Mon odyssée vers le grec ancien avec Ἕρμαιον
5 / ” Ὦ φίλ’, ἐπεὶ νόστησας (…) ἡμῖν (…), οὖλέ τε καὶ χαῖρε, θεοὶ δέ τοι ὄλϐια δοῖεν “
(Ami, puisque tu nous es revenu, je te souhaite santé et bonheur et que les dieux te comblent de bienfaits)
C’est par ces mots chaleureux que Dolios, le serviteur de Pénélope, accueille Ulysse à Ithaque, au vers 402 du Chant XXIV de l’Odyssée (dont le portail d’Arrête ton char publie une version juxtalinéaire, parmi tant d’autres textes grecs et romains). Si vous lisez ce cinquième et dernier article, c’est que le périple d’Ἕρμαιον – Initiation au grec ancien vous a tenu en haleine. Il se termine le mieux du monde, et combien de bienfaits reçus !
Tout d’abord, le dévouement et la gentillesse admirables de ma correctrice, professeur retraitée de lettres classiques, qui se reconnaîtra. Je lui suis reconnaissant pour la qualité et la rapidité de ses corrections, pour ses encouragements et nos rencontres dans les restaurants du Quartier latin. Elle continue de m’accompagner au rythme de ma progression, qui va être un peu plus lente, maintenant que je m’engage au sein de la communauté des langues et cultures anciennes.
Ensuite, je remercie vivement l’association Connaissance hellénique, parce que le Service d’initiation au grec ancien qu’il propose à distance n’a pas d’équivalent. Certes, on n’est pas dans le multimédia à tout-va : c’est une méthode traditionnelle qui repose sur l’étude, comme avant l’informatique personnelle, Internet, les smartphones, les tablettes, les réseaux sociaux. Comme les générations qui nous ont précédés.
Mais quel condensé de grec ancien dans Ἕρμαιον ! L’ouvrage met, à juste titre, l’accent sur l’apprentissage de la langue grecque, sans laquelle la connaissance de l’Antiquité risque de se réduire à de la culture générale (littérature, histoire-géographie, philosophie…). Il n’est cependant nullement dépourvu d’éclairages civilisationnels, sur la littérature, l’histoire, la mythologie, la religion, la politique, l’économie et la société.
Ma conviction ? C’est d’abord par la langue et les œuvres que l’on s’imprègne de la culture, pour penser et s’exprimer comme les anciens Grecs : ce n’est pas un détour austère, c’est la “sublime porte”. Les « Langues et cultures de l’Antiquité » doivent marcher sur leurs deux jambes ! En apprenant le grec ancien, on engrange autant sur nos ancêtres issus de cette péninsule ingrate flanquée d’archipels, à partir de laquelle ils ont essaimé dans tout le bassin méditerranéen, que sur la civilisation romaine qui en a recueilli l’héritage et sur nous-mêmes qui en sommes largement tributaires. L’effort est amplement récompensé.
Enfin, ma reconnaissance va à Jean-Victor Vernhes, le génie sans lequel rien n’aurait été possible. Lui qui tiré de son expérience la volonté farouche de mettre le pied à l’étrier de toute personne intéressée, au cours de sa vie. Je vous remets le lien vers l’interview dans laquelle il a raconté la genèse d’Ἕρμαιον.
Ἕρμαιον : ” la méthode dont j’aurais aimé disposer lors de mes débuts, une méthode présentant une progression de textes authentiques, autour desquels s’articuleraient grammaire, vocabulaire, exercices ” (Jean-Victor Vernhes)
Alors, que personne ne vienne dire : « c’est pas pour moi »… le Service d’initiation à distance s’adapte au rythme de l’élève, qui n’est nullement obligé de réaliser l’ensemble des exercices du manuel, d’ailleurs. En outre, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’interrompre l’apprentissage pendant plusieurs semaines à cause de « coups de collier » professionnels. Ce qui forme une bonne transition car ma recension ne serait cependant pas tout à fait complète sans une indication du temps de « formation tout au long de la vie » que j’ai consacré à apprendre le grec ancien.
Connaissance hellénique demande à chaque élève de rédiger un rapport de travail à la fin de chaque degré, par conséquent après l’étape 14 et après l’étape 28 pour les deux premiers degrés. Cet exercice se rapproche de celui d’un dossier de « validation des acquis de l’expérience », sans formalisme ; il incite à prendre de la hauteur, ce qui est bienvenu. C’est que l’autodidacte est autant son propre professeur que son propre élève : il a tout intérêt à analyser ses pratiques ! Cette introspection renseigne aussi le correcteur et Connaissance hellénique sur le chemin parcouru.
D’après mes rapports de travail des 1er et 2ème degrés et en complétant sur les étapes 29 à 35, mes séances de travail direct sur les étapes d’Ἕρμαιον se sont étalées sur près de 150 jours sur une période de deux ans. Par jour travaillé, j’estime la durée moyenne d’une séance entre 2 à 3 heures, souvent le soir tard ou le week-end (on n’a rien sans rien !). Ce qui représente au total près de 500 heures, en tenant compte des « extras » (par exemple, les lectures dans les transports, pour défricher ou réviser). Ce à quoi je pourrais ajouter, dans une approche large, le temps de la recherche documentaire sur Internet et l’élaboration (tout à fait facultative) de fiches et surtout de mon lexique des étapes 1 à 35 – je n’ose pas calculer le temps consacré.
Un dernier truc, qui m’a été précieux pour vérifier les formes verbales, lors des versions et des thèmes, c’est le Wiktionary britannique, qui n’a pas son équivalent français. Vous pouvez saisir sur https://en.wiktionary.org/wiki/ le verbe à la première personne du singulier de l’indicatif présent actif, précédemment dactylographié sur le clavier en ligne https://www.lexilogos.com/clavier/ellenike.htm, ou par tout autre moyen de votre choix, et vous obtenez l’intégralité de la conjugaison.
Il me reste à vous remercier de m’avoir lu jusqu’au bout, en espérant que ce feuilleton estival vous soit agréable (ἡδύ), utile (ὠφέλιμον) et inspirant (ἐνθουσιαποιόν – allez, je m’autorise ce néologisme, plutôt que de recourir au participe présent indicatif ou aoriste de ἐνθουσιάζω) !
Laurent Caillot (pour me contacter : laurentcaillot@yahoo.fr)
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