Menace à Olympie

Miguel Coimbra a 31 ans et vit près de Saint-Etienne. Il a d’abord travaillé comme graphiste avant d’évoluer dans le domaine du jeu vidéo. Son univers est celui du fantastique, de l’Histoire et de la mythologie.

Extrait

CRIS DE PIERRE

L’Acropole fume, noyée de poussière de marbre. La colline sacrée grouille d’une fourmilière d’ouvriers et résonne de coups de pic et de maillet ponctués d’appels, d’ordres et de tonitruants coups de gueule. Des équipes de tailleurs de pierre calibrent d’énormes masses destinées aux murs, les polissent et creusent des encoches pour recevoir les crampons en plomb qui scelleront les blocs entre eux. Des hommes mènent des boeufs à grands cris, transportant sur des traîneaux en bois les pierres destinées à la construction du temple d’Athéna.
L’architecte Ictinos ayant décidé d’édifier le Parthénon sur le soubassement d’un autre temple, ce dernier a été entièrement démonté. Entassés au pied de la plate-forme, ses blocs sont réutilisés pour la construction du nouvel édifice. D’anciens éléments de colonne sont ainsi hissés au moyen de treuils et de cordes sur des tambours neufs, puis parfaitement ajustés les uns aux autres.
Derrière cet immense chantier, sur le bord est de la falaise qui domine la ville, Phidias a installé son atelier. Peu d’hommes s’en approchent car le sculpteur tient au secret de ses réalisations, pour lors à l’état d’ébauches.
Une brusque rumeur souffle soudain de la rampe d’accès, se répandant comme une houle sur l’Acropole et amenant un silence minéral. Les dos se relèvent, les têtes se tournent, puis des chuchotements soulignent l’arrivée d’un homme sur lequel convergent tous les regards.
– C’est Périclès ! Le stratège ! Le maître d’Athènes !
– Périclès ? s’étonne un jeune homme à la musculature impressionnante. Qu’est-ce qu’il vient faire ici ?
– Certainement pas te voir, mon pauvre Jason, se moque un vieil homme qui s’use au labeur pour payer ses dettes. C’est Phidias qui intéresse Périclès, même si toi tu es capable de soulever un sac de lourdes pierres à la seule force de tes bras.
– Sans nous, la colline sainte ressemblerait encore à un champ de bataille, repartit Jason avec un mouvement d’épaules.

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