L’Attique (région d’Athènes)

L´ATTIQUE et ATHENES
Jean-Claude Daumas pour Latine Loquere

L´Attique (de acté = promontoire) est la région d´Athènes ; elle s´est le plus souvent confondue avec cette dernière, autrefois dans le cadre de la cité-Etat et aujourd´hui dans sa région urbaine.
[En architecture : Attique = dernier étage d´un bâtiment, en général moins haut que les autres niveaux]

I. L´ATTIQUE GEOGRAPHIQUE

Orientée N-O “ S-E, la péninsule de l´Attique (acté = promontoire) d´une superficie de 3 800 km2, correspond à  la terminaison sud-orientale de la Grèce centrale dans la mer Egée, au cap Sounion. Elle est séparée de la Mégaride à  l´ouest et de la plaine de Béotie (Thèbes) au nord, par la chaîne montagneuse du Cithéron (1409 m) et du Parnès (1413 m) qui se continue par le Pentélique et ses marbres (1107 m), l´Hymette (1026 m) et le Laurion, riche en plomb argentifère.
Ces massifs montagneux dominent quelques petites plaines littorales : Marathon, Brauron, Athènes, Eleusis. Leur terre argileuse (décomposition de grés métamorphiques) a fourni une matière première de qualité pour la fabrication des poteries et porte des cultures de céréales, tandis que les premières pentes des montagnes sont le domaine des vignes et des vergers d´oliviers et de figuiers.
Le climat est typiquement méditerranéen à  été très chaud et très sec : moyennes d´Athènes : +9° en janvier, +27° en juillet (Die : +3°, +21°) ; 375 mm de précipitations par an, dont seulement 48 mm en 5 mois de mai à  Septembre (Die : 920 mm, dont 350 mm de mai à  septembre)
De nos jours, l´agglomération d´Athènes est véritablement une capitale « macrocéphale » : 3 à  3,5 M h (selon la définition donnée à  cette région urbaine), soit 1 Grec sur 3.

[En architecture : Attique = dernier étage d´un bâtiment, en général moins haut que les autres niveaux]

II. L´ATTIQUE DES SANCTUAIRES

Faible superficie mais forte densité de sanctuaires de toutes sortes.
Amphiareion : on vient y consulter Amphiaraos, devin et guérisseur, à  qui est consacré un temple, un théâtre et un long dortoir pour les patients : l´abaton.
Rhamnonte : sanctuaire de Némésis (Vengeance divine) avec un temple consacré à  Thémis (la Justice) et un plus important à  Némésis : 6 x 12 colonnes non cannelées, preuve de son inachèvement lié au déclanchement de la guerre du Péloponnèse.
Brauron : Artémis Brauronia (la Diane chasseresse des Romains dont l´ours est l´animal fétiche) y est honorée en tant que protectrice de la nature, ainsi qu´Iphigénie. Fille d´Agamemnon, le chef des Grecs en partance pour Troie, Iphigénie fut condamnée par Artémis à  être sacrifiée afin que les vents soufflent dans la bonne direction. Au dernier moment, Artémis remplaça Iphigénie par une biche (thème d´Abraham et Isaac).
Sounion : le cap Sounion, poste de signalisation pour aider les navigateurs, possède un temple en l´honneur de Poséidon, le dieu de la mer, et un autre pour Athéna Sounios = les deux principales divinités de l´Attique. Le temple de Poséidon, en marbre blanc (13 x 30 m ; 6 x 13 colonnes), est adapté aux contraintes naturelles : faible hauteur des colonnes (vent), 16 cannelures au lieu de 20 (embruns).
Eleusis : célèbre pour ses « mystères » liés aux aventures de Déméter. Hadès, dieu des Enfers et frère de Zeus, ayant enlevé sa fille Coré (= Perséphone romaine), Déméter partit à  sa recherche et fut bien accueillie à  Eleusis. Grâce à  l´arbitrage de Zeus, elle obtint finalement d´avoir sa fille (sur l´Olympe) les 2/3 de l´année. Déméter fonda alors des « mystères » = initiations (dont on connaît mal le déroulement mais qui promettaient une bienheureuse vie future) qui sont à  rattacher à  de vieux cultes agraires : le roi d´Eleusis, Triptolème, aurait connu l´agriculture grâce à  Déméter et Coré. ; Déméter est la Cérès romaine, divinité des moissons. Eleusis attirait beaucoup, ce qui renforçait le prestige d´Athènes, d´où son temple au moins 2 fois reconstruit par ordre de Cimon et de Périclès.
Marathon et Salamine : évidemment, ce ne sont pas de véritables sanctuaires (malgré le grand tumulus édifié à  Marathon) mais le rappel vivant pour les Athéniens, de leurs 2 grandes victoires contre les Perses : Marathon (490) pour leurs hoplites (fantassins) et Salamine (480) pour leurs marins : la fameuse « muraille de bois » (évoquée par la Pythie de Delphes) qui devait sauver Athènes et la Grèce.

III. ATHENES : L´HISTORIQUE

Au cœur d´une petite plaine de 10 x 22 km, la cité Athènes s´est d´abord implantée sur la colline de l´Acropole haute de 80 m et distante d´une dizaine de km de la mer : ni trop loin (navigation) ni trop près (pirates aperçu à  l´avance).
Dans la seconde moitié du II° millénaire avant J.-C. (de 1500 à  1100) Athènes est une importante cité mycénienne, installée sur l´Acropole (palais). C´est le début du culte d´Athéna et la période de création des mythes fondateurs. Cécrops arbitre la dispute Athéna-Poséidon pour la possession de l´Attique : Athéna est choisie, mais son oncle Poséidon reste l´autre grande divinité de L´Attique (temple au cap Sounion). Parmi les descendants de Cécrops il y eut Dédale et Icare, et parmi ceux d´Erechtée, Thésée. Les Athéniens considèrent que Thésée, en tuant le Minotaure, fut le libérateur de leur cité vis-à -vis de la domination économique des Crétois ; et qu´il fut aussi l´unificateur de l´Attique à  leur profit.

 l´époque archaïque (VIII°-VI° siècles avant J.-C.)
La société athénienne est dominée par les grandes familles de propriétaires fonciers (les Eupatrides = « ceux qui ont de bons pères ») qui gouvernent en siégeant au conseil de l´Aréopage et en fournissant les archontes (magistrats). Avec la multiplication du nombre d´artisans, de commerçants et de petits agriculteurs, souvent endettés et parfois réduits en esclavage pour cela (il leur est difficile de convertir leurs champs de céréales en vignes ou oliveraies), une révolution sociale et politique s´amorce ; elle conduira à  la démocratie.
621 : Dracon met les lois par écrit : elles seront connues de tous.
594 : Solon décide la suppression des dettes agraires, ce qui permet l´essor d´une petite paysannerie libre, base de la démocratie qu´il établit en rédigeant une constitution. Un conseil de 400 membres (la boulé) prépare le travail de l´assemblée (ecclésia) qui vote les lois ; l´héliée rend la justice en appliquant les lois. Solon a été le premier fondateur de la démocratie athénienne, même si de 560 à  510 Pisistrate et ses descendants établissent leur « tyrannie » pendant laquelle ils favorisent les petits paysans, entreprennent des grands travaux d´embellissement d´Athènes (monuments) et développent les fêtes religieuses (création de Panathénées). En ce VI° siècle, Athènes est un grand centre artisanal (métallurgie et poterie au quartier du Céramique) et commercial (dès 550 les vases attiques ont supplanté les vases corinthiens et ils sont exportés dans tout le bassin méditerranéen).
509 : Clisthène réforme radicalement la constitution ; il est le créateur décisif de la démocratie. Les citoyens de la ville, du littoral et de l´intérieur sont répartis égalitairement en 10 tribus qui fourniront chacune 1 archonte, 1 stratège, 50 bouleutes et 60 héliastes (juges) tous les ans. Le pouvoir appartient désormais aux citoyens assemblés.

490-479 : les trois glorieuses (Marathon, Salamine, Platées)
Déjà  victorieuse face à  la coalition Sparte-Thèbes, la puissance militaire athénienne fournit l´essentiel des soldats grecs victorieux des Perses sur terre à  Marathon (490) et à  Platées (479), et sur mer à  Salamine(480). Cette dernière victoire, absolument décisive pour l´indépendance des cités grecques et la survie d´Athènes qui vient d´être saccagée par les Perses, est l´œuvre de Thémistocle. Il a réussi à  convaincre ses compatriotes de construire une flotte dans les années précédant la deuxième attaque perse (480), grâce au minerai d´argent extrait des mines du Laurion et à  l´oracle rendu par la Pythie de Delphes : « Athènes sera sauvée par une muraille de bois ».

 478-431 : l´hégémonie athénienne.
Cimon, fils de Miltiade (le vainqueur de Marathon), dirige d´une main de fer la Ligue de Délos (alliance militaire, contre le danger perse, des îles de la mer Egée avec Athènes) : Athènes atteint alors sa puissance maximale, transférant même le trésor de Délos sur l´Acropole en 454.
Périclès succède à  Cimon « ostracisé » en 461 ; il sera réélu stratège 12 ans de suite (443 à  431) et incarne l´apogée culturelle d´Athènes. L´expression « siècle de Périclès » symbolise ce sommet des arts (monuments de l´Acropole), lettres (tragédies de Sophocle, Eschyle, Euripide), philosophie, … Périclès renforce aussi la démocratie athénienne en octroyant un salaire aux magistrats, bouleutes et héliastes afin qu´un citoyen, même pauvre, puisse participer au gouvernement de sa cité.

 431-404 : la guerre du Péloponnèse.
L´affrontement avec Sparte et ses alliés sera fatal à  Athènes : Attique ravagée ; catastrophique expédition de Sicile en 415 (perte de 12 000 citoyens-soldats) ; défaite finale qui se traduit par la destruction de ses murailles, la livraison de sa flotte et l´instauration de la « tyrannie des Trente » imposée par Sparte : Athènes ne retrouvera plus jamais son lustre d´antan, sauf sur le plan intellectuel.

Athènes hellénistique et romaine
Le grand orateur athénien Démosthène a tenté en vain de rassembler les cités grecques contre les ambitions du roi de Macédoine Philippe II qui remportera en 338 une victoire décisive à  Chéronée. Désormais Athènes “ comme l´ensemble de la Grèce “ seront sous la domination des Macédoniens, puis des Romains à  partir de 168 ; Athènes est même pillée par les troupes de Sylla en 86.
La société athénienne devient de plus en plus inégalitaire, dominée par l´aristocratie qui a repris le pouvoir : c´est la fin le la « parenthèse démocratique » qui aura duré moins de 2 siècles. Cette crise sociale est illustrée aussi par le succès des nouvelles divinités : Dionysos, Asclépios, Aphrodite, Isis.
Sur le plan culturel, Athènes reste une référence, en particulier en philosophie : Platon, Aristote, épicurisme et stoïcisme qui cherchent la paix de l´âme. Les riches romains (Cicéron) viennent parfaire leurs études à  Athènes qui est embellie par quelques monuments nouveaux édifiés en particulier par l´empereur Hadrien, un véritable « philhellène ».

Du Moyen âge à  aujourd´hui
Implantation du christianisme, domination byzantine (850-1204), franque (1204-1456), turque (1456-1829) : les monuments d´Athènes deviennent alors des églises, des mosquées, des palais, … Capitale de la Grèce indépendante, Athènes a connu depuis 1950 une très forte croissance qui l´a fait déborder de sa plaine, d´où les problèmes habituels de circulation, de pollution, …

Capitale de la Grèce, indépendante de l´empire ottoman/turc depuis 1829, Athènes est devenue aujourd´hui une agglomération véritablement « macrocéphale » de 3 à  4 M h (selon la définition donnée à  cette région urbaine), soit 1 Grec sur 3 et la moitié à  2/3 des activités économiques et des services du pays. Sa très forte croissance démographique lui a fait urbaniser sa plaine, puis celle d´Eleusis avant de déborder son cadre montagneux pour arriver jusqu´à  Mégare à  l´ouest et le promontoire du Laurion à  l´est. S´en suivent les habituels problèmes de circulation, de pollution, … de fond de cuvette par temps anticyclonique.

L’Attique et Athènes – Jean-Claude Daumas pour Latine Loquere

A propos Robert Delord

Enseignant Lettres Classiques (Acad. Grenoble) Auteur - Conférencier - Formateur : Antiquité et culture populaire - Président de l'association "Arrête ton char !" - Organisateur du Prix Littérature Jeunesse Antiquité

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