Hommage à  Lucien Jerphagnon (1/5)

France Culture – A voix nue : Hommage à Lucien Jerphagnon (1/5) – 26-09-2011 – 29′

Rediffusion de l’émission du 22 novembre 2004.

Par Raphaël Enthoven et Gislaine David.

De tous les penseurs qu’il a formés, aucun ne lui ressemble et nul n’y prétend car Lucien Jerphagnon est un vrai maître, au sens noble, qui n’écrit pas pour les érudits, ne pense pas à la place des autres mais excelle à dire simplement des choses complexes et à raconter les péripéties de la réflexion dans la langue de tout le monde. Au Banquet du Savoir, il est cuisinier ou maître d’hôtel.

Sur la scène de la pensée, c’est lui qui s’occupe des lumières et dans un musée Jerphagnon serait guide ou conservateur.

Il y a des mystiques à l’envers pour qui Dieu c’est le Diable, des intégristes laïcs qui rient de tout le monde sauf d’eux-mêmes et dont la devise est : circulez, il n’y a rien à croire .

C’est à leur attention que Lucien Jerphagnon propose un armistice entre la science et le mythe, une sorte de trêve entre toutes les versions du monde.

Sous la tutelle de Chateaubriand, qui disait : tout le monde regarde ce que je regarde, mais personne ne voit ce que je vois .

Jerphagnon, agnostique mystique et, l’oeilisur la nuit des temps, ressuscite les vérités rudimentaires enfouies sous la science, désigne l’espérance sans en être l’évangile, et raconte en riant les épopées, la Genèse, les théogonies, les métamorphoses et les peurs ancestrales.

À tous ceux qui détiennent la vérité au péril de leur modestie, il faut recommander la lecture d’un savant qui parle même du sérieux avec humour et refuse d’avoir réponse à tout. Lucien Jerphagnon est un conteur, un aède, un historien de la pensée, narrateur vagabond du seul savoir qui ne progresse ni n’involue jamais.

Est-il meilleure façon de passer la vie, que de faire aimer celle des autres ? Avec lui, et à chacun de ses livres, c’est en souriant qu’on philosophe.

France-Culture vous propose un exercice contre-nature en demandant à Lucien Jerphagnon, l’expert en altérité antique, de parler, pour une fois, en premier, et au présent, de lui-même.

Entretiens réalisés en mars 2004

Invité : Lucien Jerphagnon