On a testé pour vous : le Musée Saint-Raymond de Toulouse

On a testé pour vous : le Musée Saint-Raymond de Toulouse

« Aujourd’hui, nous allons à la rencontre des riches collections antiques du Musée Saint-Raymond de Toulouse.

 L’histoire de Toulouse rappelle celle de nombreux chefs-lieux de cités gallo-romaines. Avant la conquête romaine, les Volques Tectosages vivaient dans l’oppidum gaulois des Tolosates, qui dominait la confluence de la Garonne et de l’Ariège. La ville de Tolosa fut édifiée en contrebas, à la fin du 1er siècle après JC pour accélérer la romanisation. Nous sommes encore dans le territoire de la province de Narbonnaise même si la frontière avec celle d’Aquitaine est proche.

Le fonds muséal étant particulièrement abondant, nous limitons notre évocation à quelques coups de cœur. Ces œuvres ont été découvertes dans la région, soit dans l’antique Tolosa soit dans des villae gallo-romaines, dont celle de Chigaran (le site français qui a révélé le plus grand nombre de sculptures de marbre). »

Julie Wojciechowski (avec l’appui de Laurent Caillot)

 

Nous commençons par nous poster devant un mur qui recueille une impressionnante collection de pièces de monnaie allant de la période hellénistique (du 4ème au 1er siècle avant J.-C. : en Orient sous les successeurs d’Alexandre le Grand) jusqu’à l’Antiquité tardive (4ème et 5ème siècles après J.-C) en passant par le Haut-Empire romain (1er et 2ème siècle après J.-C) et le 3ème siècle (après J.-C) marqué les invasions barbares et les guerres civiles.

La présentation est vraiment organisée pour mettre en évidence l’évolution historique, c’est très visuel.

Le vrai plus, c’est l’écran interactif qui classe les pièces selon le lieu où elles ont été frappées. Ainsi est-il possible de zoomer et de retourner les pièces, et même d’en lire et décrypter le contenu.

Si vous souhaitez  explorer davantage l’univers de la numismatique, Arrête ton char édite, cet été 2024, une chronique NUMISmythique rédigée par Maxime Cambreling (Lien vers le 1er épisode).

 

Nous poursuivons notre parcours, en faisant le choix ici de vous le présenter depuis le gros œuvre jusqu’aux objets mobiliers : l’architecture, puis les mosaïques, la sculpture, le théâtre, l’alimentation et enfin les objets de la vie quotidienne.

Parmi les constructions proprement dites, cette domus de Tolosa a été reconstituée car elle est représentative des maisons urbaines de l’époque gallo-romaine :

 

Entrons désormais dans les demeures. Les collections sont riches en mosaïques, dont ces trois joyaux :

 

Mosaïque géométrique trouvée dans la villa de Chiragan

 

Mosaïque du dieu Océan, issue des thermes de la villa de Sainte-Rustice.
La mosaïque mesure 13 mètres par 2,80 mètres. Océan est cerné de divinités marines. La bouche ouverte, il laisse s’écouler les flots. Des serpents s’échappent de ses oreilles en cornet ; deux dauphins apparaissent dans les ondulations de sa barbe. Derrière Océan, des amours déploient une tenture luxueuse.

 

Mosaïque de Thétis et Triton, aussi issue des thermes de la villa de Saint-Rustice. La néréide Thétis, fille de Nérée et mère d’Achille, est accompagnée de Triton qui joue de la flûte de pan

 

La statuaire romaine est particulièrement représentée et variée. Nous avons choisi ces 7 exemples, en commençant par les humains et en terminant par les divinités :

Sculpture d’un vir togatus (homme en toge), en calcaire. La toge symbolise la citoyenneté accordée par le pouvoir romain. La partie supérieure était creusée pour pouvoir y encastrer une tête-portrait.

 

Pied d’une statue chaussé d’une crepida (sandale à lanières) richement décorée, trouvée à Toulouse.

 

Fragment de dédicace en marbre au consul Quintus Fufius, datant de 47 après JC : c’est l’une des plus anciennes inscriptions latines des Gaules. Elle mentionne la construction d’un temple financé par des hommes libres (romains ou italiens) et d’esclaves aux noms grecs.

 

Côté divinités :

Tête de Minerve en marbre.

Minerve était la déesse romaine de l’artisanat, de la raison, de l’intelligence et de la guerre et elle était assimilée à la déesse grecque Athéna, par le phénomène du syncrétisme. Athéna était réputée être née toute armée de la tête de Zeus (équivalent romain : Jupiter). Minerve porte un casque basculé vers l’arrière dont la visière est percée de deux trous à l’emplacement des yeux. Le buste de Minerve est protégé par l’égide, cette cuirasse en beau de chèvre bordée de serpents et ornée de la tête de la Gorgone Méduse. Celle-ci avait le pouvoir de pétrifier ceux qui la regardaient.

Pilier hermaïque

Il représentait Hermès, le dieu grec du commerce, assimilé au dieu romain Mercure. Ce pilier ornait le jardin d’une riche demeure. On trouvait aussi ce type de piliers au sommet des bornes des carrefours.

 

 

 

 

 

 

Statue en marbre représentant Hercule (l’Héraklès grec) et le sanglier d’Érymanthe. Il s’agit du quatrième des douze travaux d’Hercule. Un gigantesque sanglier vivait sur la montagne d’Érymanthe (en Arcadie, au centre de la péninsule du Péloponnèse) d’où il dévastait toute la région. Hercule fut appelé à la rescousse par le roi Eurysthée pour capturer vivante la redoutable bête. Il pourchassa le sanglier pendant l’hiver jusqu’à provoquer l’épuisement de l’animal. Puis il l’attrapa vigoureusement contre la poitrine et le ramena au roi Eurysthée. Sur ce relief, le sanglier est figuré d’une taille modeste pour magnifier celle d’Hercule.

 

Dernier exemple de statuaire : un homme divinisé ! Ce qu’étaient précisément les empereurs romains. Nous avons particulièrement apprécié ce buste de Marc-Aurèle âgé, l’empereur-philosophe qui régna de 161 à 180 après JC. Il est exposé dans la galerie des portraits issus de la villa de Chiragan.

Admirez la finesse des cheveux, de la barbe et du drapé… Ce buste est cuirassé car Marc-Aurèle est représenté en Germanicus, son cognomen, étant donné qu’il mena des campagnes militaires victorieuses contre les Germains et les Sarmates pour défendre le limes et les provinces de Pannonie et de Dacie.

 

Nous sommes alors au « siècle des Antonins », l’âge d’or de l’Empire romain, à son extension territoriale maximale, c’est l’époque de la pax romana.

Galerie des bustes de la villa de Chiragan

Pour aller plus loin : l’ensemble des sculptures de la villa de Chiragan, site archéologique exceptionnel est mis en ligne sur le site du Musée de Saint-Raymond.

 

Passons maintenant au théâtre, à l’alimentation puis aux objets de la vie quotidienne.

Ces masques de théâtre en marbre blanc représentaient les principaux personnages-types du théâtre antique (tragédie, comédie, drame satirique). Les masques étaient portés par les acteurs (qui ne jouaient donc pas tête nue !) et servaient de porte-voix. Les masques permettaient à un même acteur d’incarner plusieurs personnages successivement car le nombre d’acteurs était réduit sur scène.

 

Amphores à vin ou à garum (saumure de poisson), en terre cuite,
provenant d’Italie, d’Hispanie ou de Narbonnaise

 

Les vitrines dédiées à la vie quotidienne regorgent de pépites :

 

Dé inscrit en terre cuite

Clochette en bronze

 

 

Lampe en bronze en forme de canard

Peigne en os et fer

 

Stylet en bronze et moule en terre cuite…

… pour réaliser ce sceau de propriété en bronze

 

Nous espérons que cette sélection vous a plu ! Elle illustre tout l’intérêt du musée Saint-Raymond de Toulouse comme objectif de visite pour les passionnés des langues et cultures de l’Antiquité.

 

N. B. : les illustrations sont des photos personnelles, sauf celles référencées.

A propos ju wo

Professeur de français et des options FCA et LCA dans l'académie de Lille. Passionnée de cultures antiques et de langues anciennes et attachée à leur rayonnement et à leur promotion dès l'école primaire. Co-responsable du concours ABECEDARIVM pour l’association ATC.

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