Entretien avec Marine Renauld : la Pause Antique s’impose !

Envie d’écouter une tranche de vie antique ? Aujourd’hui, retrouvons Marine Renauld qui nous présente un tout nouveau podcast qu’elle a réalisé et animé. Cette professeure de Lettres Classiques au collège, et autrice chez La Vie des Classiques, nous emmène à la découverte de la vie quotidienne des Romains, des Grecs et de bien d’autres civilisations pour apprendre à mieux connaître les Anciens. Grâce à Marine Renauld, désormais, la Pause Antique s’impose.

 Julie Wojciechowski

 

https://podcast.ausha.co/la-pause-antique

 

 

ATC : Bonjour Marine Renauld, quelle est la genèse de ce podcast ?

Marine Renauld : C’est en écoutant moi-même des podcasts que l’idée d’en créer un m’est venue, mais cela a mis du temps à faire son chemin dans mon esprit. J’ai été beaucoup encouragée, notamment par Guillaume Diana, le créateur de Par le petit bout du mythe et mon co-auteur pour Ex nihilo. Genesis deorum, et j’avais aussi en tête des remarques d’élèves qui me disaient qu’ils aimaient bien ma voix en cours. Parler de l’Antiquité m’a semblé une évidence car il faut montrer au grand public qu’elle est toujours vivante et qu’elle a de nombreux échos dans notre vie et notre culture.

 

ATC : Quel est le format de la “Pause Antique” ?

Marine Renauld : L’idée derrière “La Pause Antique” est de proposer un format court, qui permette de faire une véritable pause dans sa journée, pour découvrir un point précis de civilisation antique. A priori, les épisodes tourneront autour de 15 à 20 minutes, même si le premier épisode sorti est plus court.

 

ATC : Pouvons-nous avoir un petit aperçu des thèmes que vous allez traiter ?

Marine Renauld : J’ai interrogé les gens autour de moi (collègues, ami.e.s, famille) pour savoir un peu ce qu’ils avaient envie de découvrir sur le monde antique et une thématique est revenue pratiquement à chaque fois : la vie quotidienne, comment on vivait concrètement dans l’Antiquité. Je ne voulais marcher ni dans les pas de Par le petit bout du mythe, qui parle de mythologie, ni dans ceux de Caput Mundi, qui parle d’Histoire ; je voulais faire entrer les gens dans mon propre univers. J’aime lire des anecdotes quand je prépare mes cours, découvrir la vie antique à travers celles et ceux qui l’ont vécue, en apprendre plus sur les coutumes, les mœurs… La ligne de “La Pause Antique” était trouvée ! J’ai déjà rassemblé de nombreux points que j’aimerais aborder. 

 

ATC : Nous avons déjà pu découvrir le premier épisode sur l’école. 

Marine Renauld : Oui, j’ai commencé par l’école car, en tant qu’enseignante, c’est un thème qui me tenait particulièrement à cœur et qui me semblait une évidence pour démarrer. Parmi mes projets d’épisodes, il y a la question de l’esclavage, les rites religieux, la question du genre et le statut des femmes, mais aussi la mode, la médecine, les loisirs… Je ne me ferme aucune porte car les sources sont variées et très riches.

https://podcast.ausha.co/la-pause-antique/1-les-anciens-un-cas-d-ecole

 

ATC : Justement, parlons des sources. Comment travaillez-vous en amont de l’enregistrement ?

Marine Renauld : Quand je prépare un épisode, une fois la thématique retenue, je vois déjà ce que j’ai pu recueillir en préparant mes propres cours. J’enseigne en collège depuis septembre 2016, je commence à avoir de nombreux documents de côté. Je vais chercher à la fois du côté des sources littéraires directes et du côté des monographies ou des ouvrages de recherche. Par exemple, pour le premier épisode, j’ai relu de longs passage du De institutio oratoria de Quintilien en me replongeant dans mes cours de Master, mais je me suis aussi servie de mes cours de cinquième sur les enfants à Rome, tout en jetant un œil sur des articles évoquant l’éducation dans l’Egypte ancienne, un univers que je connais beaucoup moins. J’ai souvent besoin, pour préparer un travail, de faire l’éponge et de m’imprégner de beaucoup de sources très diverses avant de me mettre à écrire.

 

ATC : Vous citiez les podcasts de Par le petit bout du mythe et de Caput Mundi. Sont-ils votre source d’inspiration ?

Marine Renauld : Oui, pour la vulgarisation scientifique sur l’Antiquité, mais j’écoute aussi T’as qui en Histoire ? et l’ancien podcast Oyez Oh Yeah de Manon Bril et Alex Ramirès. J’écoute en fait des podcasts très éclectiques ! Dans une ligne totalement différente, j’apprécie beaucoup le travail de Louise Aubery dans InPower, que je suis depuis longtemps sur les réseaux. J’écoute aussi, étant anglophile et anglophone, des podcasts en anglais, comme ReRoot, des Youtubeurs Eamon et Bec, et Unreasonably Happy podcast mené par Elise Aabakken, davantage axé sur le développement personnel et la réflexion sur soi.

ATC : C’est bien l’Antiquité qui nous réunit aujourd’hui. Quel serait votre coup de cœur antique ?

Marine Renauld : C’est Virgile qui m’a fait tomber amoureuse du latin, quand j’étais au lycée. La découverte de l’Énéide, avec la catabase d’Énée, a été une révélation : la profondeur du texte, l’ampleur de l’histoire, le flou artistique entre mythe et Histoire… A chaque nouvelle relecture, même après des années, je découvre encore des choses qui m’avaient échappé. Je me souviens aussi d’une citation, calligraphiée au-dessus du tableau de ma salle de latin au lycée, une toute petite salle (nous n’étions pas beaucoup !) à moitié en sous-sol, sous le bâtiment administratif de mon lycée. Cette inscription reprenait Sénèque : “Non exiguum temporis habemus, sed multum perdidimus”. Ce n’est pas que nous avons peu de temps, c’est que nous en avons perdu beaucoup. C’est une autre manière de nous rappeler que le temps est précieux et, en quittant le lycée, j’ai toujours gardé en tête cette phrase et j’essaie de l’appliquer. C’est une autre forme du célèbre “carpe diem“. Si on emploie bien sa vie et son temps, on peut accomplir beaucoup de choses, beaucoup de rêves également. Le tout est de s’en donner les moyens.

 

ATC : Si vous aviez une dédicace à faire, à qui l’adresseriez-vous ?

Marine Renauld : Il y en aurait trois ! D’abord, à mon grand-père maternel, qui était lui-même passionné d’Antiquité même si ce n’était pas son métier, et qui, en me transmettant son vieux Gaffiot, m’a aussi transmis cette envie d’en apprendre plus. Ensuite, au professeur par qui tout est arrivé, Vincent Metzger. En français en seconde, et en latin mes trois ans de lycée, il sait quel rôle il a joué dans ma décision de poursuivre dans les Lettres Classiques, lui qui m’a poussée vers l’hypokhâgne dans une prépa parisienne et tout ce qui s’est suivi à partir de là, je ne saurais que trop l’en remercier. Enfin, à mon jumeau maléfique, Guillaume Diana et pour tous ses “Mais lance-toi !” quand j’hésitais à plonger dans le monde du podcast. Depuis les bancs de la Sorbonne au train beaucoup trop tôt le lundi matin pour aller à l’Espé en Picardie, jusqu’à la publication d’Ex nihilo. Genesis deorum, c’est une bien belle amitié qui nous lie. Et il faut reconnaître que de co-publier un livre avec quelqu’un avec qui on partage sa date de naissance, ce n’est pas courant !

 

ATC : Un dernier petit mot pour vos futurs auditeurs ? Quel profil leur dessinez-vous ?

Marine Renauld : Le plus varié possible j’espère ! Je trouve que tout le monde doit pouvoir avoir accès à l’Antiquité, qu’on ait déjà fait du latin, du grec, d’autres langues anciennes, ou pas ! J’espère que chacun.e pourra y trouver quelque chose d’intéressant : les enseignant.e.s pour leurs cours, les élèves et étudiant.e.s pour en apprendre encore plus, les curieuses et curieuses aussi pour le simple plaisir de découvrir. Je suis en tout cas impatiente d’avoir des retours. Si j’avais un petit mot à leur adresser, ce serait de ne jamais cesser d’apprendre de nouvelles choses ! La vie est d’une richesse incroyable, on n’a jamais fini d’apprendre, de lire et relire, de faire des découvertes. Et je leur dis bien sûr “A bientôt, dans La Pause Antique” !

 

Pour aller plus loin :

Si vous avez des questions à poser à Marine Renauld : lapauseantique@gmail.com

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A propos ju wo

Professeur de français et des options FCA et LCA dans l'académie de Lille. Passionnée de cultures antiques et de langues anciennes et attachée à leur rayonnement et à leur promotion dès l'école primaire. Co-responsable du concours ABECEDARIVM pour l’association ATC.

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