Appel à contributions / Lexique et langues anciennes

La Revue de pédagogie des langues anciennes a publié son troisième appel à contributions; il court jusqu’au 31 mars 2024. Tout enseignant peut envoyer sa contribution. Un retour sera fait à chaque collègue qui fera part de son expérience. Il est disponible sur les plateformes suivantes:

Compitum : http://www.compitum.fr/appels-a-contribution/16501-lexique-et-langues-anciennes

Fabula : https://www.fabula.org/actualites/123132/lexique-et-langues-anciennes.html

Calenda : https://calenda.org/1197825

 

Le troisième numéro de la Revue de pédagogie des langues anciennes[0] comportera un dossier thématique intitulé « Lexique & langues anciennes ». Il est également possible de proposer des contributions sur d’autres sujets qui prendront place dans une section intitulée Varia.

Présentation du thème principal de la revue

Dans l’apprentissage et l’entretien du lexique en langues anciennes, on distingue essentiellement deux optiques : d’une part le vocabulaire « culturel » , comme celui de la maison, qui répond à la curiosité des élèves (domus, culina, tablinum) ; d’autre part le vocabulaire « d’usage fréquent », celui que le lecteur, qu’il soit collégien, lycéen ou étudiant, rencontre le plus souvent dans les textes antiques (ago, dies, saevus), y compris les mots outils (conjonctions de coordination, adverbes…). Or, dans la plupart des séquences proposées en cours de langues anciennes par les manuels ou les ressources en ligne, les activités consacrées à l’acquisition et à la maîtrise du lexique sont peu nombreuses. En effet, elles se limitent souvent à des listes de mots liées aux textes d’étude ou au thème du chapitre. Elles n’ont ainsi de valeur que pour l’étude ponctuelle d’un texte, sans démarche d’apprentissage raisonnée et sur le long terme. De ce fait, les élèves ont beaucoup de mal à retenir des mots qu’ils ne rencontrent plus dans les séances suivantes alors que pour les langues secondes le nombre de rencontres pour acquérir un mot est de l’ordre de 6 à 20 fois, et ce, dans des contextes d’utilisation différents[1]. En fait, l’étendue[2] du lexique et le caractère chronophage de son acquisition en font le parent pauvre de l’enseignement, alors qu’il constitue l’un des piliers d’un enseignement linguistique global.

Si la maîtrise du lexique en langues anciennes est primordiale pour ces disciplines (fluidité de lecture, rapidité de la compréhension et sentiment de compétence favorisant la motivation), ses bénéfices s’étendent au-delà du seul cours de latin ou de grec. En effet, du fait de leur statut de « langues-mères », les langues anciennes ont un effet sur l’approfondissement de la maîtrise du vocabulaire français, dont elles fournissent la majorité des racines étymologiques. Le Conseil scientifique de l’Éducation nationale indique lui aussi que « le niveau de vocabulaire a un rôle clé dans la compréhension de la langue orale et facilite l’entrée dans l’écrit ; c’est la compétence qui différencie le plus fortement les enfants selon leur milieu socio-économique d’origine à l’entrée à l’école, dans les études nationales et internationales[3] ». En dépit du peu de temps que nous consacrons à cet apprentissage en classe, l’enseignement du lexique est un enjeu fort qui justifie pleinement un apprentissage approfondi du lexique en cours de latin et de grec[4]. Dans cet esprit, depuis 2022, l’option facultative « Français et Culture Antique » (FCA) entend « mett[re] l’accent sur la compréhension de mots clefs utilisés au collège et […] développ[er] la reconnaissance des liens étymologiques et la curiosité lexicale » des élèves volontaires qui s’y inscrivent[5]. Il est notable que cet enseignement a d’abord été destiné aux collèges de l’éducation prioritaire, dans l’optique d’améliorer la maîtrise de la langue des élèves. L’apprentissage du lexique est lui-même devenu une action de remédiation, comme ces ateliers au cours desquels la décomposition de mots et la connaissance de leurs éléments constitutifs (préfixes, suffixes, mots-racines) a contribué aux progrès d’adultes incarcérés, aux États-Unis[6]. De plus, du fait des relations qu’elles entretiennent avec la plupart des langues européennes, les langues anciennes constituent également un levier considérable pour l’apprentissage et la maîtrise du vocabulaire des langues vivantes.

C’est pourquoi le premier volet de notre appel concerne les démarches mises en œuvre pour favoriser l’acquisition et l’entretien du lexique des langues anciennes : appui sur le vocabulaire latin ou grec que l’élève rencontre dans ses lectures et qu’il pratique plus ou moins sans le savoir dans sa vie quotidienne (minus, super, mea culpa, vice versa, pathos, éthos…) ; appui sur les proverbes et expressions latines consacrées (errare humanum est, anima sana in corpore sano, in vino veritas, citius, altius, fortius…) ; appui sur les pratiques orales pour renforcer la mémorisation…

 

Le second volet concerne l’apprentissage du lexique des langues vivantes (y compris le français) grâce aux langues anciennes, en particulier l’appui sur le lexique des langues anciennes pour favoriser l’apprentissage, la compréhension et la mémorisation de celui des diverses langues européennes.

 

Au-delà du type de vocabulaire que l’on cherche à faire acquérir ou à consolider, le troisième volet de notre appel s’intéresse à la façon dont les enseignants que nous sommes structurent l’apprentissage du lexique sur le temps long d’une année ou d’un cycle :

Travail sur le temps long.

→ Quelles organisations et quels outils sont favorables à ce travail sur le temps long ?

→ Quelle doit être la part du travail en autonomie de l’élève et celle du travail en classe ?

Régularité.

→ Comment rendre régulier l’apprentissage du lexique ?

→ Dans le cadre de la construction des séquences, comment faire en sorte qu’un élève rencontre plusieurs fois les mêmes mots, pour en favoriser la mémorisation ? Quelles autres démarches peuvent contribuer au renforcement de cet apprentissage ?

Progressivité.

→ Comment faire progresser l’élève dans sa capacité à comprendre un mot (lorsqu’il le lit, le prononce, l’entend) et à l’utiliser, en écrivant ou en parlant ?

→ Comment favoriser un apprentissage progressif du lexique ?

→ Comment évaluer et mesurer l’acquisition du lexique et sa solidité ?

Continuité.

→ Quelles coordinations sont possibles entre les cycles et dans la liaison collège-lycée pour le suivi de cet apprentissage du lexique ?

Nous aimerions réunir des expériences qui permettent aux élèves d’acquérir des stratégies et de devenir autonomes pour comprendre les mots quels qu’ils soient, dans toute leur richesse sémantique.

Tels sont les axes proposés pour ce numéro.

 

Recommandations

Quelques recommandations pour la rédaction des articles, qu’ils soient ou non en lien avec le dossier thématique :

Les articles pourront aussi bien être la description et l’analyse d’une expérience pédagogique que des travaux de recherches théoriques ou des comptes-rendus de recherches (cf. ligne éditoriale de la revue).

Pour la description et l’analyse d’expériences pédagogiques, on peut envisager les questions suivantes :

– Quels étaient les objectifs visés, la méthodologie suivie ?

– Qu’est-ce qui est en jeu dans ce type d’activité, de pratique ?

– Quels ont été les éventuels obstacles rencontrés ?

– Quels sont les résultats effectifs ?

– Quel retour sur expérience ?

– Quelles seraient les pistes pour favoriser le transfert à d’autres niveaux ?

 

Modalités de soumission

– Longueur de la contribution : 50 000 caractères maximum, espaces et notes comprises (c’est-à-dire environ 15 pages dactylographiées suivant nos normes typographiques.

– Normes typographiques et bibliographiques accessibles sur le site de la revue.

– Délai : pour ce numéro, les propositions de contributions sont attendues dès que possible et jusqu’au 31 mars 2025. Les articles sont destinés à une publication en ligne, sur le site de la revue, au fur et à mesure de leur validation par le comité de lecture puis de leur édition par le comité de rédaction.

Pour toute question et pour l’envoi des contributions, contacter : pedagogie-langues-anciennes@mailo.com

 

Notes

[0] Les deux premiers numéros sont consultables à l’adresse suivante : https://revuedepedagogiedeslanguesanciennes.fr

[1] D’après J. M. Carlon, qui renvoie aux études de Marmol, Horst, Cobb et Meara. Cf. Jacqueline M. Carlon, “The Implications of SLA Research for Latin Pedagogy : Modernizing Latin Instruction and Securing its Place in Curricula”, in Teaching Classical Languages (printemps 2013) : disponible sur : https://tcl.camws.org/sites/default/files/Carlon_0.pdf (consulté le 22 septembre 2024).

[2] Dans son article, Maria Luisa Aguilar Garcia, dans le cadre de l’apprentissage d’une langue seconde, rapporte : “la maîtrise du vocabulaire d’une langue signifie connaître non seulement la forme des mots, c.-à-d. leur prononciation et l’orthographe, mais aussi leur fréquence, registre et collocations possibles ou morceaux lexicaux, sans parler de l’existence et de l’utilisation d’expressions idiomatiques.” Cf. Aguilar Garcia M. L., “Vocabulary acquisition in the language classroom: what it is, how it works, which strategies and approaches are suitable for Latin instruction”, p. 2, in The Journal of Classics Teaching (2024), 1-7; disponible sur: https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-classics-teaching/article/vocabulary-acquisition-in-the-language-classroom-what-it-is-how-it-works-which-strategies-and-approaches-are-suitable-for-latin-instruction/4F35A9AC8DAC7389376A702CFB077F91 (consulté le 16 mai 2024).

[3] Dehaine-Lambertz G. et alii, « Comment faciliter l’acquisition du vocabulaire à l’école maternelle ? Synthèse de la recherche et recommandations. » (septembre 2023), p. 17, in Réseau Canopé ; disponible sur : https://www.reseau-canope.fr/fileadmin/user_upload/Projets/conseil_scientifique_education_nationale/CSEN_Synthese_acquisition_vocabulaire_maternelle_WEB.pdf (consulté le 30 avril 2024).

[4]  À l’international, Maria Luisa Aguilar Garcia (op. cit., p. 1) rapporte le même constat au sujet du rôle essentiel du vocabulaire dans le développement des compétences de compréhension : « La maîtrise du vocabulaire d’une langue est le point de départ à partir duquel un locuteur peut exercer avec fluidité et efficacité ses compétences dans cette langue ; cela ne fait aucun doute pour la plupart des chercheurs en ALS [acquisition des langues secondes]. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Schmitt (2008, 329) parle de la nécessité de maîtriser 8000 à 9000 familles de mots pour une compréhension correcte en lecture (ce qui veut dire une couverture lexicale de 95% à 99%, ou bien un taux d’un mot inconnu tous les 50 mots), et 5000 à 7000 familles de mots pour le discours oral. »

[5]  Bulletin officiel n°27 du 8 juillet 2021, « Programme de l’enseignement facultatif de français et culture antique », préambule (p.1) ; disponible sur : https://cache.media.education.gouv.fr/file/27/33/5/ensel785_annexe_1415335.pdf (consulté le 30 septembre 2024).

[6]  Ellie Mulcahy and Loic Menzies, Sound training. 2016 Impact Evaluation of Prison Programme Pilot. (2017) ; disponible sur : https://cfey.org/wp-content/uploads/2017/03/Sound-Training-Prison-Pilot-Impact-Report.pdf (consulté le 8 avril 2024).

 

Pour information :

– Site internet de la revue : revuedepedagogiedeslanguesanciennes.fr

– Comité de rédaction : Elodie Barbier, Clémence Coget, Thomas Frétard, Benoît JeanJean, Peggy Lecaudé, Samuel Tursin.

– Comité de lecture : Vincent Bruni, Isabelle Callizot, Marjorie Cohen, Laurence Dalmon, Charles Delattre, Aline Estèves, Flore Kimmel-Clauzet, Marjorie Cohen, Vincent Ramos-Filaire, Séverine Clément-Tarantino.

A propos Samuel Tursin

Enseignant de Lettres classiques dans l'académie de Lille.

Laisser un commentaire

X