(collège) L’arrêté du 25 janvier 2018 donne de nombreuses indications pour la “mise en œuvre de l’enseignement facultatif de langues et cultures de l’Antiquité : possibilité d’aller jusqu’à 7h de latin sur le cycle 4, à répartir selon le projet d’établissement, règles pour l’ouverture des groupes…
Mise en œuvre de l’enseignement facultatif de langues et cultures de l’Antiquité
NOR : MENE1802241C
circulaire n° 2018-012 du 24-1-2018
MEN – DGESCO MAF 1 – DGESCO A1-2
Texte adressé aux rectrices et recteurs d’académie ; aux inspectrices et inspecteurs d’académie-directrices et directeurs académiques des services de l’éducation nationale ; aux inspectrices et inspecteurs d’académie-inspectrices et inspecteurs pédagogiques régionaux ; au directeur du centre national d’enseignement à distance ; au directeur de l’agence pour l’enseignement français à l’étranger ; au directeur général de la mission laïque française ; aux chefs d’établissements publics et privés sous contrat ; aux professeurs des établissements publics et privés sous contrat
À l’heure où assurer aux élèves français une meilleure acquisition de la langue devient un enjeu majeur et prioritaire au regard de leurs résultats aux évaluations internationales, l’enseignement facultatif de langues et cultures de l’Antiquité (LCA) peut apporter un soutien précieux à cette maîtrise des savoirs fondamentaux de la langue française. Par ailleurs, l’appréhension d’une culture générale humaniste participe de l’émancipation des élèves, notamment de ceux dont les acquis culturels sont les plus fragiles.
La présente circulaire a pour objet de rappeler l’importance des langues et cultures de l’Antiquité en collège et en lycée et d’en préciser les conditions d’enseignement, conformément aux dispositions du code de l’éducation et de la réglementation en vigueur.
1. Les modifications récentes des dispositions réglementaires
Au collège :
L’arrêté du 19 mai 2015 modifié relatif à l’organisation des enseignements dans les classes de collège établit les dispositions suivantes :
– un enseignement facultatif de langues et cultures de l’Antiquité est créé indépendamment de tout lien avec les enseignements pratiques interdisciplinaires ;
– les quotités horaires de cet enseignement s’inscrivent dans la limite d’une heure hebdomadaire en classe de cinquième et de trois heures hebdomadaires pour les classes de quatrième et de troisième ;
– ces horaires sont prélevés dans la dotation horaire supplémentaire de trois heures par semaine et par division attribuée à l’établissement ; le cas échéant, une dotation horaire spécifique peut être attribuée à cette fin ;
– un enseignement pratique interdisciplinaire (EPI) LCA peut être proposé sur tous les niveaux de classe du collège ; un EPI LCA peut donc être proposé à tous les élèves de classe de sixième et, comme précédemment, aux autres élèves du collège.
Au lycée général et technologique, les textes entrés en vigueur en 2010 et 2015 n’ont pas été modifiés.
2. Choix de l’enseignement facultatif de LCA
L’enseignement facultatif de LCA tire sa richesse de l’étude de la langue et de la culture antiques, ainsi que de la confrontation des langues ; il est fondamentalement interdisciplinaire et peut ainsi développer les connaissances et la culture de tous les élèves et les amener à construire des compétences diverses. Aussi doit-il être résolument ouvert à tous.
2.1 Information des élèves
Les élèves doivent pouvoir choisir l’enseignement facultatif de LCA en ayant été pleinement informés avant l’année où ils débutent l’étude du latin et/ou du grec : on favorise donc toute démarche de ce type conduite avant les conseils de classes du troisième trimestre de classe de sixième et la période d’inscription en classe de cinquième (pour le latin) ou les conseils de classes du troisième trimestre de quatrième (pour le grec). En amont, un document sera diffusé auprès des familles ; il mentionne explicitement la possibilité de choix de l’enseignement facultatif de LCA par tous les élèves, sans considération de leur niveau scolaire dans les autres disciplines.
2.2 Un enseignement accessible à tous
Au titre de l’enrichissement qu’apportent les LCA à toute étude des langues, notamment celle de la langue française, l’accès à cet enseignement ne saurait être refusé à des élèves volontaires en tirant argument de leurs résultats scolaires, de leur comportement ou d’éventuelles difficultés entravant leurs apprentissages, quelles qu’elles soient. Aucune procédure de sélection ou de tirage au sort ne saurait être envisagée : les LCA doivent pouvoir bénéficier à tous les élèves intéressés.
L’emploi du temps des élèves doit permettre le plein déploiement de l’enseignement facultatif :
– au collège, on veille à offrir la possibilité de choisir l’enseignement facultatif LCA aux élèves qui sont en classe bilangue ou qui suivent un enseignement facultatif de langues et cultures européennes ; on ménage également la possibilité d’étudier le latin et le grec à quelque niveau que ce soit ;
– au lycée général et technologique, on rend possible la poursuite conjointe de l’étude d’une LV3 et d’un enseignement facultatif en LCA ainsi que de la participation à une section européenne et à un enseignement facultatif en LCA.
L’enseignement facultatif de LCA ne doit pas, dans la mesure du possible, être positionné systématiquement en début ou fin de journée, ni pendant la pause méridienne : son attractivité pourrait être remise en cause alors même que des efforts sont accomplis pour son développement.
Avant toute décision de restreindre l’offre en matière de LCA, les établissements saisiront l’inspecteur d’académie-inspecteur pédagogique régional de Lettres en charge de l’enseignement des LCA.
L’enseignement de LCA peut intéresser un grand nombre d’élèves : afin que ces derniers soient accueillis dans les meilleures conditions, le seuil de déclenchement pour la création d’un nouveau groupe d’élèves du même niveau est fixé à 30 élèves. Par exemple, un effectif de 34 élèves en classe de cinquième conduit à la constitution de deux groupes de 17 élèves ou de toute autre répartition contrainte par l’organisation des classes.
Les élèves intéressés par l’enseignement facultatif de LCA et leur famille prennent l’engagement de suivre cet enseignement sur toute la durée du cycle à partir de leur intégration (celle-ci pouvant intervenir à tout moment du cycle).
3. Horaires de l’enseignement facultatif de LCA
3.1 Rappel des horaires réglementaires
Au collège, les langues et cultures de l’Antiquité sont enseignées au cycle 4, dans la limite d’une heure hebdomadaire en classe de cinquième et de trois heures hebdomadaires pour les classes de quatrième et de troisième (article 7 de l’arrêté du 19 mai 2015 modifié).
Au lycée, pour les classes de seconde générale et technologique, l’enseignement facultatif de latin ou de grec est de 3 heures. Pour le cycle terminal (classes de première et terminale), l’horaire de l’enseignement de LCA est également de 3 heures.
Ces horaires constituent un cadre national destiné à garantir les apprentissages des élèves.
Les textes réglementaires ne fixent aucun nombre minimal d’élèves pour ouvrir l’option de l’enseignement de LCA. Des regroupements de deux niveaux peuvent être effectués, notamment en cas d’effectifs très réduits. La constitution de groupes de trois niveaux ne saurait être qu’exceptionnelle car, les programmes d’enseignement étant distincts, la définition de dénominateurs communs qui permettraient de coordonner les apprentissages deviendrait délicate.
La décision de regrouper des niveaux différents ne saurait s’accompagner d’une réduction de la quotité horaire.
Dans le cas des Rep et Rep+, où l’enseignement des LCA a toute sa place et voit son utilité reconnue, des dispositions particulières peuvent justifier la constitution de groupes réduits.
3.2 Aménagements et articulations
Au collège, il est possible, par une interprétation extensive de l’article 9 de l’arrêté du 19 mai 2015 modifié, de moduler les horaires d’enseignement du latin (soit 7 heures) sur l’ensemble du cycle, afin de les adapter aux projets des professeurs (par exemple, 2 heures en classe de cinquième, 3 heures en classe de quatrième, 2 heures en classe de troisième) ; cette initiative doit être conduite en concertation avec le chef d’établissement et le conseil pédagogique. On peut procéder de même pour ce qui concerne l’enseignement du grec, en proposant, par exemple, un enseignement anticipé en classe de quatrième.
Au collège, les LCA, intrinsèquement interdisciplinaires, peuvent favoriser une articulation efficace entre EPI et enseignement facultatif de LCA : autant que possible, il convient de faire de l’EPI une première possibilité offerte à tous les élèves d’aborder les langues et les cultures antiques et ainsi de choisir en connaissance de cause de suivre un enseignement facultatif.
L’assouplissement des modalités d’enseignement au collège (arrêté du 19 mai 2015 modifié) permet aux établissements de proposer un EPI LCA en classe de sixième. Certains établissements ont aussi expérimenté avec succès l’articulation d’un EPI proposé en classe de cinquième et la mise en œuvre de l’enseignement facultatif : tous les élèves du niveau ont ainsi pu découvrir par l’EPI le latin et/ou le grec ainsi que les démarches pédagogiques pratiquées au cœur des LCA (notamment la dynamique de projet). Cette initiative est particulièrement efficace pour lever l’autocensure de certains élèves qui estiment, à tort, que les LCA « ne sont pas pour eux ».
Au lycée également, il s’agit d’encourager l’ouverture de cet enseignement facultatif à tous les élèves qui manifesteraient leur intérêt : ainsi il est possible d’accueillir des grands débutants en latin ou en grec au sein d’une option LCA ou d’en créer une pour ce public.
4. Prise en charge et gestion de l’enseignement facultatif de LCA
4.1 Prise en charge par l’enseignant
Conformément aux textes en vigueur, le chef d’établissement confie les heures d’enseignement de LCA aux enseignants de lettres classiques qui ont tous reçu la formation nécessaire pour dispenser l’enseignement du français, du latin et du grec.
Si l’établissement ne dispose pas d’enseignant de lettres classiques, ces heures peuvent être confiées à un enseignant de lettres modernes, dans la mesure où il a suivi une formation dûment validée dans la/les langue(s) ancienne(s) qu’il doit enseigner et où cette prise en charge a reçu l’accord de l’inspecteur d’académie-inspecteur pédagogique régional de lettres en charge de l’enseignement de LCA.
Une certification complémentaire en LCA sera proposée en 2018-2019 aux professeurs de lettres modernes, d’histoire-géographie, de langues vivantes et de philosophie intéressés par la prise en charge de cet enseignement. À l’avenir, seuls les professeurs d’une autre discipline que les lettres classiques ayant été admis à cette certification complémentaire pourront assurer les enseignements de latin et/ou de grec.
4.2 Ressources et formation
Tous les enseignants chargés de cet enseignement de LCA, quelle que soit leur formation initiale, peuvent consulter les ressources mises à leur disposition sur les pages Éduscol dédiées aux langues et cultures de l’Antiquité et accessibles à l’adresse http://eduscol.education.fr. Ces ressources illustrent en particulier les démarches pédagogiques innovantes les plus intéressantes pour ce qui concerne l’enseignement des LCA et les orientations les plus récentes pour renforcer la conscience linguistique des élèves (fiches « Lexique et culture »).
Par ailleurs, les enseignants chargés de l’enseignement du latin ou du grec sont attentifs aux actions de formation des plans académiques dédiées à ces enseignements ou aux ressources numériques qui leur sont destinées. Les personnels d’encadrement (inspecteurs pédagogiques régionaux, chefs d’établissement, etc.) veillent à les conseiller et les encourager dans cette démarche de développement de leur formation spécifique.
4.3 Crédits pédagogiques, sorties et voyages d’étude
Comme les autres enseignements, les LCA doivent disposer, pour l’achat de matériel pédagogique, d’un crédit pédagogique distinct de celui de la discipline « français ».
Les sorties et voyages pédagogiques organisés dans le cadre de l’enseignement facultatif de LCA constituent une ouverture culturelle bénéfique, aussi doivent-ils être considérés au même titre que les voyages linguistiques et encouragés par les directions des établissements.
Pour le ministre de l’éducation nationale et par délégation
Le directeur général de l’enseignement scolaire
Jean-Marc Huart