La Parole et le marbre : Aux origines de la poétique grecque (rééd.)


Rayon : Littérature et Philosophie
Texte : Jesper Svenbro
Editeur : Les Belles Lettres
Site de l'éditeur
Collection : Essais
Format : 268
EAN : 9782251451275

Présentation:

Un professeur de l’École Pratique des Hautes Études, ayant accès aux rayons de la Bibliothèque de la Sorbonne, garde ce souvenir datant des années 1980 : « L’un des murs de l’étage des thèses était couvert d’un rayonnage rempli de livres reliés en bleu azur. C’étaient les thèses de l’Université de Lund. Cette surface d’un bleu azur parfait était troublée, toutefois, par un volume devenu noir et littéralement hirsute à force d’avoir été manipulé : c’était un volume que je connaissais bien, La parole et le marbre. »
Rédigée en français, la thèse de doctorat que Jesper Svenbro a soutenue en avril 1976 à l’Université de Lund (Suède) a connu une diffusion certaine grâce aux pratiques d’échange entre universités. Épuisée depuis longtemps, elle renaît maintenant de ses cendres.
De quoi s’agit-il ? Svenbro se propose d’y dresser la généalogie du poète ou, plus précisément, de répondre à la question de savoir pourquoi les Grecs ont choisi le terme poiētēs pour désigner l’auteur de chants ou de « poèmes », étant donné que ce terme signifie normalement « producteur, artisan ». Comme si les poètes grecs anticipaient la formule de Walter Benjamin, « der Autor als Produzent ».
Pour mener son entreprise à bien, Svenbro procède à une enquête sur la façon dont les Grecs se sont représentés l’origine du chant ou du poème, d’abord chez Homère, où l’aède ne se considère pas comme l’auteur de son chant, qui lui vient d’une divinité. Pour le poète choral — qu’il s’appelle Simonide ou Pindare —, composant ses odes sur commande et exigeant une rémunération en récompense, il devient en revanche urgent de se poser comme leur auteur au sens juridique du terme afin de pouvoir figurer comme partie du contrat établi entre commanditaire et poète.
C’est dans cette perspective que Svenbro nous invite à comprendre les métaphores artisanales de la poésie chorale comme les traces d’une situation où le poète devient l’artisan de ses compositions et, en tant que tel, digne d’une rémunération. La poésie, langage désormais savamment travaillé, n’est pas une effusion spontanée mais un objet fabriqué, une architecture, un monument — à l’instar du Trésor des Athéniens à Delphes.

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A propos Thomas Frétard

Enseignant de Lettres classiques : anciennement en collège dans l'académie d'Orléans-Tours, aujourd'hui en CPGE dans l'académie de Bordeaux, au sein de la classe préparatoire littéraire du lycée Bertran-de-Born (Périgueux). Doctorant rattaché au laboratoire CRISES (Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales) de l'université Paul-Valéry Montpellier 3
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