Lire les auteurs grecs ou latins par paliers. Entretien avec Séverine Clément-Tarantino et Charles Delattre

Lire les auteurs grecs ou latins par paliers. Entretien avec Séverine Clément-Tarantino et Charles Delattre

 

« Pour Arrête ton char, je suis allée à la rencontre de Charles Delattre et de Séverine Clément-Tarantino qui dirigent la collection AGLAÉ, liée au projet de recherche AGLAE (« Autour du Grec et du Latin Actif : Expérimentations »), à l’Université de Lille.

Les membres du projet développent et analysent les procédés relevant des méthodes dites « actives ». C’est dans cette démarche que s’inscrit cette collection, qui vise à encourager latinistes et hellénistes de différents niveaux et âges à se plonger dans la lecture d’œuvres composées en latin et en grec. Comment ? Ces ouvrages appliquent la méthode de la paraphrase graduée. »

Julie Wojciechowski

 

J. W. : Bonjour Séverine, bonjour Charles, pouvez-vous nous expliquer à nos lecteurs en quoi consiste la méthode de la paraphrase graduée ?

Séverine Clément-Tarantino et Charles Delattre : Bonjour à tous, il s’agit de rester immergé dans la langue concernée (le latin ou le grec ancien) et de progresser par paliers : le lecteur passe par degrés d’une version simplifiée du texte à la version originale, en passant par une version intermédiaire. L’œuvre latine ou grecque (ou une partie de celle-ci) est divisée en plusieurs chapitres, qui contiennent chacun ces trois états du texte. Chaque chapitre comporte aussi au début une illustration et une page de vocabulaire. Attention, les mots sont glosés en latin ou en grec ! À la fin, une page de notes porte sur des points représentant une difficulté ou une particularité dans le passage.

 

J. W. : C’est d’ailleurs vous qui m’avez proposé la formulation de « paraphrase graduée », les Anglo-saxons parlent de « tiered reader ».

Séverine Clément-Tarantino : On parle en effet dans le monde anglo-saxon de « tiered readers » ou « readings » pour les textes « gradués » ou « étagés » de la sorte, avec plusieurs niveaux de reformulation visant à simplifier le texte et à le gloser de l’intérieur avant qu’en soit redonnée la version originale. Il n’y avait pas encore eu en France, du moins récemment, de propositions de lecture ainsi structurées.

 

J. W. : Comment en êtes-vous venus à choisir cette méthode ?

Séverine Clément-Tarantino : Celle qui m’a fait apprécier l’utilité pédagogique de ce système est Irene Regini (Satura Lanx) qui offre toujours comme porte d’entrée, dans le monde si riche de ses publications nombreuses et variées en ce qui concerne la langue latine, la lecture en trois étapes du poème 3 de Catulle. Les textes d’auteurs qu’elle lit dans ses cours sont systématiquement présentés ainsi et, en écoutant ces cours, j’avais mesuré sur moi-même l’efficacité de de la démarche. Ailleurs dans le monde et en particulier de la part de collègues de langue anglaise, des œuvres ont été éditées d’une manière similaire: toi-même, Julie, tu m’as fait découvrir les ouvrages de Patrick Amstutz qui l’illustrent, et je suis pour ma part admirative du livre de Carla Hurt (A Lover’s Curse) qui est un « tiered-reader » (à quatre niveaux) du chant 4 de l’Enéide avec des reformulations correctes, précises et efficaces et (art dont je suis moi-même privée) des dessins qui permettent d’introduire des mots de vocabulaire et de faire qu’on les note et retient plus facilement. Le livre sur Erictho publié récemment par Jessica McCormack (Tartarorum terror) semble (je ne l’ai pas encore exploré à fond) avoir la même tenue.

Charles Delattre : De mon côté, je suis venu de façon indépendante à la paraphrase, par étapes successives, dans le cadre d’expérimentations pédagogiques avec des étudiants de Lettres classiques. Dans un premier temps, je souhaitais simplifier la mise en page de textes de version, en indiquant les structures syntaxiques essentielles du passage. C’est donc par souci de précision grammaticale que j’en suis venu à proposer la version réduite d’un texte, en me limitant aux principales et aux subordonnées les plus importantes. Comme le résultat était haché ou parfois incohérent, je suis alors intervenu directement sur le texte même, pour assurer des liaisons plus souples et favoriser la compréhension directe du passage. Finalement, je me suis rendu compte que j’avais abouti à une paraphrase qui était aussi un condensé du texte. Dès lors je me suis pris au jeu de la réécriture simplifiée, pour introduire d’abord des textes à traduire, avant de passer à l’entraînement à la lecture directe en classe. Tout l’enjeu est maintenant d’éviter toute traduction en français, pour comprendre le texte d’auteur à partir de formulations qui sont plus simples, mais qui véhiculent finalement le même sens.

 

J. W. : Pourriez-vous nous retracer l’itinéraire de cette méthode que l’on semble redécouvrir mais qui n’est pas nouvelle ?

Séverine Clément-Tarantino et Charles Delattre : La méthode n’a rien de nouveau. Elle est ancrée dans la tradition scolaire et en particulier dans la tradition rhétorique de l’Antiquité gréco-latine: la paraphrase fait partie des exercices préparatoires à la pratique de l’éloquence (les « progymnasmata »), et on en a ensuite de beaux exemples publiés à plusieurs époques. La paraphrase prônée, côté latin, par Cicéron et surtout Quintilien, a une vocation imitative: il s’agit de redire ou de réécrire avec ses propres mots un texte modèle en s’efforçant de faire mieux (ce qui est retenu comme une limite de l’exercice et le fait critiquer de plusieurs). Quand le commentateur de Virgile du Vème siècle appelé Tiberius Claudius Donat écrit ses Interpretationes Vergilianae (« Interprétations », c’est à dire en fait reformulations ou paraphrases de Virgile), il entend, certes, en commentateur, expliquer Virgile, mais il s’essaie aussi à rivaliser avec lui, qu’il considère et traite comme un immense orateur. Mais la paraphrase, dès l’Antiquité, pouvait donc être pratiquée aussi dans un but explicatif, exégétique: c’est celle qu’on retrouve plus tard dans nombre d’éditions des auteurs anciens à la Renaissance et c’est le principe au cœur de cette collection qu’il est si utile de fréquenter assidûment: la collection « à l’usage du Dauphin », in usum Delphini.

Extrait de l’édition (londonienne de 1702) ad usum Delphini des Héroïdes d’Ovide, par Daniel Crispinus

Sous le texte court l’interpretatio de celui-ci : une « paraphrase » visant à le rendre plus clair et fournissant en même temps de quoi enrichir son propre vocabulaire (la nature de la reformulation varie passablement selon les contributeurs à cette collection, certains ayant manifestement plus cherché à émuler les auteurs antiques qu’à les éclaircir!).

 

J. W. : Et auriez-vous un exemple qui vous a particulièrement marqué ?

Séverine Clément-Tarantino : Un exemple qui m’a nourrie est celui du commentaire virgilien de Juan Luis de la Cerda, qui propose, lui, un argumentum (un résumé de la séquence de vers distinguée), une explicatio (en plusieurs paragraphes et qui consiste en bonne part en reformulations), des notae (où des points particuliers sont approfondis). C’est sans doute sous son influence que j’ai tendu au résumé pour le niveau 1 de la Ciris ou pour les quelques passages que, faute de place, je n’ai donnés qu’en reformulation simplifiée.

Extrait du commentaire de Juan Luis de la Cerda aux oeuvres de Virgile (ici au chant 1 de l’Énéide) : c’est le premier volume de P. Virgilii Maronis Opera, édité en 1612 à Lyon chez Horace Cardon.

https://lillonum.univ-lille.fr/s/lillonum/search?q=la+cerda

 

J. W. : Pourquoi faire de la paraphrase aujourd’hui ?

Charles Delattre : Comme le rappelle le traité des Progymnasmata de Théon, la paraphrase n’est pas « sans profit » (§62 : akhrêstos), au point que ce professeur de rhétorique souligne que tous les auteurs antiques l’ont mise eux-mêmes « à profit » (§62 : arista kekhrêmenoi), en se réécrivant les uns les autres. L’histoire littéraire est ainsi envisagée, pour les besoins de la cause, comme une vaste entreprise de paraphrase, ce qui est sans doute un peu exagéré. Notre pari était donc de montrer que la reformulation est toujours un exercice profitable aujourd’hui.

 

J. W. : Vous appliquez la paraphrase à deux niveaux dans les ouvrages de la collection : le texte et le vocabulaire.

 

Séverine Clément-Tarantino : Effectivement le principe de la reformulation se retrouve partout dans nos ouvrages et il est appliqué aussi bien à la présentation du vocabulaire – aux mots – qu’aux passages étendus – aux phrases. Nous avons surtout eu la volonté de proposer des ouvrages unilingues, pour favoriser l’immersion et aussi pour toucher une audience internationale. Seuls les mots « Paraphrases de » et la désignation de l’auteur, sur la couverture, sont en français, et la préface est donnée en deux langues: latin ou grec ancien et français.

Voyons quelques exemples de reformulation:

Exemples extraits des ouvrages montrant les différentes réécritures d’un même passage

ps. Virgile, Ciris, Cap. 3
Gradus primus Gradus secundus Gradus tertius
Ubi primum ignem amoris in suis venis nutrivit, Scylla infelix… Scylla, simul ac venis sitientibus ignem hausit et simul ac concepit penitus in ossa furorem […] infelix… Quae simul ac venis hausit sitientibus ignem / et validum penitus concepit in ossa furorem […] infelix virgo…
ps. Lucien, Onos, 1
Πρῶτος σταθμός

Prôtos stathmos

Δεύτερος σταθμός

Deuteros stathmos

Τρίτος σταθμός

Tritos stathmos

Ἀπέβαινον ποτὲ ἐς Ὕπατα πόλιν ἐς Θετταλίαν…

Apebainon pote es Hupata polin es Thettalian…

Ἀπῇα ποτὲ ἐς Θετταλίαν ·

Apêia pote es Thettalian :

Ἀπῄειν* ποτὲ ἐς Θετταλίαν ·

Apêiein pote es Thettalian :

Fabulistes latins, 3
Gradus primus Gradus secundus Gradus tertius
Vespa tamen Apes bene cognoverat et volebat esse prudens… Sed Vespa optime noverat genus utrumque insectorum… Quae genus utrumque nosset cum pulcherrime…
‍Euripide, Bacchantes, 3
Πρῶτος σταθμός

Prôtos stathmos

Δεύτερος σταθμός

Deuteros stathmos

Τρίτος σταθμός

Tritos stathmos

‍Μορφὴν γὰρ ἀνθρώπου, οὐκέτι θεοῦ, νῦν ἔχω.

Morphên gar anthrôpou, ouketi theou, nun ekhô

Μορφὴν δὲ ἀνθρωπίνην ἐκ θεοῦ ἀμείϐω, …

Morphên de anthrôpinên ek theou ameibô…

μορφὴν δ’ ἀμείψας ἐκ θεοῦ βροτησίαν…

Morphên d’ameipsas ek theou brotêsian…

Comme on le voit sur ces brefs exemples, le niveau 1 peut être parfois un petit peu plus prolixe, parce que, pour faciliter la compréhension, on peut être amené à ajouter un ou plusieurs mots qui explicitent le contexte ou même des sous-entendus du texte original.

 

J. W. : Déjà trois textes parus et un à paraître, aux Presses du Septentrion, et une belle variété !

Séverine Clément-Tarantino : Merci ! Oui, nous essayons de faire varier la difficulté du texte original, la nature du texte (prose/poésie), la notoriété des œuvres ou de la tradition représentées.

Ciris (deuxième édition actualisée), Paraphrases du Pseudo-Virgile, Séverine Clément-Tarantino, AGLAÉ

 

« Ce volume continent l’histoire émouvante d’une autre Scylla que celle des aventures d’Ulysse: la fille de Nisus, rendue tellement amoureuse de Minos qu’elle trahit, pour lui, sa patrie. Qu’arriva-t-il ensuite? Vous l’apprendrez au fil de ces pages, en passant à votre gré d’une reformulation latine à l’autre. »

ΛΟΥΚΙΟΣ Η ΟΝΟΣ (§1-13) (deuxième édition actualisée), Paraphrases du Pseudo-Lucien, Charles Delattre, AGLAÉ

 

« Avez-vous déjà entendu parler d’un certain Lucius ou Loukios que sa curiosité pour la magie conduit à être métamorphosé en âne et à vivre, en âne, mille aventures ? C’est cette histoire, en tout cas, que vous allez trouver narrée ici, dans sa partie initiale et dans un original grec rendu de plusieurs façons accessible. »

– (nouveau) Mira animalia, Paraphrases de fabulistes latins, Cécile de Rousiers-Gonçalves, AGLAÉ

 

« Dans ce volume, vous allez découvrir ou redécouvrir la tradition des fables animalières latines dans toute leur variété : de l’Antiquité au Moyen Âge, de l’abeille au… hérisson, en prose, en vers, et pour des morales dont vous n’aurez pas fini de discuter ! »

– (à paraître) BAKXAI, Paraphrases d’Euripide, Halima Benchikh-Lehocine & Alexia Dedieu, AGLAÉ

 

« Le texte ici présenté est celui de la tragédie d’Euripide les Bacchantes. Vous allez assister aux étapes initiales du combat livré par le mortel Penthée, roi de Thèbes, contre le dieu Dionysos, dont il refuse d’accueillir le culte dans sa cité. Les Bacchantes d’Euripide, tragédie de l’Athènes classique, voient ici leurs difficultés désamorcées grâce aux différentes approches permises par la collection. »

 

 

 

J. W. : Quel public visez-vous ?

Séverine Clément-Tarantino : Plusieurs publics sont visés, y compris à l’échelle internationale comme nous le disions tout à l’heure. Les livres sont conçus aussi bien pour un usage en classe que pour une « exploitation » personnelle (envie de lire une œuvre dans le texte, sans recourir à une traduction; volonté d’enrichir son vocabulaire, découvrir une œuvre ou des textes méconnus…).

Charles Delattre : Comme souvent, le cas du grec est différent du cas du latin. Les ouvrages en grec adapté ou facilité ne sont pas aussi nombreux que les ouvrages similaires en latin. De plus, il nous est apparu qu’il y avait un vrai manque en ce qui concerne les hellénistes de niveau intermédiaire, c’est à dire connaissant déjà les rudiments de la langue et voulant s’exercer en se plongeant dans des textes authentiques. Il s’est donc agi de remédier à ce manque. Aucune maison d’édition – du moins autant que nous le sachions – ne s’est par ailleurs récemment aventurée en France sur le terrain des « tiered-readers » faisant le choix du tout latin ou du tout grec.

 

J. W. : Des bases sont donc nécessaires ?

Séverine Clément-Tarantino : Oui, que ce soit en latin ou en grec, des bases sont nécessaires pour pouvoir lire les livres de la collection AGLAE. Avec la publication du deuxième livre de part et d’autre, nous avons fait le choix de la variété : le deuxième ouvrage de latin est majoritairement en prose et d’accès plus facile que le premier, qui relevait de la poésie; c’est l’inverse pour le grec.

Charles Delattre : Nous affichons ainsi, pour le moment, deux niveaux : un niveau 2 qui correspond à un niveau intermédiaire et un niveau 3, à un niveau avancé.

 

J. W. : Le lecteur qui a des bases, le livre en main, n’a-t-il besoin de rien d’autre ?

Séverine Clément-Tarantino : A priori non ! L’objectif global est d’encourager à lire des textes écrits en latin et en grec, sans recourir au dictionnaire et en se donnant pour but une compréhension globale. Oui, cela suppose d’avoir déjà un « bagage » minimal de vocabulaire… et si on ne l’a pas, c’est un encouragement à l’acquérir, vu qu’il est inenvisageable de comprendre quoi que ce soit sans vocabulaire !

Charles Delattre : Chaque auteur ou autrice, éditeur ou éditrice des textes latins et grecs décide du vocabulaire qu’il place en début de chapitre: vocabulaire usuel pour inciter, si ce n’est pas fait, à l’acquérir (et ce sont les reformulations qui s’occupent du reste); vocabulaire plus rare en supposant le vocabulaire le plus usuel acquis ; une combinaison des deux. Cette page de vocabulaire, étant donné le format choisi, ne peut pas porter un nombre trop élevé de termes.

Séverine Clément-Tarantino : Des solutions complémentaires ont été trouvées : pour le livre de la Ciris, un lexique à part est fourni, sous la forme d’un document PDF téléchargeable sur le site des PUS, avec à peu près tout le vocabulaire du texte !

 

J. W. : Comment appréhende-t-on le lexique, la morphologie, la syntaxe ?

Séverine Clément-Tarantino : Avec cette méthode par imprégnation, l’accent est visiblement mis sur le lexique.

Charles Delattre : La morphologie peut donner lieu à des explications particulières comme dans le premier ouvrage de grec, l’Âne du ps. Lucien (Onos).

Séverine Clément-Tarantino : En ce qui concerne la syntaxe, elle est éclairée par la reformulation progressive. Nous n’avons cependant pas exclu les phrases complexes du niveau 1 de reformulation : on peut y trouver des emplois du subjonctif ou des propositions infinitives !

 

J. W. : La méthode bénéficie d’un appareillage varié. Je vois aussi des illustrations, un espace de prises de notes…

Séverine Clément-Tarantino : En fait, chaque ouvrage propose une sorte de chemin pour accéder à l’œuvre originale. Mais chaque lecteur ou lectrice peut tracer sa propre voie et mettre à profit les différents « outillages » offerts par le livre… et même en dehors de lui !

La collection AGLAE met à la disposition des lecteurs, en plus des volumes, pour un travail en autonomie :

– un ensemble de fichiers audio accompagnant les textes grecs et latins (enregistrement des trois versions d’un même chapitre).

https://www.youtube.com/@AGLAEGrecLatin-Lille

– des fiches mettant en œuvre des dispositifs pédagogiques incluant les méthodes dites actives, caractéristiques de l’enseignement des langues modernes

https://aglae.univ-lille.fr/collection-aglae/fiches-pedagogiques

 

J. W. : Quels sont les droits du lecteur ? Est-il autorisé à « picorer », à choisir le niveau qui lui convient ?

Séverine Clément-Tarantino : Le lecteur ou la lectrice peut, en effet, commencer s’il ou elle le souhaite par réagir à l’illustration donnée en début de chapitre et s’essayer à la décrire en latin ou en grec, ou bien aller directement au texte original pour évaluer sa difficulté et l’aide qui sera nécessaire.

Charles Delattre : Notons que les images illustratives ne jouent pas de rôle dans la compréhension du texte oralisé en lui-même.

 

Illustration de Marie-Diane Gonçalves, extraite de Mira animalia, Paraphrases de fabulistes latins, Cécile de Rousiers-Gonçalves

J. W. : Les ouvrages sont-ils utilisables en classe ? 

Séverine Clément-Tarantino : Tout à fait. Si c’est l’enseignant ou l’enseignante qui utilise le texte pour une classe, il ou elle peut commencer par la page de vocabulaire et faire manipuler les mots de vocabulaire qui lui semblent cruciaux pour aborder la suite. La suite peut consister à lire le texte donné en niveau 1 et à tout de suite vérifier la compréhension de cette étape et ce, de diverses manières (questions-réponses en latin ou grec, vrai/faux, comparaison avec l’image, reformulation et pourquoi pas, traduction). Si le volume horaire du cours le permet, on peut ensuite aller vers le niveau 2 et faire observer les changements par rapport au premier niveau, faire prendre conscience et connaissance des gloses intégrées, des rapports de synonymies, des ajouts éventuels…

Charles Delattre : Nous voudrions aussi attirer l’attention sur les fichiers audio, qui ont été réalisés avec l’aide des services techniques de l’Université de Lille et qui sont disponibles gratuitement sur le canal YouTube du projet AGLAE : ces lectures enregistrées peuvent permettre de travailler la compréhension audio-orale ou, avant cela, d’habituer les élèves ou étudiants et étudiantes à entendre des textes composés en latin ou en grec. Leur utilisation aussi est, naturellement, libre : en amont de la lecture, après la lecture et la compréhension…

 

J. W. : Merci beaucoup pour tous ces éclairages ; et nous repartons, grâce à vous, avec cette bibliographie complémentaire autour de la paraphrase :

 

Pour aller plus loin :

– Jean-François Cottier, « La paraphrase latine, de Quintilien à Erasme », Revue des études latines, 2002.

– Massimo Gioseffi, « ‘Interpretatio’ e ‘Paraphrasis’ da Seneca a Tiberio Claudio Donato », dans F. Stok (éd.), Totus scientia plenus : percorsi dell’esegesi virgiliana antica, Pise, 2013, p. 361-389. (en italien)

Paraphrase de l’Evangile de Jean par Nonnos de Panopolis, édité et traduit par C. Cusset et M.-C. Fayant, CUF, 2022.

– Sandrine Dubel, « Défense et illustration de la paraphrase », dans Pierre Chiron & Benoît Sans (éds.), Les Progymnasmata en pratique, de l’Antiquité à nos jours, coll. Études de Littérature Ancienne, n° 27, Paris, Rue d’Ulm, 2020, p. 285-300.
– Arnaud Zucker, « Qu’est-ce qu’une paraphrasis ? L’enfance grecque de la paraphrase », Rursus [En ligne], n° 6, 2011. URL: http://rursus.revues.org/476

A propos ju wo

Professeur de français et des options FCA et LCA dans l'académie de Lille. Passionnée de cultures antiques et de langues anciennes et attachée à leur rayonnement et à leur promotion dès l'école primaire. Co-responsable du concours ABECEDARIVM pour l’association ATC.

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