Media : France Culture
Emission : Esprit public
Présentation: France Culture – Esprit public : Thématique : Astérix, avec Nicolas
Rouvière – 25-12-2011 – 58′
Nicolas Rouvière, vous êtes Maître
de conférences à l´Université Joseph Fourier – Grenoble 1, où
vous enseignez la littérature et la didactique de la littérature.
Vos recherches portent sur les littératures de grande diffusion et
de jeunesse, en particulier la bande dessinée. Vous vous êtes
particulièrement intéressé à la série créée par Albert Uderzo
et René Goscinny en 1959, et publiée pour la première fois en 1961
dans le journal Pilote : Astérix. En 2006, vous avez publié Astérix
ou les lumières de la civilisation aux Presses Universitaires de
France, livre qui reprenait les principaux éléments développés
dans votre thèse de doctorat, pour laquelle vous avez obtenu le prix
du journal Le Monde pour la recherche universitaire. Dans Astérix ou
la Parodie des identités (Champs Flammarion, 2008), vous vous
attachez à montrer comment Goscinny et Uderzo se sont amusés à
parodier trois domaines : l´imagerie scolaire gauloise d´une
part, les stéréotypes sur les Français ensuite, et les idées
reçues sur les peuples étrangers enfin.
Afin de rappeler à nos
auditeurs la « musique » du texte de Goscinny, citons un extrait
d´Astérix en Corse (Dargaud, 1973), dont vous analysez dans l´un
des chapitres de votre livre les ressorts comiques. L´album s´ouvre
de la façon suivante : « Pour la plupart des gens, la Corse est la
terre natale d´un empereur qui a laissé dans l´histoire des
pages aussi indélébiles que celles inspirées par notre vieux
complice Jules César. C´est aussi le berceau d´un chanteur de
charme à la longue et prestigieuse carrière, dont les refrains où
il est question de Marinella et d´une belle Catarineta, tchi, tchi,
ont fait le tour du monde. C´est aussi le pays de la vendetta, de
la sieste, des jeux politiques compliqués, des fromages vigoureux,
des cochons sauvages, des châtaignes, des succulents merles moqueurs
et des vieillards sans âge qui regardent passer la vie ». Dans
l´introduction de votre livre, vous écrivez : « La matière
première d´Astérix est […] constituée du catalogue de tous les
signifiants figés, censés caractériser la culture des Français et
de leurs voisins : les HLM [rappelons qu´ils désignent les «
Habitations Latines Mélangées »], le PMU, le Home Sweet Home, la
bière chambrée, le plat pays, les moules-frites, notamment ».
Enumération à laquelle on ne peut manquer d´ajouter le SMIG – le
Sesterce Minimum d´Intérêt Gaulois. « Goscinny et Uderzo,
ajoutez-vous, sont en quelque sorte les Viollet-le-Duc des «
mythologies » nationales. Ils se livrent à un véritable
recensement des représentations établies, avant de leur faire subir
le traitement radical de la parodie. ».
Dans un entretien que vous
citez, accordé à Bernard Pivot en 1976 pour le magazine Lire, René
Goscinny racontait : « J´ai vécu à l´étranger nanti d´une
culture française puisque j´ai été élevé dans un collège
français, et la France, vu de l´étranger, est une chose très
spéciale, qui correspond peu à la réalité, il faut bien le dire.
». Vous racontez que lorsqu´un admirateur, cherchant à identifier
chacun des auteurs d´Astérix, lui demandait : « Et vous, vous
êtes qui ? », le scénariste aimait à répondre : « Moi, je suis
l´autre ». Au-delà de la boutade, « c´est peut-être le secret
même d´Astérix, écrivez-vous, qui est à entendre derrière
cette curieuse formule. ». Pour ouvrir notre discussion, j´aimerais
vous interroger sur le sens de cette analyse. Que voulez-vous dire,
lorsque vous écrivez que cette formule, « Moi, je suis l´autre »,
est une clé de lecture pour comprendre Astérix ?
Invités :
Nicolas ROUVIàˆRE, Maître de
conférences en littérature à l´Université de Grenoble 1,
chercheur spécialisé dans les littératures de grande diffusion et
la bande dessinée
Max GALLO, romancier et historien
Eric LE BOUCHER, directeur de la
rédaction d´Enjeux-Les Echos, éditorialiste du site Slate.fr
Thierry PECH, directeur de la rédaction
d´Alternatives Economiques
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