Ulysse et Nausicaa, par Pieter Lastman, 1619, Alte Pinakothek, Munich. Ulysse supplie Nausicaa à genoux de lui donner des vêtements et de lui montrer la ville.

Les amoureux massacrés, Attis, le pin émasculé



Media : France Culture
Emission : Nous serons comme des dieux

Présentation:

France Culture – Nous serons comme des dieux – Les amoureux massacrés, Attis, le pin émasculé – 14-07-2014

Son grand-père était Zeus, Jupiter à Rome. Sa grand-mère, une roche qu’on appelait Cybèle. Et son père était un dangereux hermaphrodite nommé Agditis.

Reprenons.  Un jour, Zeus tomba amoureux de la roche Cybèle et chercha comment la pénétrer. Son désir n’était pas désintéressé : la roche avait été formée avec les pierres échappées au déluge, et qui furent les premiers humains. Voici donc Jupiter  cherchant un trou dans la roche, et n’en trouvant aucun. Furieux, il répand sa semence sur la roche et un enfant en naît, en hurlant. C’est l’hermaphrodite Agditis.

Il hurle, viole les déesses, les femmes, les garçons. Réunis en conseil, les dieux décident de lui enlever son sexe mâle, supposé le plus dangereux. Dionysos veut bien s’en charger, parce que le dieu de l’ivresse sait comment abrutir n’importe qui.

Donc, Dionysos fait boire l’hermaphrodite. Une fois qu’il est endormi, Dionysos lui ligote les testicules et les relie à deux cordes bien serrées autour des chevilles. Au réveil, Agditis se redresse et se châtre lui-même. De son sang jaillissant sur la terre sort un grenadier, aussitôt couvert de grenades bien mûres.

Ah ! La grenade, le fruit le plus cité dans la Bible, symbole de sexe ou de cohésion sociale, grenade, pomme d’amour… Nana, la fille d’un fleuve, passe par là et cueille une grenade qu’elle place sur son ventre. Sur son ventre ? Plutôt dedans ! Car Nana est enceinte du fruit aux grains rouges, et son fils sera Attis.

Rejeté par le père-fleuve, Attis est élevé par des chèvres et devient le plus bel adolescent du monde. Il a trois amoureuses, et pas n’importe lesquelles.

La première est sa grand-mère Cybèle. La deuxième est l’ancien hermaphrodite. La troisième, une mortelle, est la princesse de Pessinonte, qu’il va épouser.

Les noces se préparent et le roi de Pessinonte, prudent, fait construire de hautes tours pour protéger sa fille. Peine perdue. Cybèle force les remparts avec sa tête de roche, c’est pourquoi on dit d’elle qu’elle est « couronnée de tours ».

Agditis l’ex-hermaphrodite surgit en transe au milieu du banquet nuptial. Or la transe est contagieuse ! Et voilà que la princesse se tranche les seins tandis que son père s’arrache les testicules. Reste Attis. Il fait de même, au pied d’un pin, en lançant ses couilles à la tête de sa mère.

Du sang d’Attis naîtront les violettes, de celle  de sa fiancée, les fleurs de l’amandier. Seule Cybèle la roche se préoccupe du cadavre du jeune homme, dont elle enterre précieusement les testicules. Puis elle obtient des dieux que le corps échappe à la corruption et que son petit doigt puisse encore bouger.

Le culte de Cybèle, réglementé à Rome en 415 après notre ère, avait comme prêtres des  eunuques qui s’émasculaient religieusement le jour de la mort d’Attis. Représenté par un pin coupé entouré de bandelettes, le bel Attis entrait solennellement dans la ville, son petit doigt de  branches vertes remuant encore.

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