Couverture du Musée imaginaire de Paul Veyne : Zeus et Io, par Le Corrège

Les procréations assistées – Deuxième grossesse de Zeus : naissance de Dionysos



Media : France Culture
Emission : Nous serons comme des dieux

Présentation:

France Culture – Nous serons comme des dieux : Les procréations assistées – Deuxième grossesse de Zeus : naissance de Dionysos – 09-07-2014 (6′)

Notre ami Jupiter, Zeus pour les Grecs, ne s’est pas contenté d’avaler sa première épouse. Après avoir solennellement épousé en justes noces Héra, sa sœur préférée, il la trompa abondamment. En général, il se travestissait. En cygne, en taureau, en pluie d’or, en prenant les traits de l’époux parti à la guerre, bref, il ne se montrait pas. Sauf une fois.

Zeus ne se déguisa pas avec Sémélé, une presque mortelle qui n’avait qu’une demi-portion de divinité. Sémélé était l’une des filles de Cadmos et de la déesse Harmonie, mariage arrangé par les dieux pour mettre fin à l’affaire de demoiselle Europe, la sœur de Cadmos, enlevée par Zeus sous la forme d’un taureau blanc. Cadmos cherchait partout sa sœur, l’affaire devenait gênante, les dieux y mirent bon ordre, donnant à Cadmos le royaume de Thèbes et une épouse divine.

Les noces de Cadmos et Harmonie furent somptueuses, en présence de tous les dieux et déesses. Il s’y passa deux événements notables.

D’abord, Harmonie reçut de Prométhée un collier qui porta malheur à toutes ses filles et à toutes celles qui le portèrent ensuite, comme par exemple Jocaste, mère-épouse d’Œdipe, roi de Thèbes.

 Ensuite, comme une mauvaise fée, la déesse Discorde, n’étant pas invitée, se vengea en jetant sur la table des mariés une pomme d’or où trois mots étaient gravés :  A la plus belle. A cause de cette pomme d’or que se disputaient trois des déesses présentes, un berger fut appelé à juger de leur beauté, on lui promit la plus belle femme du monde, le berger enleva la belle Hélène et la guerre de Troie éclata. Pendant le même temps, naissait la belle Sémélé.

Zeus s’en éprit. Sémélé fut enceinte. Comme à son ordinaire, la jalouse Héra, la légitime de Zeus, s’en donna à cœur joie pour persécuter la jeune femme. Héra prit les traits de la nourrice de Sémélé et lui susurra qu’elle devrait demander à son divin amant de se montrer dans toute sa gloire.

La gloire de Zeus comprend le tonnerre, les éclairs et la foudre. Héra savait parfaitement que, s’il acceptait, Zeus foudroierait la pauvre Sémélé. C’est pourquoi, pour être sûre de son coup, elle suggéra à la jeune femme de faire jurer Zeus par le Styx. Les dieux ont des limites : quand un dieu a juré par le Styx, s’il se parjure, il est déchu pour dix ans de sa divinité, n’a plus droit à boire le nectar et à se nourrir d’ambroisie, bref, il est au piquet. Zeus n’a rien vu venir.

Sémélé commence par faire jurer Zeus par le Styx qu’il lui donnera tout ce qu’elle veut. Le roi des dieux s’engage. Alors la pauvre petite formule son désir : le voir dans sa gloire. Zeus est coincé. Il se dévoile, et sa foudre embrase le corps de Sémélé.

Avant qu’elle soit entièrement carbonisée, Zeus se précipite, ouvre d’un coup le ventre, en extrait le fœtus et le recoud dans sa cuisse.  Après tout, n’a-t-il pas déjà été enceint de sa fille Athéna ?

Une fois à terme, Zeus se fait ouvrir la cuisse. Un fils en sort. C’est le petit Dionysos, qui sera « deux fois né », une fois du ventre de sa mère, une fois de la cuisse de son père. Il est même tellement deux fois né qu’un autre mythe, de tradition orphique, le fait dépecer par des Titans qui le mettent à cuire dans un grand chaudron.

Le cœur du petit Dionysos jaillit de l’eau bouillante. Athéna le ramasse et le porte à Zeus qui le donne à Sémélé et l’histoire recommence, la cruelle histoire du bel adolescent aux boucles si noires qu’elles ont des reflets bleus, le jeune dieu de l’ivresse qui force les femmes mariées à quitter leurs foyers pour devenir bacchantes en déchirant des génisses à mains nues dans les bois et forêts.

Une chose m’intrigue. Je n’ai pas la réponse. Deux fois né est le terme qu’on utilise dans l’hindouisme en Inde pour désigner les garçons des trois castes supérieures, nés du ventre de leur mère puis, à sept ans, né à leur supériorité par une initiation. Bien sûr, un lien puissant relie Dionysos à l’Inde, où il est supposé être allé en voyage. Mais contrairement aux idées du XIXème siècle, il est désormais attesté que Dionysos est un dieu authentiquement grec, nullement venu d’Asie. Deux fois né, mais grec. Un Grec façon hindoue.

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