours d’éducation artistique et culturel, et la découverte de ce milieu peut, je pense, être tout à fait exploitée lors de l’oral de brevet. Je n’ai jamais malheureusement fait passer d’oral sur le sujet, mais je ne désespère pas ! Ensuite, la rencontre d’étudiants en histoire ou en archéologie qui font de la reconstitution historique peut aussi faire germer dans les élèves des idées de parcours d’avenir. Un public d’élèves de terminale peut aussi être intéressé par ce contact.
A.T.C. : Dans quelle mesure les enseignants font-ils appel à l’association ?
Thomas Frantz : Nous sommes encore en réalité assez peu présents dans les établissements scolaires. Il y a plusieurs raisons à cela : le fait que beaucoup de nos membres travaillent en semaine, la difficulté pour les établissements à financer ces prestations (car nous sommes obligés de fixer un tarif en fonction de la prestation demandée, du nombre de classes concernées et du trajet à effectuer), la difficulté pour une association comme la nôtre à obtenir un agrément ministériel (difficulté qu’évoquait déjà dans son article Lucius Gellius, que je salue au passage, même si je sais qu’il ne va pas apprécier d’être mentionné par un grec), notamment. Même si ce n’est pas toujours évident, nous essayons toujours de trouver le moyen de rendre l’intervention possible.
Nous ne perdons tout de même pas espoir de pouvoir développer ce genre d’interventions, car elles rentrent tout à fait dans les objectifs de notre association : sauvegarder et transmettre la culture grecque au plus grand nombre.
A.T.C. : Et ces interventions se limitent-elles à la région PACA ?
Thomas Frantz : Nous sommes contraints par l’ancrage de nos membres dans les Bouches-du-Rhône et le Var à concentrer la plus grande partie de nos activités en PACA, mais il nous arrive, de plus en plus souvent, de repousser ces limites. Nous avons déjà été invités en Touraine, en Bourgogne, en Alsace, ou encore en région parisienne. Une petite partie de nos membres ont déménagé à Paris (mais on ne leur en veut pas), ce qui nous permet de les mobiliser pour ces prestations nordiques (ici, le nord commence là où on ne voit plus la Mer).
Pour les prestations scolaires, c’est, bien malheureusement, plus compliqué. Nous préférons nous limiter, généralement, aux départements strictement limitrophes aux Bouches-du-Rhône, car il est très délicat pour nous de faire plus de deux heures de route pour une intervention d’une seule journée. C’est cependant toujours négociable, par exemple en faisant participer plusieurs établissements au projet.
A.T.C. : On vous retrouve sur les réseaux ?
Thomas Frantz : Oui, pour la promotion de nos activités, nous sommes présents sur Facebook, Instagram et Twitter, mais nous avons également un site Internet (somatophylaques.com) sur lequel nous avons établi une liste de nos différentes activités et nous publions une série d’articles sur la reconstitution historique et l’histoire grecque. On espère bientôt pouvoir y publier un trombi de nos membres, avec leur nom grec et leurs domaines de prédilection. Notre président a également ouvert une chaîne Youtube, Histoire d’aimer, qui n’est pas tout à fait la chaîne Youtube de l’association, mais à laquelle beaucoup de nos membres ont pu contribuer.
A.T.C. : Et si l’on veut aller directement à la rencontre des Somatophylaques, des événements sont-ils programmés prochainement ?
Thomas Frantz : Bien sûr ! Nous serons ravis de vous accueillir sur notre campement aux dates suivantes :
les 5 et 6 août aux Journées Romaines d’Autun (71)
les 8, 9 et 10 septembre aux Celtiques de Vivisco à Vevey (Suisse)
les 16 et 17 septembre aux Journées Européennes du Patrimoine à Balaruc-les-Bains (34)
les 30 septembre et 1er octobre à la Fête Gauloise de Serpaize (38)
le 21 octobre à Saint-Cyr-sur-Mer (83)
les 28 et 29 octobre aux Fêtes de Samonios à l’Archéosite Randa Ardesca à Saint-Alban-Auriolles (07)
A.T.C. : Merci Thomas pour ces éclairages et à bientôt, on sort l’agenda !
Thomas Frantz : Un grand merci à l’association Arrête ton char et à Ju Wo pour cette proposition d’entretien !
Si vous souhaitez contacter l’association Les Somatophylaques : somatophylaques@gmail.com