On a testé pour vous : expo sur L’Olympisme au Louvre

On a testé pour vous : expo sur L’Olympisme au Louvre

 

Aujourd’hui je vous montre quelques-uns de mes coups de cœurs.

Loin d’être exhaustive, cette sélection a le mérite de pouvoir être exploitée en classe. J’ai ciblé quelques lectures épigraphiques et des œuvres aux anecdotes amusantes.

Visible jusqu’au 16 septembre, l’exposition « Olympisme » fait venir des œuvres qui vont attirer notre curiosité.

Bonne visite !

_ Julie Wojciechowski

 

Stèle agonistique, gravée par Timarchides Lysistratou, Trypa, région de Chalkis, Eubée, 2e siècle av. J. –C., marbre gris, musée archéologique de Chacis

 

Avant de pénétrer dans la section de l’exposition provisoire, nous sommes accueillis par cette immense  stèle.

C’est une stèle agonistique, de ἀγών en grec, la compétition, le concours, qui représente allégoriquement les victoires par des feuillages évoquant les couronnes de laurier que recevaient les athlètes vainqueurs.

C’est un peu comme un catalogue des victoires puisque chaque couronne est associée à un athlète, à un lieu et au type d’épreuve qu’il a remportée.

On croirait déjà voir se dessiner les anneaux olympiques.

 

Voici une sélection d’inscriptions en grec ancien qui figurent sur cette stèle. Il s’agit du nom des épreuves sportives.

Des courses :

Le fameux pentathlon :

Des sports de combat :

Des courses pour les plus jeunes :

 

Cette vidéo balaie le palmarès : il est possible de mettre en pause pour avoir des arrêts sur image et s’amuser à déchiffrer d’autres inscriptions.

 

 

Ensuite, mon attention s’est portée sur ce lécythe à figures noires représentant Hercule atlante, c’est-à-dire qu’il imite Atlas portant la voûte céleste.

Lécythe à figures noires, attribué au Peintre d’Athéna, 490-480 av. J.-C., Musée national archéologique d’Athènes

 

J’ai déroulé le vase en le dessinant, et expliqué le mythe attenant sur ce post : https://www.instagram.com/p/C9pdFVdMKrP

 

 

Que fait Hercule dans une exposition sur les Jeux olympiques ? La réponse se trouve peut-être chez Lysias qui nous apprend que « le premier, il organisa ces jeux ».

Lysias (440-378 av. J. –C.) est un orateur qui, dans un discours aux Jeux olympiques, invite les Grecs à cesser leurs discordes et à être unis dans la paix. Il a pour vocation à être lu aux jeux olympiques.

Voici un extrait du  Discours olympique, XXXIII, 1 :

Ἄλλων τε πολλῶν καὶ καλῶν ἔργων ἔνεκα, ὦ ἄνδρες, ἄξιον Ἡρακλέους μεμνῆσθαι, καὶ ὅτι τόνδε τὸν ἀγῶνα πρῶτος συνήγειρε δι’ εὔνοιαν τῆς Ἑλλάδος. Ἐν μὲν γὰρ τῷ τέως χρόνῳ ἀλλοτρίως αἱ πόλεις πρὸς ἀλλήλας διέκειντο· ἐπειδὴ δὲ ἐκεῖνος τοὺς τυράννους ἔπαυσε καὶ τοὺς ὑβρίζοντας ἐκώλυσεν, ἀγῶνα μὲν σωμάτων ἐποίησε, φιλοτιμίαν δὲ πλούτου, γνώμης δ’ ἐπίδειξιν ἐν τῷ καλλίστῳ τῆς Ἑλλάδος, ἵνα τούτων ἁπάντων ἕνεκα εἰς τὸ αὐτὸ συνέλθωμεν, τὰ μὲν ὀψόμενοι, τὰ δ’ ἀκουσόμενοι· ἡγήσατο γὰρ τὸν ἐνθάδε σύλλογον ἀρχὴν γενήσεσθαι τοῖς Ἕλλησι τῆς πρὸς ἀλλήλους φιλίας. Ἐκεῖνος μὲν οὖν ταῦθ’ ὑφηγήσατο, ἐγὼ δὲ ἥκω οὐ μικρολογησόμενος οὐδὲ περὶ τῶν ὀνομάτων μαχούμενος. Ἡγοῦμαι γὰρ ταῦτα ἔργα μὲν εἶναι σοφιστῶν λίαν ἀχρήστων καὶ σφόδρα βίου δεομένων, ἀνδρὸς δὲ ἀγαθοῦ καὶ πολίτου πολλοῦ ἀξίου περὶ τῶν μεγίστον συμβουλεύειν, ὁρῶν οὕτως αἰσχρῶς διακειμένην τὴν Ἑλλάδα, καὶ πολλὰ μὲν αὐτῆς ὄντα ὑπὸ τῷ βαρβάρῳ, πολλὰς δὲ πόλεις ὑπὸ τυράννων ἀναστάτους γεγενημένας. Καὶ ταῦτα εἰ μὲν δι’ ἀσθένειαν ἐπάσχομεν, στέργειν ἂν ἦν ἀνάγκη τὴν τύχην· ἐπειδὴ δὲ διὰ στάσιν καὶ τὴν πρὸς ἀλλήλους φιλονικίαν, πῶς οὐκ ἄξιον τῶν μὲν παύσασθαι τὰ δὲ κωλῦσαι, εἰδότας ὅτι φιλονικεῖν μέν ἐστιν εὖ πραττόντων, γνῶναι δὲ τὰ βέλτιστα τῶν οἵων ἡμῶν ; Ὁρῶμεν γὰρ τοὺς κινδύνους καὶ μεγάλους καὶ πανταχόθεν περιεστηκότας· ἐπίστασθε δὲ ὅτι ἡ μὲν ἀρχὴ τῶν κρατούντων τῆς θαλάττης, τῶν δὲ χρημάτων βασιλεὺς ταμίας, τὰ δὲ τῶν Ἑλλήνων σώματα τῶν δαπανᾶσθαι δυναμένων, ναῦς δὲ πολλὰς μὲν αὐτὸς κέκτηται, πολλὰς δ’ ὁ τύραννος τῆς Σικελίας. Pour d’autres travaux nombreux et glorieux, citoyens, il convient de se souvenir d’Héraklès, et de se rappeler que le premier il organisa ces jeux par bienveillance pour la Grèce. En effet, jusqu’alors les cités étaient hostiles les unes aux autres. Lorsque ce héros eut dépossédé les tyrans et se fut opposé aux orgueilleux, il institua une compétition sportive, une émulation dans le luxe, un concours d’intelligence dans la plus belle contrée de la Grèce, afin que pour toutes ces raisons nous nous réunissions dans un même lieu, pour voir et pour entendre ; il pensa en effet que le fait de se rassembler ici serait pour les Grecs le début de l’amitié mutuelle. Ce héros montra donc le chemin, et moi je ne suis pas venu pour discourir sur des vétilles ni pour chercher querelle sur les mots. Je pense en effet que ces exercices sont le fait des sophistes absolument bons à rien et totalement dénués de ressources, mais qu’il appartient à un homme de bien et à un citoyen de valeur de donner des conseils sur les sujets les plus importants, quand je vois que la Grèce se comporte ainsi honteusement, et qu’une grande part de son territoire est soumise au Barbare, et que de nombreuses cités sont ruinées par des tyrans. Et si nous subissions cela à cause de notre faiblesse, il faudrait bien supporter le sort ; mais puisque c’est à cause de notre désaccord et de notre goût des disputes entre nous, comment ne faudrait-il pas faire cesser l’un, empêcher les autres, sachant qu’aimer les disputes est le fait des gens prospères, mais que reconnaître ce qui est le mieux appartient à des gens tels que nous ? Nous voyons en effet les dangers, grands et qui nous entourent de toutes parts ; vous savez que le pouvoir appartient à ceux qui dominent la mer, que le Roi est détenteur de l’argent, que la vie des Grecs appartient à ceux qui peuvent dépenser, qu’il possède lui-même beaucoup de navires, et que le tyran de Sicile en possède aussi beaucoup.

 

Continuons notre visite en faisant une pause devant ce cratère à figures rouges mettant en scène une lampadédromie. Décomposons ce terme qui au final est très simple à comprendre : lampadé-, de λαμπάς, qui a donné lampadaire, et -dromie, de δρόμος, la course. D’ailleurs nous connaissons le suffixe –drome, dans vélodrome ou hippodrome par exemple, qui, aujourd’hui, ne désigne plus la course en elle-même mais le lieu où se déroule à course.

En d’autres termes, c‘est une course aux flambeaux, qui aurait inspiré à la recréation des J.O. fin 19e siècle, le passage de relais de la flamme olympique.

Cratère signé Nicias, Athènes, 420-400 av. J. C., British Museum, Londres

 

Nouvel arrêt devant cette amphore panathénaïque.

C’est le lot du vainqueur des jeux d’Athènes, comme son nom l’indique. L’athlète recevait une amphore remplie d’huile des oliviers sacrés par Athéna : d’un côté Athéna était représentée, ici, ce côté du vase n’était pas visible, de l’autre comme nous l’avons sous les yeux, l’épreuve remportée : ici c’est donc l’amphore d’un coureur !

Amphore panathénaïque, attribuée au Peintre de Cléophradès, Athènes, 500 av. J.-C.

 

Où sont les femmes ?

On trouve de rares représentations de femmes athlètes, souvent en train de courir. Je m’arrête devant cette statuette que j’avais dessinée, conservée à Athènes, je suis ravie qu’elle vienne à moi !

Statuette trouvée dans le sanctuaire de Zeus à Dodone, 550 av. J.-C., Musée national archéologique d’Athènes.

 

 

Voici le post que je lui avais consacré : https://www.instagram.com/p/C8OnfGysUbh/

En bref, deux hypothèses sur son identité : soit il s’agit d’une coureuse spartiate, soit elle concourt aux Héraia, les jeux spécialement dédiés aux femmes.

 

Voici quelques moulages du 19e siècle, repris des représentations sur les vases grecs, qui illustrent les épreuves du pentathlon.

Ces médaillons sont l’oeuvre de l’artiste Emile Gilliéron.

L’enseignante que je suis ne peut pas m’empêcher d’y voir des mots-images. Je vous laisse vous amuser à déchiffrer les inscriptions :

Amphorisque (petit vase en forme d’amphore utilisé pour la toilette) attribué au Peintre de Phythoklès, début du 5e siècle av. J.-C., Musée national archéologique d’Athènes

 

Terminons avec mon coup de cœur : cette plaque de sarcophage d’enfant montrant des amours athlètes.

Face d’un sarcophage d’enfant, IIe siècle ap. J.-C. Marbre, Paris, musée du Louvre

 

Ce décor se présente  sous la forme d’une frise où chaque personnage est saisi alors qu’il est en train d’exécuter un mouvement précis :

Un discobole et un lanceur de javelot sont représentés à gauche.

Puis vient une scène cocasse de lutte.

Célébrés en musique deux athlètes sont ornés d’une couronne et d’une palme, deux symboles de victoire.

Viennent les sports de combat, probablement le pancrace ou le pugilat. Tout à droite, un pugiliste porte une manica, protection qui couvre l’avant-bras ou le bras, comme certains gladiateurs.

 

Pour aller plus loin :

“Olympisme : une invention moderne, un héritage antique”

“Olympisme : une invention moderne, un héritage antique” Que sait-on exactement sur la naissance des JO ? Qui sait que, derrière l’événement sportif mondialement connu, se cachent, outre Pierre de Coubertin, divers érudits français et grecs attachés à promouvoir la paix par la pratique du sport en repartant de l’étude des textes et des témoignages archéologiques de la Grèce antique ? Au centre de cette aventure, un artiste encore inconnu : Emile Gilliéron (1850-1924) artiste officiel des premiers JO à Athènes qui fut à l’origine des premiers outils de communication de la plus grande manifestation sportive.

Jusqu’au 16 septembre 2024, musée du Louvre

 

DOSSIER PÉDAGOGIQUE EN LIEN AVEC L’EXPOSITION :

https://api-www.louvre.fr/sites/default/files/2024-04/EXE_DOSSIER_PEDAGOGIQUE_OLYMPISME.pdf

 

 

MEMINI #4 : Ressources pour préparer les JO en classes de FCA et de LCA

https://www.arretetonchar.fr/memini-4-ressources-pour-preparer-les-jo-en-classes-de-fca-et-de-lca/

 

A propos ju wo

Professeur de français et des options FCA et LCA dans l'académie de Lille. Passionnée de cultures antiques et de langues anciennes, attachée au rayonnement et à la promotion des cultures antiques dès l'école primaire. Responsable du concours ABECEDARIVM pour l’association ATC.

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