Mise en images de “La création du monde” racontée par Claudie Obin.
Claudie-Obin-Les-Titans from Robert Delord on Vimeo.
Correspond au thème “Récits de création et création poétique” des nouveaux programmes de français pour la classe de 6ème.
Claudie Obin : Récit de la création du monde – Les Titans (transcription)
Les Grecs racontaient, il y a trois mille ou quatre mille ans, qu’au commencement des commencements, il n’y avait rien d’autre que Chaos, le désordre, le néant, l’abîme. Et puis, de Chaos ont émergé des divinités primordiales. Tout d’abord, la Nuit, les ténèbres plus noires que noires. Le jour n’existait pas. Et puis, Eros, l’attirance, le Tartare qui ira au fond du tréfond des enfers beaucoup plus tard. Et enfin, de Chaos a émergé Gaïa, la terre. Les Grecs l’appelaient notre Grand-mère.
Et puis, le temps a passé, même si le temps n’existait pas. Et Gaïa, toute seule, parce qu’elle l’était, a donné naissance à la mer que les Grecs appelaient Pontos et qui donnera naissance à tous les monstres mais aussi au ciel. Les Grecs appelaient le ciel Ouranos. Ouranos, le ciel, était le fils de Gaïa. Et le temps a passé, même si le temps n’existait pas. Et le ciel a couvert sa propre mère d’une pluie fertile. Sur la terre, il a plu et c’est ainsi qu’il y eut naissance, de nombreuses naissances.
Les premières furent extravagantes, par la forme et par le nombre : trois Hécatonchires. Ils avaient chacun cinquante têtes et cinquante paires de bras. C’est peut-être à cause de leur forme que le père, Ouranos eut peur. Parce qu’il eut peur ! Il eut peur qu’un de ses fils, un jour, prenne sa place. Alors, il a préféré, dès leur naissance, les réenfouir dans la terre. Chaque Hécatonchire, Ouranos l’a remis dans la terre, en quelque sorte dans les flancs de la mère. Ainsi rassuré, il pouvait continuer de faire enfants. Il a continué de s’unir avec la terre et il y eut encore trois enfants, des n’a qu’un œil, des cyclopes. Eh bien, Ouranos, dès leur naissance, les a remis dans la terre.
Et puis le ciel a continué de couvrir sa propre mère et il y eut encore de nombreuses naissances. Six ou sept Titanides, disaient les Grecs. A la naissance de chacune d’elles, le père remettait l’enfant dans la terre. Et puis, il y eut autant de Titans. A la naissance de chaque petit Titan – enfin, petit, ils étaient grands – Ouranos a remis l’enfant dans la terre, l’a réenseveli, jusqu’au dernier né. Il s’appelait Cronos. Seulement quand il est né, Cronos, sa mère a dit « maintenant, ça suffit ! Cette enfant prendra la place de son père ». Mais elle l’a laissé ensevelir et puis elle a attendu patiemment.
Le temps a passé, même si le temps n’existait pas. Tout était dans les ténèbres. Mais quand Gaïa, la terre, a su que son fils Cronos était assez fort, elle a fabriqué l’acier, oui, l’acier. Et puis elle en a fait une serpe qu’elle a bien aiguisée. Puis elle est allée chercher Chronos dans la terre. Elle lui a tendu la serpe d’acier et elle lui a donné ordre, pour prendre la place de son père, d’émasculer Ouranos : lui couper sexe et testicules. Terrible blessure qui a chassé le père. Ouranos s’est éloigné de la terre.
De cette terrible blessure ont jailli trois gouttes de sang qui se sont mêlées à l’eau de mer et qui ont donné naissance, disaient les Grecs, aux géants et puis à quelques nymphes, celles des frènes, des charmes et des chênes. De cette terrible blessure ont jailli trois gouttes de lait de vie qui se sont mêlées à l’eau de mer et qui ont donné naissance à celle qui va devenir la plus belle des plus belles, déesse de la beauté et de l’amour, Aphrodite. La belle Aphrodite, la charmante, est née de la blessure de son père et de l’eau de la mer, dans un coquillage nacré. Vénus.
Alors voilà, Ouranos, le père, est chassé. Cronos, le fils, peut prendre sa place. Tout est encore dans les ténèbres et la première chose que fit Cronos fut de créer la lumière, le jour. Et comme le jour a succédé à la nuit et puis la nuit au jour et puis le jour à la nuit et ainsi de suite jusqu’au jour d’aujourd’hui. Eh bien, de ce moment-là, le temps existait. Le temps était fixé.
Transcription : R. Delord
Le texte de la transcription au format pdf : Claudie Obin – La création du monde – 1. Les Titans (transcription)