NUMISmythique #épisode 2 : une histoire de justice

Maxime Cambreling est un professeur de lettres classiques passé par l’école du Louvre, le musée du Louvre et le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) avant d’enseigner au collège Camus de Bayonne. Il est en outre mon référent numismatique !

Je vous propose de mettre en lumière tout l’été (et plus si affinité !) les publications qu’il a partagées avec nous sur les réseaux dans cette chronique baptisée pour l’occasion NUMISmythique. De quoi s’agit-il ? De numismatique, l’étude des pièces de monnaies, et des mythes, ces histoires passionnantes qui fondent la culture antique.

Je vous souhaite de belles découvertes lors de ce nouveau rendez-vous du dimanche !

Julie Wojciechowski 

Une histoire de justice…

IVSTITIA / Justitia n’est pas la divinité allégorique la plus présente sur les monnaies romaines. Elle devrait néanmoins être une vertu impériale. Mais on lui préfère l’équité (AEquitas), qui n’est pas loin de l’équanimité (et de la clémence par extension).

Néanmoins, on la trouve évidemment en tête à droite, à l’avers de bronzes de Tibère. Avec sans doute le portrait de Livie.

Mais on la trouve plus souvent sur les monnaies des Antonins, avec une iconographie assez fixe : assise trônant, avec patère dans la main droite et appuyée sur un sceptre de la main gauche.

Distincte des grecques Dikè et Thémis, elle est sans doute sur les monnaies plus spécifiquement Justitia Augusta, telle qu’elle était célébrée dans un temple dédié par Auguste en 13 avec cette icono où elle trône.

Barbara Lichocka lui a consacré une étude (Justitia sur les monnaies impériales romaines, Travaux d’archéologie méditerranéenne de l’académie polonaise des sciences, 1974), utile pour les sources littéraires mais largement perfectible question numismatique (il faut dire qu’elle n’avait accès qu’aux collections du musée national de Varsovie).

Elle y montre, notamment, que l’icono reprend largement celle de l’Héra d’Argos.

Notons que dans l’icono romaine, Justitia n’est que rarement dotée d’une balance, contrairement à l’idée qu’on s’en fait aujourd’hui.

L’iconographie de Justitia figurait donc surtout une figure féminine assise avec patère et sceptre.

 

Mais, très à la marge, on trouve aussi la balance comme attribut.

Il faut chercher du côté de Pescennius Niger (193-194), usurpateur en Orient.

C’est sans doute son éloignement de Rome qui permet une variation de l’iconographie : à Rome, la statue de Justitia Augusta devait être dans tous les esprits.

Il lui donne donc une balance dans la main droite. La main gauche pouvait s’appuyer sur un sceptre ou tenir une corne d’abondance. C’est aussi l’iconographie de Moneta et d’Æquitas.

Hormis chez Pescennius Niger, on a un objet étrange sous Julien II avec cette même iconographie. Il s’agit d’un bronze de 361-363, 4.30g, 22mm, 11h, qui ressemble à une monnaie au point d’avoir ANT à l’exergue. Néanmoins, il est présenté comme un médaillon ou un poids de solidus, en comparaison avec d’autres exemples plus tardifs portant une image semblable mais avec des légendes qui l’identifient à la Monnaie ou aux 3 Monnaies (ce qui serait bien plus logique pour des poids monétaires). J’ai quand-même du mal à y voir un poids monétaire. Mais alors ce serait une monnaie de bronze ??? Absent du RIC et de Gnecchi.

Cet objet unique fait regarder différemment les petits bronzes posthumes de Constantin IVST VEN MEM dont la légende se laisse difficilement comprendre. La Mémoire Justement Célébrée ??? La figure féminine avec la balance étant souvent vue comme une Æquitas, pourquoi ne pas y voir une IVST(itia) comme pourrait le permettre la légende ?

Maxime Cambreling

 

Lire l’épisode 1

Lire l’épisode 3

A propos ju wo

Professeur de français et des options FCA et LCA dans l'académie de Lille. Passionnée de cultures antiques et de langues anciennes, attachée au rayonnement et à la promotion des cultures antiques dès l'école primaire. Responsable du concours ABECEDARIVM pour l’association ATC.

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